"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

samedi 19 novembre 2011

Babar fait du pédalo



La première négociation sérieuse, quoiqu'étant donné les protagonistes peut-on croire qu'elle le fut, menée par l'équipe de Hollande assistée des instances solfériniennes, à moins que ce ne soit l'inverse, avec les écolos pastèques s'est transformée rapidement en gag. Bon on peut certes en rigoler, et on ne s'en prive d'ailleurs pas, mais on peut également s'interroger sur la réelle capacité de cette équipe de vainqueurs à diriger le pays dans les turbulences actuelles et qui ne sont pas près de cesser. On peut légitimement se demander, alors que les fois précédentes on courbait juste le dos en attendant que ça passe, mais sans crainte réellement majeure, si l'alternance ne deviendrait pas rapidement synonyme de catastrophe nationale.
 
Essayons de reprendre les choses.
Nous avons en France une gauche assez émiettée et dominée (quantitativement) par un parti socialiste, au passage lui-même émietté en courants parfois contradictoires. Mais au sein de ce parti, sauf quelques tètes brûlées ou personnes de conviction, pourquoi pas, et qui sont parfois allés tenter de promouvoir leurs idées ailleurs, comme Mélenchon par exemple, on a quand même compris que le nombre, sinon l'union, fait la force dans le cadre des élections législatives avec leur mode de scrutin associé qui ramène peu ou prou au sein de ce lieu supposé de décision qu'est l'Assemblée nationale, un paysage politique éclaté vers une représentation bipartiste. C'était la volonté de de Gaulle qui voulait supprimer les magouilles des partis, les petites affaires entre amis de circonstances, les trahisons, les intérêts particuliers, les gamellards pour que le chef de l'Etat, nouvelle mouture, donc véritable chef et non potiche, puisse diriger le pays avec une majorité cohérente. Evidemment quand on y regarde de près, ce n'est pas ce qu'il y a de plus démocratique, mais au moins ça présente une certaine efficacité et évite donc les pratiques malsaines, notamment en vigueur dans la précédente République. Ainsi le parti socialiste est-il devenu le parti de la synthèse et s'est même doté pendant 11 ans d'un premier secrétaire orfèvre en la matière, et qui a pourtant laissé son parti dans un état qui faisait pitié, aux dire de celle qui lui succéda. Etait-ce parce qu'il aime effectivement le consensus, qu'il est suffisamment pacificateur dans l'âme pour vouloir à tout prix concilier les inconciliables, ou plus simplement parce que c'est un homme sans aucun charisme et incapable de s'imposer, et de trancher dans le vif au moment où une décision s'impose? Chacun choisira, mais dans les deux cas de figure, ce n'est pas réellement ce qu'on attend d'un chef, et surtout d'un chef d'Etat. Reste que les socialistes et d'autres, des saboteurs peut-être, on choisi cet homme pour représenter le PS et, par-delà, la gauche, à la future élection présidentielle. Allez comprendre? C'est un peu comme Chirac mal aimé quand il était président et qui devient personnalité préférée des Français quand il n'est plus rien. Peut-être que le père de Moscovici, éminent psychologue social pourra nous expliquer ce curieux phénomène et nous révéler pourquoi le premier secrétaire Hollande n'était pas en position de se présenter à l'élection présidentielle en 2007, tandis que l'ex-secrétaire du même nom est le grand favori pour cette même élection en 2012.
Je reprends avec la gauche. Nous avons donc à côté de ce parti dominant, quantitativement parlant, des partis qui, à condition qu'ils veuillent être représentés à l'Assemblée ou au Sénat, dépendent très largement de lui, compte tenu des modes de scrutin respectifs. Dans cette optique peut-être assisteront-nous d'ailleurs prochainement à une fissuration du front de gauche au sein duquel les communistes, sans doute attachés aux quelques postes leur restant, ne toléreront pas longtemps que Mélenchon s'entête à agresser, voire insulter, le candidat socialiste. Pour faire clair, il faut que le PS lâche des circonscriptions à ces partis. Ce qui évidemment ne se fait pas sans contreparties. C'est comme dirait l'autre du "gagnant-gagnant" : quelques sièges contre une majorité pas trop agitée à l'assemblée. Et au passage, depuis l'instauration du quinquennat, un soutien au second tour pour le candidat socialiste, s'il en reste un. En fait la gauche ne cesse de faire de la IVème République, dont elle regrette visiblement l'existence et les pratiques, mais en amont des élections. Et donc cette proximité des présidentielles et des législatives, se présentant d'ailleurs dans cet ordre du fait de Jospin, ne manque pas d'interpeller sur des alliances de partis qui se confrontent à la première des élections pour mieux se rouler des pelles au moment de la seconde pourtant si proche, et alors que les petites cuisines d'arrière-cour sont désormais terminées. De mauvaises langues pourraient appeler ça de la figuration de la part de certains. On constate d'ailleurs que les électeurs, si l'on en croit certains sondages, ne sont désormais plus dupes, s'ils l'ont été un jour, et votent en grand nombre pour le candidat le mieux placé de leur clique quelques soient leurs convictions, ceci expliquant au passage le faible taux d'intentions de vote qu'enregistre notre walkyrie nationale, bien qu'elle m'en voudrait certainement de la qualifier ainsi, de nationale bien entendu.
 
Le décor étant planté, nous pouvons en arriver au cœur du sujet justifiant le titre de ce billet.
Donc l'équipe de Hollande menée par Sapin dont on ne devrait pas tarder à essayer de nous faire croire qu'après Giscard, Barre et DSK, empêché, c'est le meilleur économiste de France, et aussi le parti socialiste, car il convient tout de même de faire la distinction entre les deux, ont donc mené des négociations dans le cadre de la double élection qui se profile. Négociations pour quoi? En fait c'est assez vague, car on parle de négociations de mandature. Donc il ne s'agit pas véritablement d'un accord sur un programme, celui du candidat n'étant qu'à l'état d'ébauche, ni d'un accord de gouvernement par conséquent. Non, simplement un accord s'assurant pour le PS du soutien des verts à la présidentielle, du moins au second tour de cette élection puisqu'ils ont une candidate, enfin peut-être, et d'un code de bonne conduite réciproque lors des législatives. Duflot a d'ailleurs déclaré que cet accord qui actait des désaccords de fond avait pour objet de débarrasser la France de Sarkozy. Programme qui intéressera sans doute pas mal de gens, mais qui reste néanmoins insuffisant pour prétendre diriger la France. Certes ils se seront bien mis d'accord sur la politique d'immigration ou autres choses destinées à affaiblir encore davantage la France en tant que nation, ils se seront mis d'accord sur la retraite à 60 ans mais sans finalement être sûr de pouvoir y revenir, ils se seront mis d'accord sur le fait qu'il faut une réforme fiscale sans la définir mais qui fera payer les riches bien entendu, et peut-être sur d'autres points. Mais reste que le fond de commerce des verts ce n'est pas vraiment ça. Et donc il fallait régler la question du nucléaire. Qui ne fut pas réglée mais traitée dans la plus grande des cacophonies et d'une manière telle qu'on ne retiendra que deux éléments majeurs : les verts ont renoncé à leurs convictions et préféré aller à la soupe, malgré les paroles intransigeantes tenues par tous leurs dirigeants, même les signataires de l'accord; les socialistes ont fait preuve du plus grand amateurisme en montrant qu'ils ne maitrisaient absolument pas leur dossier. En effet, comment maintenir le projet de l'EPR en signant en même temps l'abandon de la filière mox qui est le combustible prévu pour les réacteurs de troisième génération? Comment conserver deux-tiers des capacités nucléaires existantes en supprimant le mox qui alimente une majorité des réacteurs existant? Evidemment de cette contradiction ils furent rapidement avertis, par AREVA, par EDF, et à coup de blanco ils ont bien tenté rectifié le tir causant un nouveau psychodrame rapidement résolu grâce effluves de la soupe promise aux écologistes. Entre 15 et 30 députés pour ces minables qui n'en possèdent que 4, vous parlez d'une aubaine!
Mais pas de bol quand même pour Hollande! Le cadeau fait aux écolos ne réjouit pas tous les socialistes. L'abnégation a tout de même des limites. Remplacer des députés qui n'ont sans doute pas démérité par des écolos, au nom du bien commun, laisse parfois un parfum d'amertume celle-ci pouvant même se transformer en fronde quand il s'agit de caser Duflot à Paris et Mérieu à Lyon. L'accord pourri avec les verts devient donc source de désaccord chez les socialistes. Là on peut dire bravo! Fallait quand même le faire! Le parti dominant laissant apparaitre ses dissensions alors que le parti le plus faible remporte la mise. En plus d'être des amateurs, les négociateurs de Hollande sont en plus très mauvais puisqu'en étant en position de force ils réussissent l'exploit d'affaiblir leur parti et de renforcer considérablement celui dont l'influence réelle est négligeable. Un groupe parlementaire contre rien, en gros! Et une guerre interne en prime!
Devant un tel exploit on s'est à peine aperçu de la présentation de la "dream team" de campagne du candidat Hollande dont certains des membres avaient déjà montré leur excellence. Une belle équipe que, je ne sais pas pourquoi, certains ont qualifié d'armée mexicaine, mais il est vrai que l'esprit consensuel du candidat imposait que tous les courants du PS, et ils sont nombreux, soient représentés dans cette équipe. Même Jack Lang y figure, c'est vous dire!
 
Quelle histoire! Quelle histoire!

1 commentaire:

  1. je vous ai lu en bas, rien à rajouter, peut être grâce à vos billets , un coin sera mis dans ces suffisants qui n'aspirent qu'à virer NS sans mesures conservatoires

    RépondreSupprimer