"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

samedi 14 janvier 2012

Le mariage homosexuel relancé encore une fois



A force d'avoir des points de vue convergents sur l'économie, sur la crise, sur l'Europe et d'autres sujets fondamentaux les deux principaux candidats à la présidentielle ou donnés comme tels, car finalement la probabilité d'avoir quatre candidats, trois de droite et un de gauche empocher à peu près 20% des suffrages chacun me semble assez forte, ce qui au passage montre de quel côté penche réellement la France, devront se départager sur des sujets sociétaux comme le droit de vote des étrangers ou encore le droit à l'adoption pour les couples homosexuels et la possibilité pour ces derniers de se marier. Et donc selon "Libé" Sarkozy serait devenu favorable au mariage homosexuel. Chose démentie quelques heures plus tard. Mais ça permet de relancer le débat.
J'ai mis volontairement ensemble le droit à l'adoption et au mariage car, à mon avis, les deux sont indissociables. J'y reviendrai. Mais avant je vais me permettre une digression sur le mariage en général.
 
Je ne suis pas un grand fana du mariage pris dans son sens religieux, à savoir un engagement pour la vie devant une entité abstraite et supérieure. Peut-être parce que je ne suis pas croyant, peut-être aussi parce que l'observation de l'augmentation du taux de divorce montre combien ce lien du mariage est ténu. Je ne veux pas me lancer dans des considérations philosophiques sur l'amour, mais force est de constater que la solidité de ce sentiment laisse souvent à désirer, ceci occasionnant une séparation pour environ la moitié de ceux qui un jour se sont juré fidélité et assistance. Et je ne parlerai pas des mariages vides de sens au bout de quelques années et qui se maintiennent pour un tas de raisons, bonnes ou mauvaises. Le mariage civil et le droit au divorce qui l'accompagne, l'égalité hommes-femmes, l'émancipation économique des femmes ont en fait définitivement ébranlé l'institution du mariage pris au sens religieux du terme. Le mariage est en fait devenu un contrat à durée indéterminée, avec même souvent des indemnités financières en cas de rupture de ce contrat, alors qu'auparavant, quand il n'était que religieux, il était à durée déterminée ("jusqu'à ce que la mort vous sépare").
Ce constat que certains jugeront cynique n'empêche pas néanmoins que le mariage conserve tout de même un lourd aspect symbolique. A commencer par la tenue de vierge falsifiée revêtue souvent par la jeune mariée à laquelle on évitera désormais d'avoir à faire égorger un poulet pour maculer les draps. Mais tout est en fait dans le symbole de cette robe blanche à usage unique et qui aura coûté un bras. C'est le passage d'un état à un autre. Celui de l'insouciance d'une vie parfois débridée à celui de la responsabilité, la responsabilité de créer une famille. Celui de la disponibilité sur le marché à celui de propriété d'autrui. Un changement qui se fait en grandes pompes devant l'assemblée des parents, des amis et autres connaissances qui souvent ne se connaissent pas entre elles et qu'on prendra pour témoin de cette métamorphose.
Mais le mariage, c'est aussi autre chose. Une chose bien plus durable que le symbole. C'est un cadre juridique qui donne des droits mais aussi des devoirs, les droits de l'un étant souvent les devoirs de l'autre. Mais au-delà de ce contrat balisant les comportements des époux, c'est surtout un cadre juridique destiné à protéger les intérêts des enfants à venir ou peut-être déjà présents, notamment et principalement en cas de rupture du mariage par divorce ou pas décès de l'un ou des deux conjoints. C'est moins romantique que le symbole, mais tellement plus essentiel.
 
Et les homosexuels là-dedans?
 
Voyons tout d'abord l'aspect symbolique.
On peut reconnaitre une certaine légitimité à vouloir officialiser en grandes pompes, autrement que par un bout de papier signé discrètement en mairie et appelé PACS, un attachement réciproque entre deux hommes ou entre deux femmes. Pour montrer qu'on s'aime et qu'on veut fonder une famille. En fait c'est justement là où le bât blesse. Peut-on fonder une famille quand on est homosexuel? La nature, jusqu'à présent répond par la négative. Et c'est sans doute pour cela que l'homosexualité a été longtemps dans nos contrées, et toujours dans certaines autres considérée comme une perversion criminelle, au même titre que d'autres pratiques sexuelles celles-là proscrites et condamnées par la loi sans doute partout. Quoique pour la pédophilie, je n'en suis pas persuadé... Même si dans les années post-68, la pédophilie ne connaissait chez nous pas le même rejet mâtiné d'abjection dans certains milieux libertaires. Mais je crois qu'on en est arrivé à des choses davantage raisonnables autorisant finalement des pratiques amoureuses marginales, je vais y revenir, du moment qu'elles avaient lieu entre adultes consentants. Ce qui exclut donc d'office la pédophilie et la zoophilie. Reste néanmoins le cas de l'inceste qui reste interdit ou du moins qui n'offre aucune tolérance juridique bien qu'il soit le fait de personnes généralement adultes et consentantes. Mais c'est sans doute parce qu'il peut déboucher sur une procréation atypique pour ne pas dire indésirable du fait de tares liés à la consanguinité, mais pas seulement. Je vous renvoie à Lévi-Strauss pour davantage d'explications.
J'en reviens donc à ce point essentiel: d'un couple homosexuel ne peut pas émerger une famille. Et, à mon sens, cela suffit pour que le mariage en tant que symbole soit interdit aux homosexuels. Car c'est quelque part le sens du mariage qui serait atteint si ce mariage était autorisé, tout un pan de la symbolique qui s'effondrerait. En fait je ne comprends pas cette revendication. Les homosexuels, longtemps rejetés, socialement et juridiquement, ont dans un premier temps lutté pour l'indifférence. Et à peine leur a-t-elle été accordée qu'ils se sont battus pour la différence en se déclarant homos alors qu'on en avait rien à faire, en se ghettoïsant parfois, en organisant de grandes fêtes proclamant leur fierté homosexuelle, comme si finalement ils ne se réduisaient qu'à cela. Et les voilà maintenant, alors que finalement on commence à se lasser de leurs douteuses exhibitions, à revenir en quelque sorte à un espèce de droit à l'indifférence en voulant faire comme les hétéros, comme les futurs papa et mamans qu'ils ne seront jamais, biologiquement du moins sauf par le biais de la procréation assistée. Non, ceci est trop réducteur. Ils ne veulent pas l'indifférence, mais veulent simplement imposer à la société ce qu'ils considèrent comme une normalité : voilà, il n'existe pas de norme, homos et hétéros s'équivalent. Ce qui est une hérésie. Parce que l'humanité a bien davantage besoin des hétéros, simplement pour se perpétuer. Parce que nos sociétés occidentales en déclin démographique ne peuvent compter sur eux pour au moins freiner ce déclin. Leur utilité sociale se résume le plus souvent à la durée de leur vie puisque la perpétuation leur est interdite par la nature. Et rien qu'à ce titre ils ne doivent pas accéder à l'institution du mariage.
 
Considérons maintenant l'aspect juridique.
J'ai dit plus haut que le mariage constituait une protection juridique pour les enfants présents ou à venir. Dès lors que les homosexuels sont privés par la nature de cette faculté d'avoir des enfants, dès lors que le droit à l'homoparentalité n'est pas reconnu, même s'il arrive par des détours juridiques que des enfants soient élevés par des homosexuels (mais dans ce cas un seul des membres du couple, l'adoptant ou le parent s'il a eu un enfant issu préalablement d'un couple hétérosexuel, est parent légal et exerce devant la loi l'autorité parentale), cet élément fondamental qu'est la protection juridique des enfants via le mariage est sans objet pour eux. De fait ce n'est qu'après la légalisation de l'homoparentalité, avec autorité parentale partagée, qu'on pourrait envisager le mariage comme solution à une protection des enfants élevés par un couple homo. C'est pour cela qu'en préambule je souhaitais ne pas dissocier adoption et mariage, puisque, à mon sens, celui-ci ne pourrait tirer sa légitimité que de la légalisation de l'homoparentalité. Mais d'autres solutions pourraient être envisagées en dissociant cette protection du mariage en tant que contrat juridique, pourquoi pas par un aménagement du PACS.
Reste que je suis très circonspect sur l'homoparentalité, non pas que je dénie la capacité des homosexuels à élever un enfant, non pas que je ne les pense pas capable de les aimer autant qu'un couple hétérosexuel, mais parce que la société, pour l'instant et pourvu que ça dure, privilégie le modèle père-mère-enfants, qui même s'il connait beaucoup d'entorses, reste le modèle dominant. Et que quoiqu'en disent certains psychologues, mais pas tous, un enfant d'homosexuels risque, à mon avis, de connaitre quelques problèmes psychologiques, d'une part, et d'être marginalisé par les autres enfants, d'autre part, ce qui d'ailleurs pourrait être la source des problèmes psychologiques évoqués.
 
La question de la légalisation du mariage homosexuel comporte des enjeux suffisamment importants, avec notamment des implications pour les enfants, que se servir de ça comme argument électoral semble bien léger pour ne pas dire irresponsable. On sait qui est capable de cela. Les mêmes qui agitent le vote des étrangers à chaque échéance électorale nationale.

4 commentaires:

  1. bonjour

    le mariage est un pilier du 19éme siécle: conservation des terres et accroissement de leurs surfaces
    au 2oéme siècle on inventa l'amour et, rapidement le désamour qui valide la rupture du contrat fait devant Dieu et les hommes
    je pense qu'il n'y a qu'un amour qui se définisse c'est celui de son prochain même si on n'est pas croyant, celui qui porte secours avec abnégation
    L'homosexualité est arrivée en pleine lumière lorsqu'elle fut frappée la première avec les toxicomanes par le sida
    On remercie ces homosexuels qui ont bravé le jugement et ont fait avancer la prévention l'acces aux thérapeutiques jusqu'au PACS
    avant le PACS un couple homosexuel bâtissait un édifice social avec des biens et de la production de dividendes en trésorerie républicaine , l'un mourait,la famille de l'autre rappliquait et raflait la mise et les ains

    tout enfant de cette planète a besoin de savoir s'il descend des goths des étrusques, des wiking, des minoens, je force le trait
    l'adoption barre cet accés et celà change un peu en ce moment ainsi que la naissance sous X
    la procréation assistée embrouille encore pas mal la généalogie

    ce qui précède ne veut pas dire qu'etre élevé par un couple homosexuel barre plus cet accés mais j'aime bien y revenir

    être homosexuel est un destin, peut être un mystère, celà ne changera en rien la fonction première de notre biologique: pérenniser l'espèce

    même si Malle Joris a écrit la maison de papier ou le concept de famille recomposée est né
    même si les homosexuels ont réinventé l'amour éternel, donnant l'impression que leurs liens sont plus forts

    l'idée première est qu'il faut un homme une femme pour faire un enfant et que nos sociétés depuis les plus primitives tournent autour de ça

    notre occident a déjà perdu la colatéralité qui protége encore plus l'enfant par son droit de voix dans les conseils de famille (revoir Yelen, la lumière)
    Levis strauss a décrit tout ça

    on se ramollit et on baisse les bras dans le "au fond pourquoi pas" et les ouverts à tout traitent ceux d'en face de réacionnaires

    un enfant a encore du mal à grandir en voyant papa et maman aimer ailleurs, la pression sociale juge encore

    dans la cours de récré il faudra faire admettre que papa aime papa ou maman aime maman, bref je vous fait pas un dessin quand il faudra lui expliquer comment on fait des enfants sans gréver le budget de la sécu car en plus les lesbiennes poussent jusqu'à l'insémination systématique
    je suis réac, j'assume

    est ce que le fameux mariage homosexuel va jusqu'au bout du débat dans l'interêt de l'enfant?

    j'aimerais mieux qu'un enfant soit adopté par deux hosexuels non pas au nom de leur amour et qu'il leur serve de lien, juste au nom d'une générosité en tout désinterressement

    quels homosexuels sont capables d'accepter leur destin et de faire don de leurs soins et deniers à des neveux ou des enfants en perdition
    pas plus que des héteros certainement, moi l'ai je fait ?

    le don de soi ou tirer la couverture à soi? et s'exonérer

    nos enfants patissent de nos errances et ils apprendront a reproduire ça

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  2. Merci pour ce commentaire très intéressant et pertinent, Cimabue.

    Juste une réserve ou une nuance. Vous dites qu'être homo est un destin. C'était sans doute vrai quand l'homosexualité était réprimée. En plus 'était même une malédiction. Si ça reste un destin pour certains, ça me semble devenu une mode pour d'autres, ou un faire-valoir. Les "coming-out" à la chaine auxquels on assiste me donnent cette impression.

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  3. peut être une variable d'ajustement ne se fait pas parfois à l'adolescence, justement devrions nous demander aux pedopsy si l'absence d'une identification au père ou au compagnon dans une famille recomposée n'est pas facteur
    la question vicieuse étant: est ce génétique ou acquis ou comportemental?

    je pense que les stats seraient mal venues!!!!

    on a tendance à en faire kermesse et posture ostentatoire aprés les affres pénales et la clandestinité, le romantisme dans la littérature, la brillance de certains intellectuels homosexuels quand même jugés jadis ,ou, peut être ne jugeaient ils pas important d'en faire état

    ce dont je suis convaincue est qu'il est plus aisé d'être dans la "norme" depuis longtemps et pour encore longtemps

    par ailleurs l'homophobie crade qui n'a rien à voir avec le fait de se poser des questions comme nous le faisons et, il est bien de le préciser, est une ignominie pire que le racisme si c'est encore possible

    Mais il n'est pas inconvenable de gausser les "grandes folles" qui, pour la plupart forcent sur cette provocation et enfourchent la gay pride dont je cherche l'interêt et le coté porteur pour une fraternité

    probablement un embrouillamini où certains désespoirs ne sont pas absents

    et ces comming out me désespèrent

    pour la petite histoire, une de mes cadres s'est exclamée un jour, au moins "il" ne revendiquera pas les vacances scolaires! j'ai répondu que peut être il avait des neveux et nièces!

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  4. Oui c'est tout à fait ça. Le droit à l'indifférence était le bon et suffisant combat.

    En en faisant trop, en en demandant davantage, ils desservent leur cause.

    Le vrai combat qu'ils devraient mener, c'est vis-à-vis l'extérieur, là où les homos sont sont poursuivis, ostracisés, pendus. C'est dans cette direction qu'il faut agir.

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