"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mercredi 30 novembre 2011

Bigeard aux Invalides, l'anti-France en embuscade



Depuis plusieurs années maintenant les acteurs de l'anti-France peuvent se manifester ouvertement et nous inonder de leurs saloperies. Et pour eux chaque occasion est bonne. Une de leurs cibles préférées est bien évidemment l'armée composée de brutes assoiffées de sang, de tortionnaires, et qui font ou ont fait le malheur de pauvres gens bien sympathiques. Ainsi dernièrement a-t-on pu voir ces bien pensants se réjouir de la sortie du film sur Ouvéa dans lequel, bien évidemment, des salauds de militaires, plutôt que de faire risette à des preneurs d'otages et assassins de gendarmes, mais pour rire bien sûr, ont préféré utiliser la manière forte et en tuer quelques-uns sans les avoir au préalable un peu malmenés. Cette version est évidemment la bonne et quiconque oserait la mettre en doute, même en apportant les preuves, est d'emblée considéré comme un salaud complice, et même peut-être acteur, de cette conduite déshonorante de l'armée française.
Toujours à l'affut, ces individus dont le seul but semble être de salir leur pays, sautent sur toute occasion leur permettant de se manifester. Et donc aujourd'hui, avec cette décision gouvernementale de déposer les restes du général Bigeard dans le tombeau des gouverneurs des Invalides, une nouvelle occasion leur est offerte de se manifester.
 
Tout d'abord quelques rappels.
Le général Bigeard, décédé en juin 2010 et dont vous pouvez retrouver les états de services (non pas de sévices, pauvres pommes!) ici, avait émis avant sa mort le souhait de voir ses cendres répandues sur le champ de bataille de Dien Bien Phu où il combattit vaillamment pour reposer auprès de ses hommes, morts là-bas (le 6ème bataillon de parachutistes coloniaux commandé par Bigeard combattit à Dien Bien Phu du 16 mars, date de son parachutage, au 7 mai 1954). Le gouvernement vietnamien lui a refusé cette faveur, cet honneur, ce qui ne me choque pas outre mesure. Je ne sais pas si une demande analogue du général Falkenhayn qui dirigeait les opérations à Verdun du côté allemand aurait été accueillie dans l'allégresse. Et puis il y a ces vœux que seuls peuvent comprendre les militaires et qui resteront toujours étrangers aux politiques. Donc devant le refus vietnamien, le gouvernement français, comme c'est encore son droit, a décidé d'honorer une dernière fois le vieux soldat que fut Bigeard en l'inhumant dans le tombeau des gouverneurs des Invalides. Je reviendrai sur ce lieu. Cette décision est juste. Car si on a honoré les maréchaux Leclerc et Juin de la même façon, on a souvent oublié cette génération de soldats entrée en guerre en 1939 ou peu après, et ayant dit "non" aux nazis, et qui n'a déposé les armes qu'en 1962. Cette génération qui a servi la France et ses gouvernements successifs, et non pas une idéologie comme ceux qui aujourd'hui dénoncent l'honneur fait à Bigeard. Ces hommes se sont battus contre l'occupant allemand. Ils ont combattu en Indochine dans l'indifférence générale ou dans l'hostilité de ceux qui recevaient leurs ordres de Moscou et qui n'hésitaient pas quand ils le pouvaient à saboter leurs armes et munitions fabriquées en métropole. Beaucoup sont morts dans les camps, parfois de la main d'autres Français. Ils ont gagné la guerre en Algérie, mais se sont vu priver de leur victoire par les politiques qui les avaient envoyés là-bas. Et de leur dévouement, de leur courage, de leur abnégation, de leurs sacrifices, de leurs souffrances, de leurs morts, que reste-t-il? Bien peu de choses. On les a sacrifiés, on les a abandonnés, on les a cachés, parce qu'ils faisaient honte, ils faisaient honte à cause de leur grandeur, à tous ceux qui avaient profité, mais sans être capables d'en tirer les avantages, d'hommes exceptionnels qui avaient su faire passer leur devoir avant toute chose. Bigeard n'est que le représentant de tous ces hommes. Sa gloire personnelle, son héroïsme, attesté par de Gaulle dans ses mémoires qui pourtant était passablement avare de tels compliments, en font effectivement un représentant exemplaire.
 
Le choix d'inhumer la dépouille dans la crypte des gouverneurs des Invalides est donc tout à fait logique. Napoléon avait souhaité faire de ce lieu, déjà consacré par son hospice et son hôpital depuis Louis XIV aux soldats meurtris dans leurs chairs au service de la France, le panthéon des gloires militaires. Aussi trouve-t-on inhumés aux Invalides de nombreux militaires, essentiellement des généraux et des maréchaux, dont les faits d'armes reconnus par les gouvernements de l'époque ont conduit à cet honneur. Le dôme des Invalides ouvert au public permet de voir les lieux de sépulture de quelques-uns de ces militaires. La crypte des gouverneurs, fermée au public, permet d'en abriter des dizaines. Dans ces lieux donc, du maréchal de Turenne au maréchal Juin (la liste est trop longue pour que je puisse la citer ici, mais vous pouvez la trouver ), il existe actuellement une continuité historique qui témoigne de la gloire militaire de la France. Bigeard y a donc toute sa place.
 
Et voilà qu'une poignée de jean-foutres, du style de Mamère viendraient à contester qu'on rende enfin l'honneur qu'ils méritent à ces héros et à un de leurs plus illustres représentants. Voilà que quelques branquignoles, communistes ou écologistes, réfutent la gloire, l'honneur et l'héroïsme de Bigeard, ainsi que celui de ses frères d'armes, pour les transformer en honte nationale. Pourquoi? Parce que Bigeard symbolise à leurs yeux l'armée coloniale, celle qui s'est battue contre leurs amis. Certes ils préfèreraient que soit honorée la mémoire d'un Boudarel, cet universitaire communiste, cette pourriture, qui a préféré faire la guerre d'Indochine dans les rangs du Viet-Minh, et qui parvenu au rang de commissaire politique a pratiqué la torture sur les militaires français prisonniers avec suffisamment de zèle pour que sur 320 prisonniers dans le camp 113 dont il était responsable, 278 puissent trouver la mort. Certes ils préféreraient que soient transportées au panthéon les dépouille de Jeanson et autres porteurs de valises pendant la guerre d'Algérie et responsables par leur conduite indigne de la mort de soldats français. Ces traitres à leur pays ont néanmoins réussi à faire carrière dans ce pays qu'ils ont trahi, alors qu'ils auraient dû être fusillés. Mais bien évidemment pour ces gens qui protestent contre l'honneur rendu à Bigeard, ce sont eux qu'on devrait célébrer. Hommes de déshonneur!
 
Le général Bigeard rejoindra bientôt les Invalides pour y reposer. Cet honneur lui était dû.

lundi 28 novembre 2011

Hollande encore une fois dans les choux


Il ne se passe guère de jour sans qu'on découvre un candidat socialiste dépassé par les événements, incapable d'imposer ses vues dont on ignore d'ailleurs quasiment tout, piétiné par le PS pourtant en ordre de marche derrière lui mais qui lui a concocté un accord avec les verts fleurant bon l'anti-France dont le versant électoral voit virer seulement les députés sortants qui ont été son soutien pendant les primaires. Et le benêt, incapable de s'imposer pendant les négociations auxquelles participent ses lieutenants qu'on aurait plutôt envie de qualifier de comiques-troupiers, sous la pression médiatique, sous les critiques, voire les quolibets non pas seulement de la droite, ce qui serait logique, mais aussi d'une partie de la gauche, se voit contraint de réfuter des pans entiers de ce fameux accord.
 
J'ai déjà parlé du nucléaire. Inutile de revenir sur la farce du mox au sein de laquelle l'intervention personnelle de Hollande s'est traduite par un coup de blanco sur le passage litigieux qui allait relancer la polémique pour deux jours encore, avec finalement une réécriture du texte suffisamment vague et que ne pouvaient qu'accepter nos gauchistes planqués derrière l'écologie du fait du cadeau électoral qu'on leur faisait. On peut néanmoins revenir sur ce qui est inscrit dans l'accord, à savoir un passage de 75% à 50% de l'origine nucléaire de la production d'électricité en France à l'horizon 2025, soit demain. Pour ceux qui seraient fâchés avec les maths, ça veut dire une diminution de un tiers de la capacité nucléaire civile. Je ne veux pas revenir sur les polémiques concernant l'emploi, laissant à Lauvergeon, revenue au militantisme socialiste après avoir été virée d'Areva, et à Proglio, actuel patron d'EDF, le soin de se chamailler par médias interposés. Néanmoins on sait que cela va coûter quelques centaines de milliers d'emplois, même chez Lauvergeon, malgré les dénégations des verts qui envisagent peut-être d'embaucher des équipes de pédaleurs chargés d'œuvrer dans les colonnes des éoliennes quand le vent viendrait à manquer. Mais au-delà de ces chiffres sur l'emploi, aussi important soient-ils, il n'en demeure pas moins que le projet commun des socialistes est des verts est d'affaiblir significativement l'indépendance énergétique de la France, ce qu'aucun gouvernement auparavant, fut-il de gauche, n'avait jamais envisagé.
Hollande est lié par cet accord et malgré les propos de Sapin parlant de seulement deux é=réacteurs pendant la prochaine législature, il est implicitement d'accord avec cet affaiblissement de notre pays.
 
Second point qui apparait un peu plus tardivement tant les attentions s'étaient focalisées sur le nucléaire, c'est le droit de veto de la France à l'ONU qui est menacé par cet accord.
Le texte dit : "la France fera des propositions précises pour réformer et démocratiser l'ONU afin qu'elle structure un ordre juridique et normatif global : siège européen, suppression du droit de veto, meilleure représentativité des pays du Sud au sein du Conseil de sécurité, renforcement du rôle des ONG".
Quand on regarde attentivement ce texte, ce n'est pas finalement la suppression du droit de veto qui choque. Car j'imagine mal la France imposer aux quatre autres membres permanents la perte de leur droit de veto. Ou plutôt j'imagine bien Flatnuts, avec le sourire niais dont il a le secret, se rendre au Kremlin et déclarer à Poutine : "mon cher Vladimir Vladimirovitch, les temps ont changé depuis la fin de la guerre. Il nous faut maintenant en arriver à une vraie démocratie mondiale dont l'ONU sera le fer de lance et où le poids de ces pouilleux de Géorgiens que vous aimez tant vaudra celui de votre pays". Tout cela évidemment suivi d'une expulsion des lieux à coup de balai à chiottes aux bons soins de la babouchka chargée de l'entretien des toilettes. Donc ça c'est de la connerie pure et simple, un fantasme ou une hallucination collective de personnes ayant fêté par anticipation la dépénalisation du cannabis. Reste que certains de ces cocos-là seraient sans doute prêts à abandonner le droit de veto de la France de manière unilatérale, tant est grand leur désir de diminuer leur pays.
Ce qui est bien sûr plus grave, c'est ce siège européen qui remplacerait sans doute le français et le britannique. Enfin là faut pas rêver non plus. Donc un siège européen plus le siège britannique. Ça voudrait dire que le France cesserait d'exister en tant qu'entité diplomatique. Bravo la coalition vert-rose! C'est d'autant plus absurde (non, pas absurde, con, il faut employer les mots qui vont bien), que faute de politique étrangère commune, on se demande à quoi servirait ce siège, comme à quoi sert celui créé et où on a posé lady Ashton. En gros, on refait le coup de l'euro sans politiques budgétaire et économique commune, cette fois-ci avec la diplomatie internationale. Quels visionnaires ces gens!
La meilleure représentativité des pays du Sud et des ONG au sein du conseil de sécurité permettrait certainement aussi aux verts, ambassadeurs reconnus du hamas en France, de se débarrasser enfin du problème israélo-palestinien en aisant à la suppression d'une des deux entités. Vous aurez compris laquelle.
Et c'est donc ça qu'ont signé les socialistes! Une alliance objective avec les forces de l'anti-France!
 
Alors évidemment, alors qu'on insiste, à tort je pense, sur le droit de veto, voilà que réagit, car il ne sait faire que cela l'imbécile, réagir et non être acteur, notre patapouf amaigri pour dire qu'il ne remettra pas en cause le droit de veto de la France. Mais est-ce qu'ils lisent ce qu'ils signent les socialistes, ou alors est-ce que le candidat ignore ce qui se passe au niveau du parti censé le soutenir? S'il n'a aucune prise sur celui-ci, comment pourrait-il en avoir sur la France et comment pourrait-il exister sur le plan international?
Je commence à penser sérieusement que les socialistes ont envie de perdre les élections nationales de 2012. Et à la limite je les comprends. Une situation aussi pourrie, qui en voudrait? Aussi, puisque décemment ils ne pouvaient pas se désister, ils ont décidé de présenter leur bourrin le plus mauvais en espérant que sa nullité l'empêcherait d'être élu. Encore un petit effort et ça va marcher.

vendredi 25 novembre 2011

Y a t-il un avenir pour le vieux mâle blanc au PS?



Depuis quelques temps j'ai, ou j'avais, le projet, que je diffère, de rédiger un billet sur les poisons de l'égalité. Pas sur ce qui empoisonne l'égalité, mais sur les perversions induites par ce fou désir égalitaire qui s'empare d'une partie de nos populations occidentales. Pour préciser ma pensée, autant donner un exemple : au nom de l'égalité, on ne cesse d'abroger ce qui fondait une hiérarchie scolaire basée sur les capacités et les mérites des élèves. Et donc au nom de cette égalité de pacotille, ou de cette illusion d'égalité, on a renforcé des inégalités entre les enfants issus des classes les plus culturellement et financièrement favorisées et ceux issues des classes ne bénéficiant pas de l'un et/ou l'autre capital. Et c'est ainsi qu'on rencontre moins, beaucoup moins, d'enfants d'ouvriers ou d'employés dans les grandes écoles que dans les années 70. Qu'à cela ne tienne, les égalitaristes modifieront encore les critères pour que soit prise en compte l'origine sociale ou ethnique des parents, en lieu et place des compétences jusqu'à détruire ce qui reste le dernier bastion de l'excellence scolaire dans notre pays. "Après avoir tué l'université, tuons les grandes écoles", semble être leur dernier mot d'ordre. L'objectif final étant sans doute de ne pas voir une seule tête dépasser. Car c'est aussi ainsi que peut être considérée l'égalité, après tout. Sauf que ça é déjà été tenté avec le bonheur que l'on connait avec l'aventure communiste qui est même parvenue à pousser le concept suffisamment loin, sous Staline, mais d'autres aussi, pour que les innocents aient autant de chance que les coupables de goûter aux rigueurs du système répressif en place.
 
Evidemment, on va penser que j'exagère. Que les Khmers rouges ne feront pas assez de petits chez nous pour qu'une telle menace puisse nous effrayer. Et pourtant! Pourtant la simple observation de ce qui se passe au quotidien, des règles inscrites dans la loi, ou pas, mais peu importe, mais qu'il convient de désormais respecter sous peine d'être considéré comme un homme du passé, selon l'expression consacrée par les bolcheviques, donne parfois quelques frissons.
Certains événements récents qui se sont produit au sein du parti socialiste, qui ont d'ailleurs donné lieu et donnent encore lieu au sein du parti à des affrontements, me semblent être une bonne illustration des dangers qui nous guettent du fait de fausses bonnes intentions. Voilà donc l'exposé de deux fausses bonnes raisons qui mènent à des décisions ou propositions aberrantes.
 
Nous avons eu tout d'abord ce parachutage de Ségolène Royal dans une circonscription de sa région. Elle avait effectivement abandonné la sienne à la suite de sa victoire défaite de 2007 pour officiellement se consacrer à sa région et mettre en pratique le non-cumul des mandats qui faisait partie de son programme. A mon avis, c'est davantage un égo surdimensionné qui l'a empêché de retrouver les bancs de l'Assemblée. Après sa cuisante défaite aux primaires démocratiques de gauche, et tout et tout, elle a sans doute compris qu'on ne bâtit que difficilement un avenir national hors des instances du même non. Elle exprima donc une volonté de retour au sein de l'assemblée nationale confortée par la promesse du perchoir. Bien évidemment il eut été gênant qu'elle se positionne sur son ancienne circonscription cédée à un de ses rares soutiens. D'où le parachutage sur une circonscription dont le député sortant ne souhaitait pas se représenter. Avec les remous qu'on connait désormais puisque localement, elle ne semble pas être forcément la bienvenue. A cette occasion j'ai découvert que cette circonscription dans une certaine mesure s'imposait, d'abord parce que c'était quand même dans sa région, et surtout parce que quand un député PS ne se représente pas, il est systématiquement remplacé à la candidature suivante soit par une femme, soit par un membre de la diversité, le sexe quand on est un divers n'ayant apparemment aucune importance. Non pas parce qu'il s'agit d'un divers mais d'un membre d'un groupe social sous-représenté et sans doute opprimé comme le sont les femmes. D'ailleurs quand on parle de divers chez ces gens là, il faut comprendre qu'il s'agit essentiellement de couleur de peau. Car si vous vous appelez van der Flucht ou Kirinovski, les chances qu'on vous réserve une place de candidat socialiste à la députation sont aussi minces que celles de Dupont.
On trouve donc chez les socialistes que le mérite, pour une période transitoire je suppose, se situe, soit entre les jambes, soit dans la pigmentation de la peau. Il faut dire que ceci n'est pas un concept nouveau, car il avait déjà été exprimé par Anne Lauvergeon quand elle dirigeait encore AREVA et qui disait très exactement : "A compétences égales, eh bien désolée, on choisira la femme ou on choisira la personne venant de... Autre chose que le mâle blanc, pour être clair". Au moins avait-elle pris soin de dire "à compétences égales", ce qui ne semble pas être le cas chez les socialistes car l'absence de service trois pièces, ou le teint basané ou plus sombre encore semblent être les premiers éléments à considérer. Vous reconnaitrez qu'il y a de quoi décourager les mâles blancs qui essaient de se faire une place dans la politique et au PS, et surtout les nouvelles vocations, tous ces jeunes mâles issus de l'ENA qui savent désormais que, parce qu'ils sont blancs, leur avenir est compromis pour quelques dizaines d'années au PS.
Je trouve ça complètement absurde, pour ne pas employer un autre mot. Voilà le parfait exemple de la perversion de l'égalitarisme qui rejette les compétences, le mérite, le travail à des plans subalternes pour privilégier le genre, quoique désormais avec la théorie du même nom on ne sache plus très bien qui est un homme et qui est une femme, et la race, même s'il parait que ça n'existe pas. Alors effectivement si le mâle blanc a dominé en France et en Europe pendant des siècles et même davantage, rien, absolument rien désormais, et d'un point de vue légal n'entrave les ambitions politiques des femmes et des divers s'ils remplissent évidemment les conditions de nationalité. Ah mais, me répondrez-vous peut-être, c'est la culture qu'il faut combattre, les vieux réflexes machistes et racistes qui sont un frein persistant à l'idéologie égalitaire malgré les traques organisée par les associations bienpensantes, malgré la culpabilisation orchestrée dès l'école primaire pour que le jeune blanc se sente déjà bien coupable d'exister avant même d'être un homme, malgré les lois sur la parité et celles de repentance, malgré le matraquage médiatique, malgré toutes les conneries qu'on nous impose depuis une trentaine d'années. Et donc pour changer les mentalités, imposons les choses, démocratiquement bien entendu… comme dans les démocraties populaires. Ah, ce maudit peuple, s'il n'existait pas comme nous serions heureux. Toujours obligés de faire son bonheur malgré lui. Reste que ces dispositions, bien réelles, renouent avec ce qu'on croyait éteint depuis la révolution : la substitution du mérite au profit de la naissance. Mais le PS n'est-il pas un parti de progrès?
 
Le second événement qui a retenu mon attention, c'est cette proposition de Montebourg qui, elle aussi, a fait des remous au sein du parti du progrès, de ne plus investir de candidats ayant atteint 67 printemps. Evidemment cette proposition ne fait pas que des heureux parmi les membres d'une assemblée dont l'âge moyen était de 57,5 ans au début de la législature et dont 179 membres avaient plus de 60 ans à cette même époque.
Comme la mesure précédente, cette proposition est absurde. Si elle part du peut-être juste constat que la représentation nationale est peu représentative de la population française et assez éloignée des préoccupations de celle-ci, le problème est posé en de mauvais termes. Ce n'est pas tant l'âge qui est à incriminer que la possibilité de faire se succéder les mandats sans limite. Je n'ai pas encore atteint le vénérable âge de 67 ans, mais j'imagine qu'on est encore capable à cet âge de réfléchir et de travailler au sein de l'assemblée. Et que les qualités demandées à un député ne dépendent pas directement de son âge. En l'occurrence la proposition de Montebourg confond causes et conséquences. Car ce n'est pas parce que certains députés sont âgés qu'ils sont inefficaces, c'est parce que ça fait bien trop longtemps qu'ils siègent et donc sont quelque peu coupés de la vie réelle, enfoncés dans leur confort et leurs certitudes d'élus. Aurait-il proposé d'interdire plus de deux mandats consécutifs, donc avec une mise au vert avant peut-être de se représenter, aurait-il exigé de son parti de ne pas reconduire les députés davantage remarqués pour leur absentéisme et la pauvreté en général de leur travail parlementaire (et il y a des indicateurs fiables pour mesurer tout ça), que je l'aurais applaudi. Mais là, non, monsieur tape sur les vieux parce que le système permet qu'effectivement on puisse se taper quelques mandatures d'affilée. Manière simpliste de voir les choses.
 
Voilà deux exemples qui indiquent assez clairement le mode de pensée et la façon de fonctionner des socialistes. Il faut, pour eux, changer autoritairement la réalité pour éliminer les causes qui produisent cette réalité. Ce n'est pas sans me rappeler certaines choses.
En attendant le mâle blanc va avoir du mal à trouver sa place au PS, sauf à vouloir rester porteur de bidons. Quant au vieux mâle blanc, je n'ose penser quel sort on lui réservera d'ici quelque temps.

mardi 22 novembre 2011

Khmers verts : 15 – Socialistes : -2



C'est un peu le bilan de l'accord tellement remarquable que je ne puis m'empêcher de revenir dessus, passé la semaine dernière entre les verts et les socialistes. Tiens, je viens de me rendre compte qu'inconsciemment dans la phrase précédente je viens de donner la préséance aux verts. Mais après tout c'est normal puisque ce sont eux les vainqueurs de cette fameuse négociation.
 
Eux qui n'avaient rien à amener sur le tapis, si ce n'est peut-être les misérables 3% dont est créditée la candidate aux rudes accents nordiques, l'électorat potentiel des écolos ayant majoritairement, semble-t-il opté pour le vote supposé utile au premier tour, repartent avec la mise. Certes sur un plan programmatique, ils n'ont rien obtenu, mais était-ce là l'enjeu pour eux. Renvoyés dans leurs buts sur le nucléaire et sur la construction du nouvel aéroport de Nantes, ces deux sujets étant considérés comme des points de crispation, voire même comme des obstacles incontournables à l'émergence d'un accord, et ça c'est eux qui le disaient, ils ont néanmoins conclu en votant à une grande majorité dans leurs instances le contenu du texte commun, sans blanco celui-là, que c'était un bon accord.
Tu parles, 15 sièges de députés, donc un groupe parlementaire! Je me place ici bien sûr dans l'optique plus que probable d'une défaite de la gauche aux élections.
 
Car en fait de l'accord il ne faut retenir que ça. Le reste, ce n'est que du vent. Et ce n'est pas moi qui le dit, mais eux, les verts et les socialistes.
Voilà ce que déclarait Cécile Duflot dimanche dernier : "Cet accord parlementaire n'engage pas notre candidate qui fera son projet…C'est une chose d'avoir un accord, une autre un projet" et "préparer l'alternance ne signifie pas avoir le petit doigt sur la couture du pantalon ou de la jupe". Par ailleurs celle qui se fait parachuter sur Paris repousse l'idée d'une participation à un gouvernement qui ne renoncerait pas à l'EPR: "Imaginez-vous un ministre écologiste écouter, en Conseil des ministres, son collègue parler de l'inauguration d'une nouvelle centrale?". Au moins les choses sont claires. Les verts n'apportent rien, ne cèdent sur rien, mais acceptent les postes de députés généreusement offerts par le PS. C'est effectivement un bon accord pour eux.
Du côté socialiste, Michel Sapin, chef des négociateurs de Hollande et chargé de l'élaboration du programme du candidat socialiste relativise la portée de l'accord. Car dit-il, dans une interview sur BFM, durant la prochaine législature, à condition bien évidemment qu'ils remportent les législatives, mais ça il ne le dit pas je crois, il n'y aura que deux réacteurs qui fermeraient sur les vingt-quatre promis d'ici 2025. Comme on sait que la gauche est incapable de remporter deux élections législatives consécutives, on voit tout de suite la portée des promesses faites aux verts. Reste que pour les socialistes ce n'est pas vraiment un bon accord, puisqu'ils n'obtiennent rien et permettent aux verts d'obtenir un poids à l'assemblée nationale qui risque, vu le caractère turbulent de ces "alliés" de leur apporter davantage de déconvenues que de bénéfices. Et on peut donc se demander quel fut l'intérêt pour eux de signer cet accord alors qu'ils étaient en position de force et n'avaient absolument rien à recevoir de a part des écologistes.
 
Cet accord est d'autant plus mauvais que deux des figures essentielles du socialisme, deux barons, comme on les appelle, sont quasiment entrés en dissidence. Delanoë à cause de la candidature de Duflot à Paris, Collomb à cause de celle de Meirieu à Lyon. Cette fronde n'est pas anodine et c'est en des termes pour le moins crus que Collomb commente de fameux accord dans le Parisien. (A lire ici).
Dans son interview il fustige une partie des verts qu'il n'hésite pas à qualifier de Khmers verts et en particulier l'ami Meirieu. Voilà ce qu'il dit à son sujet : "Philippe Meirieu, qui dirige le groupe Verts à la région Rhône-Alpes, vote systématiquement contre tous les grands projets de l'agglomération lyonnaise. Avec ses amis, il a même été jusqu'à demander à lire les scénarios financés par Rhône-Alpes Cinéma - une de nos institutions culturelles - pour vérifier s'ils sont politiquement corrects... Je ne peux pas accepter cette forme de terrorisme intellectuel. Je me suis toujours battu contre les Khmers rouges, je ne plierai pas aujourd'hui devant les Khmers verts." On connaissait le Meirieu, fossoyeur de l'école publique, on découvre désormais le Meirieu, adepte des méthodes de la STASI. Il faut dire que rien n'arrête de tels individus dont la devise semble être : "Nuisible un jour, nuisible toujours"
Mais Collomb va bien plus loin dans son interview et nous dévoile que cet accord électoral est la marque de combats intestins (c'est le cas de le dire) au PS. En effet les circonscriptions offertes aux verts sur un plateau seraient actuellement détenues majoritairement pas des gens ayant soutenu Hollande à la primaire. " Un peu partout en France, les circonscriptions cédées aux écolos sont celles où les sortants, ou les mieux placés pour l'emporter, ont soutenu François Hollande à la primaire." Aubry serait donc à la manœuvre pour affaiblir Hollande ou tout du moins se venger de sa défaite à cette merveilleuse primaire que parait-il, tout le monde leur envie. On a donc compris, et Collomb le suggère très fort, que le PS est en ordre de marche pour perdre les prochaines élections et éventuellement permettre à Aubry d'exister de nouveau. Et l'ex-gros, mais toujours mou, pendant ce temps laisse faire.
D'un autre côté, une défaite ne devrait pas trop déplaire aux barons. D'une part, ils savent très bien qu'une victoire nationale est généralement suivie par des défaites aux élections intermédiaires. D'autre part, une victoire de la droite éloignerait sans doute d'eux le spectre de l'interdiction du cumul des mandats, ce dont ils sont généralement tout de même les heureux bénéficiaires.
 
Enfin tout ça, c'est des bonnes nouvelles!

samedi 19 novembre 2011

Babar fait du pédalo



La première négociation sérieuse, quoiqu'étant donné les protagonistes peut-on croire qu'elle le fut, menée par l'équipe de Hollande assistée des instances solfériniennes, à moins que ce ne soit l'inverse, avec les écolos pastèques s'est transformée rapidement en gag. Bon on peut certes en rigoler, et on ne s'en prive d'ailleurs pas, mais on peut également s'interroger sur la réelle capacité de cette équipe de vainqueurs à diriger le pays dans les turbulences actuelles et qui ne sont pas près de cesser. On peut légitimement se demander, alors que les fois précédentes on courbait juste le dos en attendant que ça passe, mais sans crainte réellement majeure, si l'alternance ne deviendrait pas rapidement synonyme de catastrophe nationale.
 
Essayons de reprendre les choses.
Nous avons en France une gauche assez émiettée et dominée (quantitativement) par un parti socialiste, au passage lui-même émietté en courants parfois contradictoires. Mais au sein de ce parti, sauf quelques tètes brûlées ou personnes de conviction, pourquoi pas, et qui sont parfois allés tenter de promouvoir leurs idées ailleurs, comme Mélenchon par exemple, on a quand même compris que le nombre, sinon l'union, fait la force dans le cadre des élections législatives avec leur mode de scrutin associé qui ramène peu ou prou au sein de ce lieu supposé de décision qu'est l'Assemblée nationale, un paysage politique éclaté vers une représentation bipartiste. C'était la volonté de de Gaulle qui voulait supprimer les magouilles des partis, les petites affaires entre amis de circonstances, les trahisons, les intérêts particuliers, les gamellards pour que le chef de l'Etat, nouvelle mouture, donc véritable chef et non potiche, puisse diriger le pays avec une majorité cohérente. Evidemment quand on y regarde de près, ce n'est pas ce qu'il y a de plus démocratique, mais au moins ça présente une certaine efficacité et évite donc les pratiques malsaines, notamment en vigueur dans la précédente République. Ainsi le parti socialiste est-il devenu le parti de la synthèse et s'est même doté pendant 11 ans d'un premier secrétaire orfèvre en la matière, et qui a pourtant laissé son parti dans un état qui faisait pitié, aux dire de celle qui lui succéda. Etait-ce parce qu'il aime effectivement le consensus, qu'il est suffisamment pacificateur dans l'âme pour vouloir à tout prix concilier les inconciliables, ou plus simplement parce que c'est un homme sans aucun charisme et incapable de s'imposer, et de trancher dans le vif au moment où une décision s'impose? Chacun choisira, mais dans les deux cas de figure, ce n'est pas réellement ce qu'on attend d'un chef, et surtout d'un chef d'Etat. Reste que les socialistes et d'autres, des saboteurs peut-être, on choisi cet homme pour représenter le PS et, par-delà, la gauche, à la future élection présidentielle. Allez comprendre? C'est un peu comme Chirac mal aimé quand il était président et qui devient personnalité préférée des Français quand il n'est plus rien. Peut-être que le père de Moscovici, éminent psychologue social pourra nous expliquer ce curieux phénomène et nous révéler pourquoi le premier secrétaire Hollande n'était pas en position de se présenter à l'élection présidentielle en 2007, tandis que l'ex-secrétaire du même nom est le grand favori pour cette même élection en 2012.
Je reprends avec la gauche. Nous avons donc à côté de ce parti dominant, quantitativement parlant, des partis qui, à condition qu'ils veuillent être représentés à l'Assemblée ou au Sénat, dépendent très largement de lui, compte tenu des modes de scrutin respectifs. Dans cette optique peut-être assisteront-nous d'ailleurs prochainement à une fissuration du front de gauche au sein duquel les communistes, sans doute attachés aux quelques postes leur restant, ne toléreront pas longtemps que Mélenchon s'entête à agresser, voire insulter, le candidat socialiste. Pour faire clair, il faut que le PS lâche des circonscriptions à ces partis. Ce qui évidemment ne se fait pas sans contreparties. C'est comme dirait l'autre du "gagnant-gagnant" : quelques sièges contre une majorité pas trop agitée à l'assemblée. Et au passage, depuis l'instauration du quinquennat, un soutien au second tour pour le candidat socialiste, s'il en reste un. En fait la gauche ne cesse de faire de la IVème République, dont elle regrette visiblement l'existence et les pratiques, mais en amont des élections. Et donc cette proximité des présidentielles et des législatives, se présentant d'ailleurs dans cet ordre du fait de Jospin, ne manque pas d'interpeller sur des alliances de partis qui se confrontent à la première des élections pour mieux se rouler des pelles au moment de la seconde pourtant si proche, et alors que les petites cuisines d'arrière-cour sont désormais terminées. De mauvaises langues pourraient appeler ça de la figuration de la part de certains. On constate d'ailleurs que les électeurs, si l'on en croit certains sondages, ne sont désormais plus dupes, s'ils l'ont été un jour, et votent en grand nombre pour le candidat le mieux placé de leur clique quelques soient leurs convictions, ceci expliquant au passage le faible taux d'intentions de vote qu'enregistre notre walkyrie nationale, bien qu'elle m'en voudrait certainement de la qualifier ainsi, de nationale bien entendu.
 
Le décor étant planté, nous pouvons en arriver au cœur du sujet justifiant le titre de ce billet.
Donc l'équipe de Hollande menée par Sapin dont on ne devrait pas tarder à essayer de nous faire croire qu'après Giscard, Barre et DSK, empêché, c'est le meilleur économiste de France, et aussi le parti socialiste, car il convient tout de même de faire la distinction entre les deux, ont donc mené des négociations dans le cadre de la double élection qui se profile. Négociations pour quoi? En fait c'est assez vague, car on parle de négociations de mandature. Donc il ne s'agit pas véritablement d'un accord sur un programme, celui du candidat n'étant qu'à l'état d'ébauche, ni d'un accord de gouvernement par conséquent. Non, simplement un accord s'assurant pour le PS du soutien des verts à la présidentielle, du moins au second tour de cette élection puisqu'ils ont une candidate, enfin peut-être, et d'un code de bonne conduite réciproque lors des législatives. Duflot a d'ailleurs déclaré que cet accord qui actait des désaccords de fond avait pour objet de débarrasser la France de Sarkozy. Programme qui intéressera sans doute pas mal de gens, mais qui reste néanmoins insuffisant pour prétendre diriger la France. Certes ils se seront bien mis d'accord sur la politique d'immigration ou autres choses destinées à affaiblir encore davantage la France en tant que nation, ils se seront mis d'accord sur la retraite à 60 ans mais sans finalement être sûr de pouvoir y revenir, ils se seront mis d'accord sur le fait qu'il faut une réforme fiscale sans la définir mais qui fera payer les riches bien entendu, et peut-être sur d'autres points. Mais reste que le fond de commerce des verts ce n'est pas vraiment ça. Et donc il fallait régler la question du nucléaire. Qui ne fut pas réglée mais traitée dans la plus grande des cacophonies et d'une manière telle qu'on ne retiendra que deux éléments majeurs : les verts ont renoncé à leurs convictions et préféré aller à la soupe, malgré les paroles intransigeantes tenues par tous leurs dirigeants, même les signataires de l'accord; les socialistes ont fait preuve du plus grand amateurisme en montrant qu'ils ne maitrisaient absolument pas leur dossier. En effet, comment maintenir le projet de l'EPR en signant en même temps l'abandon de la filière mox qui est le combustible prévu pour les réacteurs de troisième génération? Comment conserver deux-tiers des capacités nucléaires existantes en supprimant le mox qui alimente une majorité des réacteurs existant? Evidemment de cette contradiction ils furent rapidement avertis, par AREVA, par EDF, et à coup de blanco ils ont bien tenté rectifié le tir causant un nouveau psychodrame rapidement résolu grâce effluves de la soupe promise aux écologistes. Entre 15 et 30 députés pour ces minables qui n'en possèdent que 4, vous parlez d'une aubaine!
Mais pas de bol quand même pour Hollande! Le cadeau fait aux écolos ne réjouit pas tous les socialistes. L'abnégation a tout de même des limites. Remplacer des députés qui n'ont sans doute pas démérité par des écolos, au nom du bien commun, laisse parfois un parfum d'amertume celle-ci pouvant même se transformer en fronde quand il s'agit de caser Duflot à Paris et Mérieu à Lyon. L'accord pourri avec les verts devient donc source de désaccord chez les socialistes. Là on peut dire bravo! Fallait quand même le faire! Le parti dominant laissant apparaitre ses dissensions alors que le parti le plus faible remporte la mise. En plus d'être des amateurs, les négociateurs de Hollande sont en plus très mauvais puisqu'en étant en position de force ils réussissent l'exploit d'affaiblir leur parti et de renforcer considérablement celui dont l'influence réelle est négligeable. Un groupe parlementaire contre rien, en gros! Et une guerre interne en prime!
Devant un tel exploit on s'est à peine aperçu de la présentation de la "dream team" de campagne du candidat Hollande dont certains des membres avaient déjà montré leur excellence. Une belle équipe que, je ne sais pas pourquoi, certains ont qualifié d'armée mexicaine, mais il est vrai que l'esprit consensuel du candidat imposait que tous les courants du PS, et ils sont nombreux, soient représentés dans cette équipe. Même Jack Lang y figure, c'est vous dire!
 
Quelle histoire! Quelle histoire!

mercredi 16 novembre 2011

Petites cuisines pré-électorales



Alors que la France se trouve dans une situation de plus en plus critique, au bord de la spirale infernale qui a entrainé le Grèce dans le gouffre, qui menace l'Italie, l'Espagne et le Portugal, alors que dans les deux premiers pays on met finalement les politiques à la porte pour les remplacer par des technocrates de l'économie, même s'ils portent une responsabilité dans la crise qui secoue la zone euro, alors que le gouvernement en est à son second plan de rigueur, avant sans doute un troisième mais qu'il espère désormais pouvoir retarder jusqu'après les élections, sinon la gauche le fera peut-être, alors que Sarkozy fustige la fraude sociale qui nous coûte cher, mais moins parait-il que la fraude fiscale ce qui devrait l'interdire selon la gauche d'évoquer ce sujet et l'obliger à laisser faire, alors qu'au-delà même de la zone euro c'est l'avenir de l'Union européenne qui est en danger, avec des conséquences difficilement prévisibles mais sans doute pas positives, eh bien nos amis socialistes et écologistes, faute d'être capables de nous proposer un projet qui tienne la route, font leurs petites tambouilles dans leur coin, préparant leur avenir, du moins celui de leurs dirigeants.
 
Les petites tambouilles, ça a commencé avec les primaires. D'abord les primaires écolos, très moyennement médiatisées, et qui ont vu l'émergence d'une nouvelle leader charismatique, ô combien!, en la personne de l'ex-dauphine de miss Norvège, il y a de ça quelques décennies. La désignation de la candidate verte, bien que portée davantage sur le rouge dans ses choix optiques et vestimentaires, allait nous révéler ce que c'est que l'écologie dure, ce que c'est qu'une vraie cheffe. Enfin on aurait pu le croire vu la teneur des discours de l'impétrante à la présidence. Jusqu'à hier où on s'est rendu évidemment compte que les autres n'en avaient rien à battre d'un discours de khmer vert, et avaient compris en vieillissant, même mal comme Voynet, que la politique c'est aussi le moyen d'accéder à un statut personnel d'autant plus correct qu'on vient de bas.
Ensuite il y a eu les primaires socialistes, enfin les primaires de la gauche démocratiques (pas la gauche, les primaires!), citoyennes et tout et tout qui ont dévoré l'espace médiatique pendant plusieurs semaines, avec des épisodes palpitants, notamment celui des ralliements de l'entre-deux tours après celui d'une Ségolène Royal pleurnicharde, tout ça pour accoucher d'un candidat dont il parait que la présence à sa tête a mené le parti socialiste vers un état qui faisait pitié, selon celle qui lui succédera dans des conditions hautement démocratiques comme on sait le faire à gauche. Bref, un candidat dont le charisme (équivalent en gros à celui d'une tranche de jambon, quoique celle-ci puisse paraitre appétissante dans certaines circonstances) est unanimement reconnu par tous et notamment par ses pairs, notamment les éléphants. Affublé du qualificatif de capitaine de pédalo sur sa gauche et de Babar sur sa droite, nous voilà donc en présence, vous l'aurez compris, d'une personnalité hors du commun. Et donc très justement favori dans les sondages. Ce qui, bien évidemment, permet à certains d'envisager d'obtenir des postes alléchants à brève échéance, comme par exemple Moscovici, soutien inconditionnel de DSK avant et après d'ailleurs avoir pensé être le recours du PS, ne riez pas, est devenu le fervent hollandiste qu'on connait. Peut-être aussi qu'en raison de son crâne en peau de fesse il se prend pour le Juppé de la gauche. Ne parlons pas non plus de l'inénarrable Jack se comparant très récemment alors que Montebourg lui montrait la porte de sortie à Clémenceau. J'insisterai plutôt sur Ségolène qui après avoir pris une veste mémorable aux primaires, ou plutôt obtenu des résultats conformes sans doute à sa vraie valeur, a, de la même façon qu'elle avait confondu sa défaite de 2007 avec une victoire, sans doute pensé que son score était suffisamment important pour revendiquer une place de choix au sein de la future belle équipe supposée nous diriger dans quelques mois. A moins qu'elle ait cru que sa place de quatrième aux primaires lui vaille d'office la place de quatrième personnage de l'Etat, le troc de l'hôtel de la région Poitou-Charentes contre l'hôtel de Lassay. Faut dire que sur un perchoir, elle aurait de l'allure la bécasse. Mais enfin il parait que c'est son ex qui le lui aurait promis, craignant peut-être une candidature sauvage de sa belle remplacée dans son cœur et au lit, nonobstant la procédure en vigueur pour accéder au poste et qui commence par une élection à l'Assemblée nationale. Mais pas de problème pour ce dernier point. Suffit de se faire parachuter là où ça va bien, là où on est sûr d'être élue. Même si les socialistes locaux sont loin d'être unanimes pour baliser la zone de largage, l'un d'entre eux et ne manquant pas d'appuis briguant le même poste de député. Qu'à cela ne tienne, Paris décidera de façon tout à fait démocratique. On peut être des fervents promoteurs de la décentralisation, mais il y a quand même des limites à tout, non? C'est ce qu'on nomme la politique par la preuve, je crois. En Socialie participative.
Voilà, c'est comme ça avant les élections. Petites tambouilles entre amis, distributions virtuelles de postes, satisfactions des uns et grincements de dents des autres, mais le tout étant destiné à huiler les rouages de la campagne du candidat Hollande qui finalement n'a guère que ce genre de démarche pour susciter l'adhésion de celles et ceux qui comptent ou croient compter au PS.
 
Mais ces derniers temps on est passé à un niveau supérieur, qui, comme on va le voir, se résume aux mêmes petites magouilles personnelles. Je veux parler bien évidemment de ce brillant accord entre socialistes et écolos dont on retiendra qu'il se fonde sur de profonds désaccords de fond admis de part et d'autre, compensés pour les seconds par quelques sièges parlementaires inespérés, surtout dans le cadre du mode de scrutin des législatives en France.
Ces derniers jours et même le jour de la signature de l'accord, Eva Joly, candidate en titre de son parti à la présidentielle, déclarait qu'il n'y aurait pas d'accord tant que les socialistes ne renonceraient pas à la construction de l'EPR et du nouvel aéroport de Nantes. Le sénateur Placé dont je n'ai encore jamais vu les yeux, la veille de l'accord, était sensiblement sur la même ligne. L'ancien candidat Bové s'exprimant récemment sur l'aéroport de Nantes déclarait que, bien entendu, aucun accord ne pouvait être envisageable sans l'abandon de ce projet. Et Cécile Duflot déclarait il y a quelques jours sur un plateau télé qu'elle préférait ne pas avoir de député que de renier ses convictions. L'accord a été signé. L'EPR sera construit ainsi que l'aéroport nantais. El la fermeture de 24 réacteurs sur une quinzaine d'années ne constitue rien d'autre que ce que Hollande avait déclaré durant les primaires, à savoir diminuer d'un tiers les capacités énergétiques nucléaires de la France sur la même période. En fait je ne sais pas si je n'aurais pas dû me contenter de capacités énergétiques en omettant le "nucléaires" car il faudra beaucoup de pédalos avec gégène incorporée pour compenser. Mais ce n'est pas le sujet, celui-ci étant de parler d'arrangements entre "amis". On voit donc que les verts ont complètement bouffé leur chapeau et que leurs coups de menton et déclarations en forme d'ultimatum n'étaient que de l'esbroufe. Car évidemment, et ça prouve au moins qu'ils ont compris l'objectif premier de la politique actuellement dans notre pays, ce sont les postes qui les intéressent. Bien entendu, en écoutant Duflot, on peut en douter, cet accord finalement, c'est elle qui le dit, se résumant à être d'accord pour bouter Sarkozy hors de l'Elysée. Beau programme, mais si vous en avez vu un autre, concret, jusqu'à présent de la part de nos amis de gauche, faites-moi signe. Donc pas d'accord sur un programme, et donc par conséquent pas d'accord de gouvernement, mais accord sur le partage des postes de députés, ou plus précisément l'arrivée en masse, compte tenu évidemment de ce qu'ils sont actuellement, des verts à l'Assemblée Nationale. Entre 15 et 30 députés. De quoi faire un groupe parlementaire, de quoi empocher une partie conséquente du financement public des partis politiques, et surtout de quoi satisfaire quelques egos. Et au passage de changer le paysage, car les tronches de Mamère et Cochet, c'est quand même pas un appel à se précipiter dans les bras de nos écolos. Donc en résumé l'accord, c'est : "vous la fermez avec vos revendications et en contrepartie on vous ouvre les portes de l'assemblée". On oubliera très vite le reniement des convictions inenvisageable il y a encore 48 heures de cela.
Bon bien évidemment, cet accord de "chefs" ou plutôt en l'occurrence de "cheffes" puisqu'il concerne en premier lieu Aubry et Duflot fait grincer un peu des dents. Notamment à Paris. Delanoê a, parait-il, fait sa crise à Solférino, assisté par Hidalgo. A cause du parachutage de Duflot dans une circonscription bétonnée, pas téméraire la Duflot, qui privera une élue socialiste, sans doute pas déméritante, à leurs yeux au moins, de son siège. Mais elle a raison la Duflot, elle arrive à un âge où il commence à être temps de préparer sa retraite. Et puis comment la représentation nationale pourrait-elle se passer d'une telle perlle. A part ça, il est question d'un autre siège à Paris, je crois. A Lyon aussi je crois où Collomb fait la gueule. Mais c'est comme ça avec les appareils. Les gens de terrain n'ont qu'à s'écraser… au nom du bien commun. Là non plus on ne rie pas.
 
Enfin tout cela me parait bien pitoyable, en tout cas indigne d'un parti ou d'une alliance de partis, prétendant redresser la France en parvenant au pouvoir, mais tout en semblant vivre en dehors de toute réalité, tout en semblant ignorer une conjoncture particulièrement difficile. Ah mais j'oubliais : on résoudra tout ça en faisant payer les riches. Pauvre pays!

vendredi 11 novembre 2011

11 novembre



Le 11 novembre, c'est d'abord pour moi des souvenirs d'enfance.
C'est d'abord l'histoire du grand-père, mort avant ma naissance, blessé en 1915 suffisamment grièvement pour qu'on lui envoie un prêtre qu'il envoya se faire foutre en bon bouffeur de curés. Il s'en sortira même s'il gardera toujours des séquelles de cet éclat d'obus qui frôla le cœur, et aura l'occasion plus tard de visiter l'Italie pendant cette même guerre, puis la Pologne puisqu'il fera partie du corps expéditionnaire français participant au cordon sanitaire contre les bolcheviques. Il sera démobilisé en 1921. Comme il était de la classe 1911, il aura fait quasiment 10 ans d'armée. Beaucoup pour un paysan.
C'est ensuite le souvenir du rassemblement des écoliers que nous étions chaque 11 novembre autour du monument aux morts. Le maire lisait le nom des morts pour la France figurant sur ce monument. On entendait le nom de famille de copains vers lesquels on se tournait, comme si la mort d'un grand-père, grand-oncle, ou cousin éloigné par les années ou la nature des liens familiaux conférait une certaine aura à tous ceux qui portaient leur patronyme. A côté du maire se tenait ce qui me paraissait être un vieillard chétif, un ancien combattant soulevant apparemment difficilement son drapeau tricolore pendant la cérémonie. Il était petit, ridé, vieux. On ne pouvait pas imaginer derrière ce vieil homme celui qui 50 ans plus tôt portait fusil et barda, se ruait à l'assaut d'une tranchée adverse en voyant tomber autour de lui ses copains, anciens ou de la veille, avant de retrouver la protection bienvenue, peut-être chaleureuse, d'une tranchée boueuse où il passerait sans doute encore quelques heures ou quelques jours avant d'être relevé. Il en était revenu. Mais pendant ses instants, pendant la litanie des noms de ceux qui avaient partagé son sort, mais n'étaient pas revenus, on pouvait sentir à l'expression recueillie de son visage, à son regard qui ne regardait plus, qu'il était reparti là-bas au moins pour quelques minutes. Nous nous dirigions ensuite, en rang, c'était encore de rigueur à l'époque, vers le cimetière où se trouvait le carré des militaires du village morts pour la France, du moins ceux dont les corps avaient pu être ramenés. Dans ce petit carré, il y avait trois guerres, les premières et secondes guerres mondiales et celle d'Algérie. A moins que ma mémoire me fasse défaut il n'y avait pas eu de victimes de la guerre d'Indochine dans notre village. Peut-être parce que c'était une guerre de professionnels. Après quelques minutes et sans doute encore un petit discours, ça je ne m'en souviens plus, nous retournions vers la place de la mairie, plus précisément vers la salle des fêtes où on nous distribuait une brioche. C'était peu de temps avant 68 et peut-être présageait-on, avec sagesse, que l'époque où on ne ferait plus rien sans contrepartie approchait. Mais l'époque allait changer encore davantage puisque bientôt, il ne serait plus question de ce genre de rassemblements, du souvenir, du recueillement, patriotique, même avec contrepartie. Sans doute trop facho.
 
Le 11 novembre, ça me ramène aussi à certaines lectures. Jules Romain avec "Verdun", Roland Dorgeles avec "Les Croix de bois", Erich-Maria Remarque avec "A l'Ouest rien de nouveau", Ernst Jünger avec "Orages d'acier", mais aussi "Le boqueteau 125". Ou encore "Feu et sang". J'ai beaucoup aimé Jünger, ses descriptions impeccables relevant davantage du documentaire agrémenté de réflexions sur la guerre comme objet, la déshumanisation ou plutôt la transformation de l'homme en homme-soldat, et aussi sur les conséquences de la guerre ou plutôt de la défaire allemande. C'est dans "Feu et sang", je crois, écrit dans les années 20 qu'on trouve des réflexions prémonitoires sur ce que va devenir l'Allemagne quelques années plus tard, alors que le parti nazi n'est pas encore assez puissant pour être considéré comme un mouvement capable d'accéder au pouvoir. En tout cas, je me souviens avoir été frappé du caractère prémonitoire de ces réflexions qui témoignent du nationalisme de l'auteur qui pourtant saura se démarquer du national-socialisme au risque de sa vie. C'est sans nul doute son aura de héros de la première guerre mondiale qui le sauvera. Mais je m'égare. Je voulais parler plutôt de cette mutation qui se fait chez l'homme dans ces périodes particulières que sont les guerres. Cette mutation qui permet de supporter l'insupportable, cette mutation qui permet de supporter de voir ses camarades mourir sans qu'on ait les temps de les regretter, de porter leur deuil, cette mutation qui permet de ne pas devenir fou. Un jour ou plutôt une nuit le lieutenant Jünger doit relever avec sa compagnie une unité qui se trouve en première ligne. L'agent de liaison qui les guide s'égare, et la compagnie tourne en rond pendant un certain temps. Au bout d'un moment Jünger qui comprend qu'il ne faut plus compter sur cet homme place sa compagnie dans un boyau et part avec lui en reconnaissance. A peine a-t-il avance de quelques petites centaines de mètres qu'une forte explosion retentit derrière lui. Un obus est tombé… sur sa compagnie. Le récit est presque banal en temps de guerre, si est raconté par un acteur extérieur. Quand il est raconté par un des principaux acteurs, Jünger en l'occurrence, il prend une autre dimension et on s'attend à une montagne d'émotion. Eh bien non, il le raconte presque comme je viens de le faire et parle aussi de tous ces camardes tombés avec cette quasi-absence de sentiments, car c'est cela qui permet de survivre. C'est cela aussi qui donne toute cette difficulté pour le soldat à reprendre ensuite une vie normale. Cette difficulté, c'est un sentiment que souvent les militaires éprouvent encore lors d'un retour de plusieurs mois d'opérations maintenant, bien sûr atténué et de durée plus brève car les conflits ne sont pas les mêmes, l'échéance pour soi de l'opération, sauf accident, est connue à peu près.
Le 11 novembre, c'est aussi des films comme encore "les Croix de bois" avec Charles Vanel, des films qu'on ne voit plus, qu'on ne verra plus, sans doute même invendables en DVD, et remplacés avantageusement par la star'ac, ou les experts. Ah si, on pourra parfois voir quelques films où on montrera des soldats fraterniser par delà leurs tranchées un soir de Noël avant de se foutre sur la gueule le lendemain parce que des chefs terribles et inhumains pourvoiront à ce relâchement, à cette fraternité humaine, pardon. Quand j'habitais encore en France, je pestais, tous les 11 novembre parce qu'on était infoutu de nous présenter un film sur cette guerre mondiale. Ici, c'est l'inverse. Le 9 mai, date pour les Russes de la capitulation, et même avant et après c'est tout un festival de films récents et anciens qui exaltent le sentiment patriotique porté à son point culminant lors de la grande guerre patriotique, comme on nomme la seconde guerre mondiale, la guerre patriotique étant celle menée en 1812 contre les Français. Conscience nationale et patriotisme d'un côté, cries d'orfraie quand on ose prononcer les termes d'identité nationale de l'autre. Les taupes ont bien œuvré à l'ouest. Encore un petit effort et on supprimera cette première guerre mondiale, devenue sans témoins, des livres d'histoire.
 
En attendant, on retire à ce 11 novembre, et donc à la guerre dont il est le dernier jour, son caractère particulier. Je ne veux même pas évoquer le fait que pour beaucoup, une majorité certainement, cette date a surtout l'avantage d'être un jour férié, avec ouverture des magasins sans doute, et qu'elle ne signifie rien d'autre. Même on ne manquerait pas de voir ceux pour qui elle ne signifie rien monter les premiers au créneau, descendre dans la rue sous les banderoles des la CGT, CFDT, SUD, FO et autres officines, si le gouvernement, prenant acte de cette réalité, supprimait ce jour férié. Peut-être même certains oseraient dire que leurs arrières grands-parents se sont battus pour cet acquis social.
Non, ce qui m'intéresse surtout c'est de voir que désormais, le 11 novembre est devenu l'occasion de rendre hommage à tous les soldats morts pour la France. C'est un peu un concentré, une date amalgame dont bientôt on aura oublié la réelle signification. Dans quelques années quand on parlera du 11 novembre, on dira que c'est la journée des soldats morts pour la France quand on voudra être poli, et la journée des crevures de militaires tués parce qu'ils sont payés pour ça ou aux ordres d'un pouvoir impérialiste, colonialiste, oppresseur, et autres joyeusetés pour ceux qui n'auront pas envie d'être polis et qui bénéficient bien évidemment d'une totale liberté d'expression surtout quand c'est pour salir la France et ses symboles. Pour moi, cet amalgame est une bêtise. D'abord parce que les guerres n'ont pas les mêmes significations, même si les soldats qui meurent pendant celles-ci meurent effectivement pour la France. Surtout parce que la première guerre mondiale est sans doute la dernière manifestation de la prééminence de la nation sur le reste, le reste étant les opinions politiques, philosophiques, religieuses…, et de la capacité du peuple français uni, à travers ses forces les plus vives, à défendre la France. Même les pacifistes ont fait cette guerre sans rechigner, parce que la France était menacée. Et cette guerre, parce qu'elle fit beaucoup de victimes, parce qu'elle dévasta durablement une partie importante de notre pays, parce que ses vestiges sont toujours présents, parce qu'elle marqua la fin du monde ancien, même si les soubresauts qui suivirent furent violents, cette guerre mérite de conserver sa place particulière.

mercredi 9 novembre 2011

Europa !



Pourquoi pas Europe comme titre? Parce que si l'Europe politique, économique et sociale doit se faire un jour elle sera vraisemblablement allemande. Donc tant qu'à faire autant lui donner d'ores et déjà son nom en allemand. C'est d'ailleurs le nom du site internet de l'Union Européenne.
Nous sommes cependant encore bien loin du "Europa über alles". On en serait même à ce stade de l'évolution mondiale à "Europa unter alles" ("l'Europe en dessous de tout") tant il apparait que l'entité européenne du fait de sa fragmentation est plus que jamais un nain politique incapable de faire face d'une seule voix aux enjeux mondiaux et même obligée pour se maintenir au moins en l'état d'aller mendier auprès de la Chine dont le PIB est trois fois inférieur au sien.
Il me semble donc utile de réfléchir sur ce mal européen dont nous souffrons de manière chronique et qui risque de voir le projet européen, le rêve pour certains mais aussi le cauchemar pour d'autres, se dissoudre très rapidement après plus d'un demi-siècle d'existence.
 
Avant de commencer, et ceci pour préciser ma position, je fais partie de ceux qui ont voté "NON" à Maastricht et "OUI" au traité constitutionnel. Pas de bol j'étais dans le camp des perdants à chaque fois. Cette position apparemment contradictoire, mais je m'en expliquerai, ne l'est cependant pas plus, et même plutôt moins je pense, que celle de ceux qui ont eu la démarche inverse, donc les vainqueurs des deux consultations auxquels néanmoins on a dérobé assez rapidement leur seconde victoire. Parce qu'il ne pouvait guère en être autrement. Simple question de cohérence ou peut-être plus raisonnablement de pragmatisme. Car autant je comprends ceux qui ont voté non aux deux consultations, cohérents mais pas forcément pragmatiques, autant je m'interroge sur les motivations de ceux qui ont lancé un train et veulent en sauter en marche voire pire le faire dérailler. Je pense en particulier aux socialistes, nombreux, qui sous la houlette de Fabius ont eu cette attitude. Pour ma part, j'estime faire partie de ceux qu'on a obligé à monter dans le train, et qui, bien que déçu par le menu proposé au wagon restaurant et son prix, se dit qu'il serait sans doute plus risqué désormais de sauter en marche, même si la probabilité d'un déraillement futur n'est pas à négliger, que d'accepter de continuer le voyage et même d'aider à un possible succès de ce dernier. Vaste affaire!
 
En effet, la crise actuelle de l'euro, comme les autres crises même si elles ont moins effrayé le monde, comme cette incapacité à parler d'une seule voix lors d'événements importants, comme l'intervention en Irak, plus récemment l'intervention en Lybie ou la position à tenir face à la demande de création d'un Etat palestinien met en évidence d'une façon magistrale les faiblesses de cette Europe ou cette contradiction ou ce tiraillement entre une nécessaire intégration pour atteindre une certaine cohérence et les velléités souverainistes des différents Etats composant l'Union. Donc force est de constater que ça ne marche pas et que même si la guerre entre les anciennes grandes puissances européennes semble désormais impossible, l'Union est incapable d'empêcher que naissent encore des conflits territoriaux à ses marges, mais sur le continent quand même, voire même qu'émergent de potentiels conflits en son sein comme en Hongrie et les pays voisins par exemple.
Car c'est tout de même un peu comme ça qu'on nous a vendu le truc. Pour éviter une nième guerre fratricide, pour que cesse le perpétuel conflit qui opposait les Etats européens depuis des temps immémoriaux et qui amena où on sait, il fallait créer des conditions telles que les Européens se sentent suffisamment solidaires pour que leurs vieux démons disparaissent à tout jamais. Restait à voir quelles seraient les modalités de cette solidarité entre européens. Loin de moi l'idée de vouloir faire un historique de la construction européenne, mais disons que le traité originel, pas celui de Rome, mais celui de Bruxelles en 1948 prévoyait une collaboration en matière économique, sociale, culturelle, et de défense collective. De ce projet ambitieux, il ne restera guère que le domaine économique. Et encore! Ou plutôt dans quelles conditions!
 
S'agissant du social, on comprend bien qu'au sein même de l'UE, ce domaine sert de variable à la compétitivité. Par exemple des salaires dans l'industrie plus élevés en Allemagne qu'en France, mais pas de SMIC outre-Rhin, ce qui permet de multiplier les emplois à salaires minables dans d'autres domaines et de réduire le chômage. Le fait même que des pays de l'UE délocalisent dans d'autres est un signe de cette impasse sur le social. Diagnostic terrible pour les habitants des pays qui bénéficient de la meilleure protection sociale. Car celle-ci coûte cher et nit à la compétitivité. Donc harmonisation peut-être il y aura, mais plutôt vers le bas. Ici je ne peux pas résister à la brillante analyse du Chinois directeur du China investment Corporation : "Les troubles qui se sont produits dans les pays européens résultent uniquement de problèmes accumulés par une société en fin de course, vivant d'acquis sociaux. Les lois sociales sont obsolètes. Elles conduisent à la paresse, à l'indolence, plutôt qu'à travailler dur. Nous sommes optimistes vis-à-vis de l'euro. Mais il y a toute une série de réformes qui doivent être entreprises sans délai. Avoir 17 membres et 17 gouvernements n'est pas une excuse pour ne rien entreprendre." Le ton est donné…par nos sauveurs potentiels. Et Thibaut, Chérèque, Mailly et consorts n'y pourront rien. Mais cela les aidera à au moins prospérer pour eux-mêmes et leur garde rapprochée pour encore un certain temps, court certainement, pendant la période de transition. Et sans doute ne se sentiront-ils jamais responsables de n'avoir jamais voulu négocier raisonnablement pour sauver l'essentiel en sacrifiant "l'obsolète" comme dirait l'autre.
 
Quand on passe au culturel, on voit l'abîme qui existe entre les vœux exprimés et la possibilité de leur réalisation. C'est Jean Monnet, je crois, qui disait que si c'était à refaire il commencerait par la culture. Mais quelle culture? Puisqu'il n'y a pas de culture européenne. Trop de langues, trop de traditions différentes, des conditions climatiques variées, des littératures propres à chaque pays,…, et aussi sans doute des histoires différentes ou plutôt parfois une même histoire mais vue sous des perspectives différentes, rendent l'émergence de cette culture européenne illusoire. Reste que faute de culture il existe une civilisation européenne. En gros une certaine convergence des conditions de vie, ou à défaut une aspiration à ces conditions et un attachement à certaines valeurs, comme la démocratie, la liberté, les droits de l'Homme, la séparation des pouvoirs, la distinction entre les églises et l'Etat (même si avec certains pays comme la Pologne par exemple, ce n'est pas toujours évident),…. Ça ne constitue pas une culture, mais ça permet, à minima, de pouvoir vivre ensemble, de manière pacifique, et même en ayant le sentiment d'appartenir à un même ensemble ayant une vision de l'Homme et des rapports humains commune. Si c'est à cela que Monnet pensait, il n'y avait rien à faire. S'il pensait créer une culture européenne, il se fourvoyait. Par contre, la non inscription dans le traité constitutionnel transformé en traité de Lisbonne pour les biens de la cause, se la reconnaissance des racines chrétiennes de l'Europe me semble être un pas en arrière. Je ne suis pas moi-même chrétien, ni autre chose d'ailleurs, mais je ne nierai ni cette évidence, ni le fait que les valeurs civilisationnelles de l'Europe trouvent ici leurs racines. Encore une erreur de Chirac qui fut l'artisan majeur de cette non-inscription.
 
Pour ce qui est de la défense collective européenne, on peut parler de fiasco total. L'échec de la communauté européenne de défense (CED) en 1952, du fait de la France et plus précisément des communistes français et des gaullistes, bien évidemment pour des raisons fondamentalement différentes, les premiers voyant là une provocation envers le petit père des peuples tandis que les seconds pensaient davantage à souveraineté nationale, fut cette tentative avortée qui ne verrait jamais d'autres occasions de créer, outre une défense commune, une politique étrangère commune, l'une n'allant pas sans l'autre. J'ouvre ici une parenthèse pour montrer que des rejets ou refus pour des motifs totalement différents, voire parfois opposés, n'ouvrent aucune perspective alternative; et c'est comme cela que je vois le résultat du référendum de 2005. Bien évidemment avec l'OTAN qui venait de se créer l'utilité pratique de cette CED n'allait pas de soi, mais la refuser condamnait à assez brève échéance à se placer à l'ombre de l'Oncle Sam et de refuser d'exister internationalement, car seuls les pays ou entités possédant une vraie armée avec de fortes capacités ont un réel poids international. Ce qui relativise à ce niveau le poids réel de l'Allemagne. En 2011 les choses n'ont pas progressé d'un iota malgré par exemple la Brigade franco-allemande ou le corps européen. Et quant à la politique étrangère, il suffit de considérer l'épouvantail clownesque censé porter la parole de l'UE à l'international pour comprendre la volonté des Etats de se décharger de leurs attributions en matière de politique extérieure.
 
Passons enfin au domaine économique. Je ne vais pas faire l'historique de ce qui nous mena de la communauté charbon acier (CECA) à la monnaie unique en passant par la libre circulation des capitaux, des biens et des personnes. Car je dirai en gros, même si des réserves peuvent être émises que jusqu'à Maastricht, les choses semblaient assez cohérentes, à part peut-être, mais c'est mon opinion, les accords de Schengen, donc la libre circulation des personnes, choses relativement pas saine quand on est continent l'immigration. Mais le tournant de Maastricht, merci Delors, n'allait pas manquer à terme de nous plonger dans l'abîme, avec notamment la décision de nous imposer cette fameuse monnaie unique. Ça rappelle un peu comme processus ce qui aurait pu se passer avec la CED. Faute d'être capable de créer une politique étrangère commune on souhaite créer un instrument subordonné à celle-ci en espérant que son émergence s'imposera. Et donc on a dans la même démarche créé une monnaie unique, au lieu d'une monnaie commune, espérant ainsi générer de force les conditions de l'émergence d'une gouvernance économique commune à l'UE. Ceci sans tenir compte que l'UE allait encore s'agrandir de façon déraisonnable, que les économies des Etats membres étaient bien trop inégales, qu'il existe un marché intérieur dont d'ailleurs profite largement l'Allemagne obstacle à une gouvernance économique, sans parler évidemment de l'incapacité de se défaire de ce qui reste de souveraineté pour beaucoup, quitte d'ailleurs à la perdre totalement au profit d'entités extérieures pas vraiment identifiées et nommées "marché". Et bien évidemment comme l'entrée dans la zone euro devait se faire de façon volontaire, mais aussi en remplissant certains critères, quitte pour certains à maquiller leurs compte sans que pour autant les autres soient vraiment dupes, on excluait de fait une gouvernance économique de l'UE pour la limiter à la future zone euro. Une UE à deux vitesses donc. Bref, donc près de vingt années après Maastricht, malgré les traités d'Amsterdam, de Nice et de Lisbonne, la gouvernance économique de la zone euro, ne parlons pas de celle de l'UE, a, avec la crise, révélé sa totale absence. Et l'impasse où nous conduit actuellement l'UE.
 
Néanmoins cette crise qui nous frappe actuellement semble indiquer, c'est du moins mon sentiment, que finalement l'idée d'une gouvernance économique de la zone euro fera peut-être son chemin. Dommage d'en être arrivé là pour en prendre conscience mais c'est comme ça. En effet, il me semble, que malgré quelques réticences de certains, mais rares et n'allant pas jusqu'au bout de leur logique, les Etats de la zone euro de façon générale acceptent de bon gré que la France et l'Allemagne s'occupent des affaires, sans s'embarrasser des avis des uns et des autres qu'on convoquera plus tard pour la forme quand les décisions auront été prises. Mais ne nous y trompons pas, dans le couple franco-allemand on sait qui domine. Et sans doute que sans la hargne et la présence de Sarkozy, on ne parlerait plus guère de la France. J'imagine fort bien l'ancien gros mais toujours mou en négociation avec Angela!
Au passage ce qui se passe actuellement, ceci révèle l'impéritie des institutions européennes s'effaçant complètement derrière les Etats, ou plutôt la France et l'Allemagne, en cette période trouble alors qu'elles avaient pris l'habitude de les tracasser quant au calibre de la courgette ou aux aides publiques plus ou moins camouflées. Donc une commission petit bras, grande gueule quand tout va bien et s'écrasant mollement car incompétente quand tout va mal. Ne parlons pas de cette fameuse présidence issue du traité de Lisbonne, poste autant honorifique et coûteux qu'inutile. Ni du parlement européen, refuge des mal ou plutôt non élus dans leurs Etats respectifs émargeant à quasiment 15000 euros par mois (primes incluses quand même!) pour nous offrir quelques joutes oratoires entre Le Pen et Cohn-Bendit, sinon rien de vraiment concret.
Enfin tout cela laisse supposer que la survie de l'Europe, ou plutôt le non éclatement de la zone euro suivi de celui de l'UE, reste possible mais passera plutôt que par un illusoire gouvernement européen par une soumission aux règles qu'établira l'Allemagne. Par délicatesse on appellera ça convergence. Mais peut-être, je le pense, que dans ce cas le prix sera moins élevé pour les Européens qu'un retour plus d'un demi-siècle en arrière… ou une gouvernance chinoise. En fait tout reste à construire.
 
Et pour ceux qui auront eu le courage de lire jusqu'au bout, en prime cette vidéo qui vous montrera les vertus de nos parlementaires européens :
 

vendredi 4 novembre 2011

Islam en occident



Voudrait-on ne pas en entendre parler, voudrait-on ne plus avoir à exprimer les craintes sinon les peurs que cette religion provoque, l'actualité nous en empêchera sans doute encore très longtemps.
 
Certes certains, nombreux, ont résolu ce problème en fermant les yeux et en fustigeant ceux qui tentent de les garder ouverts et de s'exprimer sur le sujet. Que ceux qui ne pensent pas que l'islam est une religion comme les autres, que ceux qui ne veulent pas reconnaitre qu'elle est message de paix et d'amour soient maudits. Et qu'en tant que nostalgiques des périodes les plus sombres de notre histoire, leur parole soit ignorée ou encore mieux interdite.
Mais c'est peut-être un peu trop facile, non? Car même si certains se réjouissent du déclin du monde dit occidental, mais qui dans les faits correspond à un monde blanc plutôt qu'à une donnée géographique, de la fin annoncée de sa prééminence sur cette Terre, et dénoncent parfois avec raison ses excès et ses apories, il n'en demeure pas moins que les modèles alternatifs proposés, déjà testés avec le succès qu'on sait pour certains, n'ont aucune chance de rendre la vie meilleure ici-bas. L'Homme sans contraintes n'existe pas et n'a jamais existé. Sinon il n'y aurait pas de sociologues. L'Homme totalement libre n'existera jamais et d'ailleurs toute possibilité de liberté diminue avec sa multiplication. Reste donc à découvrir sans avoir forcément à la tester à quelle forme de soumission nous pouvons nous astreindre en conservant peut-être l'essentiel: la liberté de penser et de s'exprimer.
Quand je dis "nous", je pense bien évidemment à l'Homme occidental. Parce que je ne crois pas à l'Homme universel, sinon à très long terme. L'Homme universel aurait peut-être pu émerger si les colonisations n'avaient pas cessé brutalement au siècle dernier après des siècles et des siècles d'existence. Eh oui, quelque part nous sommes tous finalement descendants de colonisés (pourvu que la haine ne nous absorbe pas!). Je ne crois donc ni aux bienfaits du métissage, ni aux avantages de la diversité, sur un même sol s'entend, qui ne serait en gros qu'une espèce de cohabitation qu'on voudrait, en vain, pacifique. Car les civilisations, même si on ne peut nier la réalité d'un effet de capillarité entre elles, dépassant le couscous ou les nems, ont vocation à s'affronter, symboliquement, quand ce n'est par les armes ou autre forme de violence. La comparaison elle-même est une forme de violence. Bien sûr certains ont trouvé le remède à cela avec le fameux relativisme culturel qui permet de placer toutes les civilisations, toutes les cultures, toutes les valeurs sur un même plan en termes de respectabilité, même si par ailleurs on constate que souvent ces fameux relativistes ont tout de même une dent contre leur propre civilisation qui aurait opprimé et méprisé les autres pendant si longtemps que finalement un retour de manivelle est sinon logique, au moins compréhensible. Vision toutefois un peu courte comme le verrons plus loin.
Par chance, il y a ceux, comme moi, qui pensent sincèrement que leur civilisation malgré ses défauts qu'on espère amendables reste la meilleure. Ou pour faire plus simple, ceux qui n'ont pas du tout envie de changer de civilisation et de culture. Mais qui non plus n'ont pas dans leurs intentions de vouloir l'étendre aux autres. Si la nôtre leur plait, et il semble que si on considère les flux migratoires, c'est une donnée probable même si discutable et on en discutera plus loin, qu'ils la copient et l'adoptent si ils veulent. Ou bien encore qu'ils viennent chez nous en nombre raisonnable pour en profiter des bienfaits, mais avec la détermination de changer leurs modes de vie et de penser malgré les difficultés que cela procure. Quant à l'imposer par la guerre, par l'argent ou je ne sais quoi, tout cela me parait complètement illusoire et même contre-productif. En gros, qu'ils vivent la vie qu'ils se sont choisie, chez eux, et nous foutent surtout la paix, chez nous, ça je vais y revenir. Et réciproquement.
 
Dans ce cadre, ce qui se passe dans les pays arabes applaudis encore il y a peu de temps par tout ce qui pense bien et beaucoup des autres aussi d'ailleurs pour leur fameux printemps arabe, outre de ne pas me surprendre, me laisse relativement indifférent. Seules peuvent m'intéresser les conséquences que cela peut avoir chez nous et déjà un premier constat qui peut-être fait sur la volonté de nombre de nos hôtes de s'intégrer à notre société occidentale.
Car ceux qui naïvement pensaient que ces révolutions spontanées éjectant des tyrans de leurs sièges allaient faire connaitre aux populations concernées les délices de la démocratie laïque, de la liberté, du libre-arbitre des individus, allaient les rapprocher de nos valeurs occidentales, en seront une fois encore pour leurs frais. Car ces révolutions analogues à certains point de vue avec la révolution russe qui vit un mouvement populaire spontané en février/mars 1917 confisqué en octobre/novembre de la même année par les bolcheviques avec les conséquences désormais connues de tous, même de ceux qui ne voulaient pas savoir, zapperont vraisemblablement l'été et même l'automne, le rôle des bolcheviques étant repris avec un talent certain par les islamistes. La grande différence est que la révolution bolchevique n'allait pas de soi culturellement tandis que la prise de pouvoir par les islamistes s'appuie sur quelque chose de fort, sur une religion qui a pris la forme d'une civilisation. Et donc si les populations concernées préfèrent remplacer des tyrannies qui tenaient la religion à l'écart par une soumission à un dieu, à des textes, à des coutumes régissant leur vie, leurs rapports sociaux et tout le reste, si elles préfèrent renoncer à toute détermination individuelle et même collective pour subir un joug consenti, qu'elles le fassent. Ayons juste pitié de ceux et peut-être surtout de celles qui seront emportés malgré eux par ce tourbillon et souhaitons leur bonne chance pour les luttes à venir. Mais bien évidemment notre beau monde bienpensant, chez nous, essaiera de retomber sur ses pattes. On constate d'ailleurs déjà un certain glissement sémantique qui nous fait passer du concept d'islam modéré à celui d'islamisme modéré. Et pourquoi pas un terrorisme modéré pendant qu'on y est.
A ce niveau je laisse la parole à l'imam de Drancy qui s'est exprimé récemment sur ces fameuses révolutions : "Je dis aux Français, je dis à l'Europe, et à l'Occident en général, mais je dis aussi aux journalistes: Réveillez-vous ! Arrêtez de soutenir l'islam politique. Ne soyez pas naïfs, ces gens-là sont intolérants, ils menacent même des musulmans qu'ils jugent trop modérés… Ce qui se passe aujourd'hui dans le monde arabe est très grave. Quand le parti islamiste Ennhada accède au pouvoir en Tunisie, quand 40% des Tunisiens de France ont voté pour lui, je suis catastrophé. Je connais le double langage des islamistes, je suis musulman, je suis tunisien... Ces gens-là veulent instaurer la charia, et tout le monde se réjouit". Je crois que tout est dit.
 
Mais dans ces propos je m'arrêterai pour la suite du mien sur ce qu'il dit au sujet des 40% de Tunisiens en France qui ont voté pour Ennhada. Il est catastrophé. Moi aussi. Car là est mis en évidence le fait qu'une partie non négligeable de musulmans ne souhaitent pas vraiment s'intégrer à notre civilisation occidentale. Que la raison de leur présence chez nous n'est pas un choix de société mais d'un autre ordre. Pourtant parmi ces 40% combien sont déjà Français, enfin possèdent une carte d'identité française en plus de leur passeport tunisien, et combien le deviendront dans les années qui viennent. Là est le vrai problème. Problème qui se manifeste de diverses manières dont il serait inutile de faire l'inventaire ici tellement ils sont connus. D'une certaine manière ce vote montre assez bien que l'attitude de certains musulmans n'a rien à voir avec un certain sentiment de revanche ou de demande de réparation suite au colonialisme français. Ils votent en tant que musulmans et non en tant qu'anciens colonisés. D'ailleurs il suffit de regarder ce qui se passe dans les autres pays européens, notamment les pays nordiques, dont la majorité n'a pas pris part à la colonisation, pour se rendre compte que cette hypothèse ne tien pas la route. D'où cette vision un peu courte que je dénonçais plus haut.
Car le problème est bien plus profond que cela et peut-être insoluble. Il s'agit essentiellement de constater que deux civilisations sont incapables de cohabiter et qu'à terme l'une devra phagocyter l'autre. Et cela se décline en regroupements de populations reconvertis en ghettoïsation par ceux qui tiennent absolument à ce que nous soyons les éternels coupables de la non-intégration des ces individus, en revendications débouchant parfois sur des accommodements dits raisonnables alors qu'ils sont tout le contraire et en opposition avec la laïcité inscrite dans notre constitution et que nous continuons à exhiber avec fierté tandis qu'on ne cesse de l'égratigner et même de l'écorcher, et parfois en actes beaucoup plus violents. Je ne veux pas préjuger des coupables de l'incendie de Charlie hebdo, mais je constate quand même qu'en Europe, et en France en particulier, des gens vivent cachés et protégés en permanence parce qu'ils se sont permis de s'exprimer négativement sur l'islam. Certains ont même été assassinés.
Alors on me répondra que c'est le fait de marginaux, qu'il ne faut pas faire d'amalgames. Certes. Derrière le chiffre de 40% de Tunisiens vivant en France et ayant porté leur choix sur les islamistes se cache le chiffre de 60% qui n'ont pas voté pour. Mais 40% c'est quand même pas mal, non? Tous évidemment ne sont pas des poseurs de bombes, peut-être même et sans doute sûrement n'y en a-t-il aucun. Mais reste que leur volonté de s'intégrer, de s'assimiler, de se fondre eux et leur descendance dans notre société me parait problématique. Et ça je ne l'accepte pas.
 
Alors oui, les musulmans sont les bienvenus en France et en Europe, mais à certaines conditions. La condition n'est pas qu'ils remisent leur religion au placard, mais qu'ils en fassent un objet intime. La condition est que les lois et coutumes de nos sociétés occidentales restent supérieures aux injonctions d'un prophète qui vécut il y a 14 siècles de cela. La condition est que la pratique de leur religion ne s'impose pas à moi, dans les cantines, au boulot, à l'hôpital, dans les salles de sport, dans les piscines, dans la rue. La condition est qu'ils deviennent Européens s'ils souhaitent s'établir.

mercredi 2 novembre 2011

Back in the russian federation



Après une dizaine de jours passés en France, me revoilà de nouveau en Russie. Je ne vais pas bien entendu vous raconter mon voyage ou ce bref retour en France après une absence de deux ans. Juste quelques impressions.
 
A lire journaux électroniques et blogs qui restent ma principale source d'information ainsi que quelques émissions de radio ou télévision podcastées, j'avais entrepris ce voyage avec femme, enfant et bagages avec une certaine appréhension tant il me semblait que je n'allais pas reconnaitre mon pays devenu tellement xénophobe qu'il n'était pas sûr que mon épouse ne passe pas ces quelques jours à m'attendre en centre de rétention, tandis que je me heurterais à des cohortes de misérables tendant leur sébile sur mon chemin. J'avais d'ailleurs à cet effet gonflé mes poches de roubles et de kopecks pour me débarrasser d'eux à bon compte. Mais mes poches sont restées pleines. C'est peut-être que je ne fréquente que les endroits chics, aussi. Donc pas plus de misère apparente que depuis mon dernier voyage, et pas de rétention non plus pour ma femme. Comme quoi il ne faut pas croire tout ce qu'on lit.
Non en fait, pas vraiment de changements en apparence du moins. Les caddies des supermarchés me semblent être demeurés bien remplis, malgré le fait que mon séjour se déroulait en fin de mois, et les restaurants même pas fermés et au contraire pas mal fréquentés, ainsi d'ailleurs que les salles de spectacle à Paris à en juger des queues devant les guichets. Les seules queues que j'ai pu observer d'ailleurs.
 
Et puisqu'il fallait un élément déterminant pour me prouver que rien ou pas grand chose n'avait changé, il y eut la grève du personnel naviguant commercial (pas trop compris ce que stewards et hôtesses avaient à voir avec le commerce sinon un sourire de circonstance) qui me procura mes seules contrariétés pendant mon séjour. Même si finalement mon avion a décollé quasiment à l'heure. Mais je m'imaginais mal me trainer à l'aéroport avec femme, enfant et bagages pour me faire refouler jusqu'à une date indéterminée. Au moins j'aurai retenu la leçon : ne jamais utiliser les services d'Air France quand d'autres choix sont possibles. J'avais exceptionnellement dérogé à cette règle alors que d'habitude j'utilise la compagnie Rossyia (Russie) qui ne fait jamais grève, part toujours à l'heure et offre de meilleurs repas que sur Air France… et n'a pas plus et même plutôt moins d'accidents ou d'incidents en vols internationaux que cette dernière.
Mais puisque j'évoque cette grève, il y a quelques éléments qui laissent à réfléchir, et notamment la bêtise crasse des syndicats, ce qui est aussi une constante je crois dans notre beau pays. Faire grève évidemment pendant les vacances et/ou un long week-end constitue un moyen de pression considérable sur son entreprise de transport. Sauf que quand celle-ci connait déjà d'énormes problèmes de concurrence et de rentabilité, ça ne fait que précipiter sa chute, même si finalement moins de 20% des vols auront été impactés. Mais ça évidemment on sait que les syndicats d'en moquent éperdument et tant que leurs dirigeants seront assurés de retomber sur leurs pattes il en sera ainsi. Dirigeants passablement abrutis au passage. Je m'explique. Une des craintes exprimées était une réduction à terme du nombre de PNC. Alors quand j'entends un brillant syndicaliste déclarer que le mouvement est un succès parce que 65% de ces PNC sont en grève, tandis que 80% et plus de vols sont assurés, et même si ma tranche de foie gras poêlée aux truffes a été remplacée par un sandwich aux rillettes, je me dis que soit il doit arrêter de picoler, soit il doit laisser sa place à plus intelligent que lui ce qui ne doit pas être dur à trouver. Car si, en effet, avec 65% de grévistes on assure 80% des vols, ça signifie qu'on peut sans trop de problème virer immédiatement 50% des PNC sans préjudice sensible pour la qualité du service.
 
Avant d'en terminer, je vais vous raconter une petite anecdote qui pourra peut-être servir à quelqu'un un jour. Ayant découpé mon voyage en deux étapes, il m'a pris l'idée tandis que j'étais en province de regagner la capitale où je comptais passer un week-end en voiture de location. Ce qui fur fait. Jusque là rien de remarquable. Ce qui le fut pas contre est la facture qui me fit constater que la location d'un siège enfant constituait plus de 50% du prix total de la prestation. Fort de ce constat je crois qu'il vaut mieux voyager sans enfant en bas-âge, soir amener son siège avec soi. Mais comme je suis bon prince, je proposerai gracieusement à Europcar et aux autres, car c'est la même chose, j'ai vérifié, le slogan suivant : "Avec nous vous aurez envie de faire voyager vos bagages sur les banquettes arrières… et vos bébés dans le coffre".
 
Je viens de lire que Charlie Hebdo avait été victime d'un attentat alors qu'il se préparait à sortir un numéro avec le prophète comme rédacteur en chef. Effectivement les choses s'aggravent en France et je n'avais rien vu.