"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mardi 22 novembre 2011

Khmers verts : 15 – Socialistes : -2



C'est un peu le bilan de l'accord tellement remarquable que je ne puis m'empêcher de revenir dessus, passé la semaine dernière entre les verts et les socialistes. Tiens, je viens de me rendre compte qu'inconsciemment dans la phrase précédente je viens de donner la préséance aux verts. Mais après tout c'est normal puisque ce sont eux les vainqueurs de cette fameuse négociation.
 
Eux qui n'avaient rien à amener sur le tapis, si ce n'est peut-être les misérables 3% dont est créditée la candidate aux rudes accents nordiques, l'électorat potentiel des écolos ayant majoritairement, semble-t-il opté pour le vote supposé utile au premier tour, repartent avec la mise. Certes sur un plan programmatique, ils n'ont rien obtenu, mais était-ce là l'enjeu pour eux. Renvoyés dans leurs buts sur le nucléaire et sur la construction du nouvel aéroport de Nantes, ces deux sujets étant considérés comme des points de crispation, voire même comme des obstacles incontournables à l'émergence d'un accord, et ça c'est eux qui le disaient, ils ont néanmoins conclu en votant à une grande majorité dans leurs instances le contenu du texte commun, sans blanco celui-là, que c'était un bon accord.
Tu parles, 15 sièges de députés, donc un groupe parlementaire! Je me place ici bien sûr dans l'optique plus que probable d'une défaite de la gauche aux élections.
 
Car en fait de l'accord il ne faut retenir que ça. Le reste, ce n'est que du vent. Et ce n'est pas moi qui le dit, mais eux, les verts et les socialistes.
Voilà ce que déclarait Cécile Duflot dimanche dernier : "Cet accord parlementaire n'engage pas notre candidate qui fera son projet…C'est une chose d'avoir un accord, une autre un projet" et "préparer l'alternance ne signifie pas avoir le petit doigt sur la couture du pantalon ou de la jupe". Par ailleurs celle qui se fait parachuter sur Paris repousse l'idée d'une participation à un gouvernement qui ne renoncerait pas à l'EPR: "Imaginez-vous un ministre écologiste écouter, en Conseil des ministres, son collègue parler de l'inauguration d'une nouvelle centrale?". Au moins les choses sont claires. Les verts n'apportent rien, ne cèdent sur rien, mais acceptent les postes de députés généreusement offerts par le PS. C'est effectivement un bon accord pour eux.
Du côté socialiste, Michel Sapin, chef des négociateurs de Hollande et chargé de l'élaboration du programme du candidat socialiste relativise la portée de l'accord. Car dit-il, dans une interview sur BFM, durant la prochaine législature, à condition bien évidemment qu'ils remportent les législatives, mais ça il ne le dit pas je crois, il n'y aura que deux réacteurs qui fermeraient sur les vingt-quatre promis d'ici 2025. Comme on sait que la gauche est incapable de remporter deux élections législatives consécutives, on voit tout de suite la portée des promesses faites aux verts. Reste que pour les socialistes ce n'est pas vraiment un bon accord, puisqu'ils n'obtiennent rien et permettent aux verts d'obtenir un poids à l'assemblée nationale qui risque, vu le caractère turbulent de ces "alliés" de leur apporter davantage de déconvenues que de bénéfices. Et on peut donc se demander quel fut l'intérêt pour eux de signer cet accord alors qu'ils étaient en position de force et n'avaient absolument rien à recevoir de a part des écologistes.
 
Cet accord est d'autant plus mauvais que deux des figures essentielles du socialisme, deux barons, comme on les appelle, sont quasiment entrés en dissidence. Delanoë à cause de la candidature de Duflot à Paris, Collomb à cause de celle de Meirieu à Lyon. Cette fronde n'est pas anodine et c'est en des termes pour le moins crus que Collomb commente de fameux accord dans le Parisien. (A lire ici).
Dans son interview il fustige une partie des verts qu'il n'hésite pas à qualifier de Khmers verts et en particulier l'ami Meirieu. Voilà ce qu'il dit à son sujet : "Philippe Meirieu, qui dirige le groupe Verts à la région Rhône-Alpes, vote systématiquement contre tous les grands projets de l'agglomération lyonnaise. Avec ses amis, il a même été jusqu'à demander à lire les scénarios financés par Rhône-Alpes Cinéma - une de nos institutions culturelles - pour vérifier s'ils sont politiquement corrects... Je ne peux pas accepter cette forme de terrorisme intellectuel. Je me suis toujours battu contre les Khmers rouges, je ne plierai pas aujourd'hui devant les Khmers verts." On connaissait le Meirieu, fossoyeur de l'école publique, on découvre désormais le Meirieu, adepte des méthodes de la STASI. Il faut dire que rien n'arrête de tels individus dont la devise semble être : "Nuisible un jour, nuisible toujours"
Mais Collomb va bien plus loin dans son interview et nous dévoile que cet accord électoral est la marque de combats intestins (c'est le cas de le dire) au PS. En effet les circonscriptions offertes aux verts sur un plateau seraient actuellement détenues majoritairement pas des gens ayant soutenu Hollande à la primaire. " Un peu partout en France, les circonscriptions cédées aux écolos sont celles où les sortants, ou les mieux placés pour l'emporter, ont soutenu François Hollande à la primaire." Aubry serait donc à la manœuvre pour affaiblir Hollande ou tout du moins se venger de sa défaite à cette merveilleuse primaire que parait-il, tout le monde leur envie. On a donc compris, et Collomb le suggère très fort, que le PS est en ordre de marche pour perdre les prochaines élections et éventuellement permettre à Aubry d'exister de nouveau. Et l'ex-gros, mais toujours mou, pendant ce temps laisse faire.
D'un autre côté, une défaite ne devrait pas trop déplaire aux barons. D'une part, ils savent très bien qu'une victoire nationale est généralement suivie par des défaites aux élections intermédiaires. D'autre part, une victoire de la droite éloignerait sans doute d'eux le spectre de l'interdiction du cumul des mandats, ce dont ils sont généralement tout de même les heureux bénéficiaires.
 
Enfin tout ça, c'est des bonnes nouvelles!

2 commentaires:

  1. il y a dans Marianne 2 en ligne un papier faisant état de la situation précaire financière de EELV motivant clairement la lutte pour les circonscriptions, les législatives faisant tremplin pour remboursement de campagne

    Hollande avait un boulevard pour rester droit dans ses bottes et faire fi de la duègne à 3%

    des Dalton....mais aussi bètes que méchants

    par ailleurs la pression fédéraliste dans les décisions souveraines s'accroît

    Président d'une République d'opérette? vouée à décider de la couleur du mobilier urbain ou des menus des cantines?

    Peut être que tout ce petit monde politique vise Bruxelles, ça paye plus que de se coincer à Paris

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  2. En fait on en est là.
    Effectivement, ça ressemble de plus en plus à un spectacle, mais un spectacle qui rapporte.
    Bien évidemment le financement des partis peut inviter à "se prostituer" pour y avoir accès.
    Quant à la réalité du pouvoir politique national j'y crois peu. Sur le plan économique, ce qui s'est passé en Grèce et en Italie montre que c'est plié. mais ça on le savait déjà, sauf que cette fois on n'a pas pris de gants et dévoilé crument cette réalité.
    Sur le social, et pour les mêmes raisons on y viendra. C'est déjà amorcé.
    Restent donc quand même quelques points comme l'immigration, l'identité nationale. mais là on se rend compte que l'Europe après avoir été plus que laxiste commence à s'harmoniser également.
    On va donc jouer sur des points d détail comme dirait l'autre, mais qui ont leur importance car ils concernent le quotidien ou l'environnement, et pas seulement l'environnement écolo.

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