"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

dimanche 4 avril 2010

Coup de chaleur chez les climatologues

Dans le courant de cette semaine, 400 chercheurs, c'est-à-dire pas un ou deux isolés qui auraient souhaité faire parler d'eux, se sont adressé à leur ministre de tutelle, V. Pécresse, pour se plaindre et pour qu'elle tranche. Pas pour se plaindre de leur salaire ou de leurs conditions de travail, mais pour se plaindre que d'autres scientifiques les contredisent dans leurs affirmations. Et pour lui demander de trancher, bref de désavouer ceux qui les contredisent. En l'occurrence il s'agit là de climatologues fâchés des propos essentiellement de Claude Allègre et de Vincent Courtillot qui mettent en doute un réchauffement climatique et d'origine humaine.

Je ne suis pas scientifique, mais j'ai tout de même lu dans ma jeunesse des bouquins de Popper, Kuhn ou Feyerabend dont les travaux font référence en épistémologie des sciences. J'ai appris à leur lecture que la science finalement progressait d'erreurs en erreurs et de réfutations en réfutations, que les hypothèses pour pouvoir être qualifiées de scientifiques devaient pouvoir être réfutées, donc testées à l'aune d'expériences ou d'observations empiriques. D'ailleurs, ça me rappelle mon sujet de philo au bac (série C, 1976) : "La science peut-elle être exacte". je n'avais pas encore lu les auteurs précédemment cités. Néanmoins je m'en été tité avec un 14 et si je me souviens bien j'avais dit en gros que ce qui paraissait vrai aujourd'hui d'un point de vue scientifique pouvait s'avérer faux ou incomplet plus tard ; ainsi Newton, percuté par une pomme, n'était que la marche précédent Einstein.

Et puis comme j'aime beaucoup l'histoire, j'ai constaté que quand la science était affiliée à une église ou un gouvernement, elle ne progressait plus et devenait un soutien idéologique de cette église ou de ce gouvernement, n'hésitant pas, en son nom, à découper, brûler, ou faire se rétracter ceux qui étaient parvenus par le calcul, l'expérience et l'observation à réfuter les modèles explicatifs anciens.
Or, ce que nous proposent ces chercheurs pleurnichards, c'est finalement de retourner à ces errements. Ils veulent se placer sous l'aile du politique qui dira ce qui est vrai ou nom en matière de science. Allègre et Courtillot désavoués publiquement par leur ministre de tutelle, tel est leur souhait.. Et pourquoi pas privés de leurs bureaux , de leurs laboratoires et de leurs équipes de chercheurs, tant qu'on y est, puisqu'on ne pourra pas décemment les brûler sur la place de la Concorde.

Et bien non, mesdames et messieurs les scientifiques, la science ne se fait pas au cabinet du ministre de la recherche. Elle se fait dans vos labos ou sur le terrain. Vos résultats ne sont qu'hypothèses, et doivent être confrontées aux hypothèses qui les contredisent, et c'est de cette confrontation que pourra éventuellement émerger la vérité. Et seriez-vous 99,99 %, ce qui n'est pas en l'occurrence le cas et loin de là, à avoir une explication commune, celle-ci ne pourrait prétendre au statut de vérité que si vous parveniez à réfuter les hypothèses des 0,01% de chercheurs qui ont une explication différente de la réalité. Galilée et Giordano Bruno étaient bien plus isolés que Allègre et Courtillot, pourtant c'est eux qui avaient raison.

Évidemment, en climatologie, en adoptant cette démarche qui est pourtant la seule valable, le débat va durer longtemps. Cette science est tellement jeune et s'appuie sur des données chiffrées tellement récentes que la confrontation des hypothèses risque ne ne rien amener de très solide avant longtemps. Et je comprends l'amertume de ces chercheurs qui ne pourront rien prouver de tangible de leur vivant certainement et dont les noms ne passeront pas à la postérité. 
Quoique ! Puisque Al Gore et le Giec ont eu le prix Nobel (mais de la paix), l'un à partir d'un film tellement truffé d'erreurs qu'on peut sans excès le taxer de film idéologique, l'autre à partir de conclusions discutables et de plus en plus discutées, l'espoir n'est peut-être pas mort d'accéder à cette notoriété. Les scientifiques voudraient-ils aussi être des pipeules ?

3 commentaires:

  1. yves Coppens, notre mémoire livresque en paléonthologie doit se marrer
    En tout cas Allègre jubile
    un peu de vent frais que ces valeureux dégourdis dans les jupes à môman
    Et Jouaneau qui vilipende Allègre...jeunette va

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  2. Du temps où il tenait chronique dans l'Express Allègre m'a répondu un jour un ineptie avec en plus une attaque "ad laborum" si je puis dire (une vanne sur les dentistes)quand je lui opposais ma surprise qu'il suggère la tolérance des "petits trafics" qui avaient lieu dans les cités commemùoyen de subsistance des familles (sosu-entendu :d'immigrés). de ce jour je l'ai pris dans le nez. Avec le temps je me dis que cet homme de grande notoriété ne peut m'avoir traité de la sorte, moi et mon objection : ce sera sans doute un "délégué" de la fac de Jussieu qui aura répondu à sa place...ce n'est pas possible autrement. Bobonne qui vénérait ce scientifique rondouillard et carré à la fois et qui m'avait demandé de lui écrire après avoir lu sa proposition bizarre sur la tolérance, avait été sidérée.

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  3. J'ai du mal à me faire un jugement sur le bonhomme. C'est sans doute un très bon scientifique, mais son action politique est discutable. Conseiller de Jospin quand celui-ci était ministre de l'éducation, il a participé à tout les plans qui ont plombé l'école. Il s'est aussi opposé à l'interdiction du voile islamique à l'école. D'un autre côté quand il a été ministre de l'éducation il n'a pas hésité à rentrer dans le lard des profs et des syndicats qui ont eu sa peau. Pour moi, c'est un peu Janus.
    En tout cas, on peut lui reconnaitre un certain courage et le fait qu'il ne va pas à la soupe.

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