"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

dimanche 8 janvier 2012

Orban, le mauvais garçon de l'Europe



"Quand on veut se débarrasser de son chien, on dit qu'il a la rage !". C'est un peu la même méthode qui est utilisée par l'Europe et les Etats-Unis pour discréditer le ministre-président de Hongrie, Viktor Orban. Depuis quelques temps et plus particulièrement depuis le 1er janvier, date de l'entée en vigueur de la nouvelle constitution hongroise, ce chef de gouvernement est dans le collimateur de la commission européenne, de la Maison Blanche, en fait de la BCE et du FMI, et bien entendu des médias heureux d'avoir à se mettre sous la dent le nouveau fasciste de l'Europe. En fait que reproche t'on à Orban : à peu près tout, mais dans les faits, surtout, de reprendre en main les outils monétaires de son pays en plaçant sous la coupe du politique, horreur, la banque centrale de Hongrie. Dès lors, devant ce crime majeur, tout sera bon pour discréditer Orban. En vain sans doute, et même au risque de le renforcer auprès de l'opinion publique hongroise.
 
Un peu d'histoire récente avant de traduire l'accusé devant ses juges.
Après une quarantaine d'années de communisme marquées par la révolution avortée de 1956 et la mise à mort de ses dirigeants à la tête desquels on trouve Imre Nagy, et par un règne sans partage de Janos Kadar, premier secrétaire du parti socialiste ouvrier hongrois, la Hongrie est le premier pays qui démantèle le rideau de fer. Nous sommes en mai 1989. La même année le parti socialiste ouvrier hongrois est dissous, en fait se débarrasse de son épithète "ouvrier". Car comme dans les autres pays de l'Est, les rats n'ont pas vraiment quitté le navire mais se sont adaptés, avec un certain bonheur (pour eux, bien sûr) à la nouvelle donne politique. Aussi le parti socialiste hongrois, après s'être pris logiquement une veste aux premières élections libres, revient en force dès les élections suivantes de 1994, phénomène assez typique alors que les premières années de liberté retrouvée ne coïncident jamais avec la prospérité mais plutôt avec un appauvrissement général qui incite à revenir vers les démons du passé. Néanmoins en 1998 l'alternance se déroule avec l'arrivée au pouvoir du parti conservateur de Viktor Orban qui arrive au pouvoir à 35ans. Orban est connu pour les positions anticommunistes qu'il a tenues lors des dernières années du régime maudit avec notamment ses discours demandant le retrait des troupes soviétiques. Ce n'est donc pas un homme de l'ancien régime, mais un opposant farouche qui ne dissimule pas sa haine pour ceux qui furent les larbins du Kremlin, même s'ils se sont depuis reconvertis. Les résultats d'Orban d'un point de vue économique sont très bons puisqu'il fait passer le niveau de l'inflation de 15 à moins de 8% en 3 ans tandis que le taux de croissance s'élève à plus de 4% du PIB et que l'endettement passe sous la barre des 4%. Parallèlement il réduit le déficit budgétaire et le chômage. S'agissant de la politique étrangère, il fait entrer son pays dans l'OTAN en 1999 et prépare l'entrée de la Hongrie dans l'Union Européenne. Tout ceci lui permet d'arrivée en tête des élections de 2002, mais une alliance de circonstance du parti socialiste avec l'alliance des démocrates libres lui fait perdre sa majorité d'une courte tête à l'assemblée. Les socialistes et leur nouvel allié, défenseur du droit des femmes, des homosexuels, des minorités ethniques et favorable à la consommation de drogues douces (ça ne vous rappelle rien?) vont donc diriger pendant 8 ans la Hongrie pour son plus grand malheur puisque les indicateurs passent rapidement au rouge. La victoire de cette coalition aux élections de 2006 se fait au prix de mensonges ainsi que le révèle le ministre-président de l'époque qui, dans un enregistrement fait à son insu et diffusé, avoue avoir menti sur l'été du pays et de ses finances pour être réélu. Mensonges des socialistes et incurie gouvernementale propulsent en toute logique aux élections de 2010 le parti conservateur au pouvoir avec une marge telle qu'il détient à lui seul plus des deux-tiers des sièges à la chambre unique qui constitue le parlement hongrois. Les socialistes quant à eux se prennent une veste historique passant de près de 47% des voix en 2007 à moins de 20% 4 ans plus tard.
 
Que reproche-t-on au juste à Orban? Eh bien plein de choses.
Fort d'une majorité très confortable lui permettant entre autres de modifier sans problème la constitution, Orban s'est lancé dans toute une série de réformes qui effraient bien naturellement les bonnes âmes. Celles-ci sont bien évidemment pour la démocratie, mais à condition qu'un gouvernement élu démocratiquement reste dans les limites qu'on veut bien lui imposer de l'extérieur.
 
Ça a commencé avec une loi sur les médias qui, par de véritables sanctions financières, obligeaient ces derniers à respecter certains points. La loi jugée, et sans doute à juste titre abusive par l'UE, a été amendée par la Hongrie. Que reste-t-il donc de cette loi? La création d'une autorité sur les médias, une sorte de CSA à vocation élargie puisque la presse entre dans ses compétences. En France, le CSA c'est normal, mais en Hongrie sans doute moins. Certes les membres de cette autorité appartiennent au parti au pouvoir, mais qu'en est-il en France par exemple du CSA avec 3 membres désignés par le Président de la République, 3 désignés par le Président de l'Assemblée Nationale et 3 désignés par le Président du Sénat? Avec en outre les présidents des chaines publiques désignés par le Président? La loi hongroise contraint les journalistes à révéler leurs sources dans des affaires liées à la sécurité nationale. Et puis les médias à garantir une information équilibrée. L'incitation à la haine et à la discrimination est également interdite. Personnellement tout ça me convient. Evidemment la première mouture de la loi allait bien plus loin, condamnant en particulier les outrages aux personnes et aux minorités et majorités, ce qui n'avait pas l'heur de plaire. De fait tout cela supposait que la loi ne soit pas appliquée de manière impartiale et équitable. Ça relevait du procès d'intention donc. Si les amendements apportés à cette loi ont semblé satisfaisants, avec le temps il semblerait que ce ne soit plus le cas, parce que comme je le soulignais en début de ce texte, rien n'est de trop pour fustiger Orban.
 
Il y a aussi ces modifications apportées à la constitution et qui ne plaisent pas.
Tout d'abord la référence aux racines chrétiennes de la Hongrie en choque beaucoup. Assez curieux alors qu'en Europe, existe par exemple dans les constitutions suisses et allemandes une référence à Dieu, et que certains pays européens, le Danemark, l'Islande, la Norvège, le Royaume-Uni ou la Grèce par exemple disposent d'une religion d'Etat. Ne parlons même pas des Etats-Unis où le Président prête serment sur la bible et où sur la monnaie officielle est inscrit "in God we trust". Pour ces pays et bien d'autres non cités, notamment ceux pour lesquels on considère le passage d'une dictature laïque à un Etat régi par la charia comme un progrès, ça ne pose pas de problème. Mais pour la Hongrie, si. Va comprendre!
 
Les références à l'histoire font aussi jaser. Peut-être est-ce la référence aux crimes contre l'humanité commis pas les communistes qui voisinent ceux commis sous la domination de la dictature nationale socialiste? Je ne serai pas aussi mesquin quoique… Mais qu'une nation face référence à son histoire multiséculaire, sans même s'en repentir, fait sans doute désordre dans notre Europe bienpensante.
 
Il y a également cette interdiction du mariage homosexuel. Quelle horreur! Mais horreur partagée par 22 membres de l'UE. Au passage notons qu'il existe un statut de concubin€ pour les homos en Hongrie, pas encore révoqué à ce que je sache, tandis que 11 pays de l'UE ne reconnaissent aucune forme d'union légale pour eux. Mais c'est la Hongrie qui fait tâche dans l'Union.
 
Il y a aussi cette reconnaissance du statut d'être vivant à l'embryon dès le début de la grossesse ce qui devrait selon toute logique mener à l'interdiction ou la limitation du droit à l'avortement existant actuellement (jusqu'à la douzième semaine et prolongation possible de ce délai en cas de viol ou sur indication médicale). Donc en cas de remise en cause de l'IVG, la Hongrie rejoindrait l'Irlande, la Pologne, Chypre et Malte, pays très dangereux. D'un autre côté, peut-être peut-on se féliciter de voir un dirigeant européen s'inquiéter de la démographie déclinante depuis 30 ans de son pays. Car je ne sais pas s'il y a lieu, toute considération morale ou religieuse étant exclue de ce jugement, de se féliciter d'être recordman d'Europe de l'avortement avec près de 210000 interruption de grossesse par an, soit un quart du nombre des naissances. Ah, mais j'oubliais notre remarquable taux de natalité grâce à nos allogènes qui comblent volontiers le déficit engendré par les IVG.
Donc Déjà 4 pays dans l'UE qui interdisent ou limitent strictement l'IVG, mais c'est la Hongrie qui ne l'a toujours pas interdit d'ailleurs qui est une honte pour l'Europe démocratique.
 
J'ai entendu parler aussi d'un redécoupage de la carte électorale. Horreur! Eux aussi ils font ça? Oui mais eux, c'est grave, car ça pourrait les aider à gagner les prochaines élections, tandis que chez nous, hein, c'est pour d'autres raisons qu'on fait ça, des raisons éminemment supérieures bien entendu.
 
Il y a certainement bien d'autres motifs de s'inquiéter, et rassurez-vous, on les trouvera, car rien ne nous empêchera d'être vigilants pour stopper l'avènement d'un Etat fasciste en Europe.
 
Du coup j'allais oublier l'essentiel. La goutte d'eau qui fait déborder le vase et qui permet opportunément d'émettre des critiques sur tout ce qui précède. Imaginez-vous qu'Orban remet en cause l'indépendance de la banque centrale hongroise, imaginez qu'il a décidé de s'approprier les outils monétaires qui lui échappaient en cette période de crise particulièrement grave dans une Hongrie surendettée (situation héritée) et qui emprunte à des taux de plus de 9%. Imaginez qu'il refuse de faire comme la Grèce, de profiter de ne pas être dans la zone euro pour financer éventuellement sa dette par la planche à billet et l'inflation.
Enfin bref, imaginez qu'Orban, fort de son élection, de sa confortable élection, revendique sa souveraineté économique et financière. Qu'il refuse que la Hongrie finisse comme la Grèce, sous tutelle du FMI et de la BCE. La chose est pour le coup simplement inadmissible, pour les deux précités relayés dans leur courroux par les Etats-Unis et la commission européenne et confortés dans leur indignation par les agences de notations dont à cette occasion on perçoit le véritable objectif qui est de livrer le monde aux financiers.
 
En fait, que reproche-t-on à Viktor Orban? Simplement de vouloir gouverner! Ce qui devient de nos jours proprement insupportable.
Et au passage vous aurez compris pourquoi il n'est pas envisageable une seconde de voir quelqu'un d'autre que Hollande ou Sarkozy emporter la prochaine élection présidentielle chez nous. Mais ça les médias libres sauront nous en convaincre.

 

1 commentaire:

  1. je ne me suis pas trop renseignée , j'ai remarqué la gueule dramaturgique de certains intervenants en plateau
    Procés en sorcellerie donc pour planquer le fait qu'on peut faire autrement que jouer au billard, enfin dans le rôle des boule, sous le joug

    L'IVG devait s'assortir d'une politique santé pu contraceptive, qui ne conciste pas à avaler une pilule mais à trouver des pilules en toute sécurité, à surveiller les bilans réguliers, à lutter contre le tabagisme
    elle avait 20 ans, foudroyée par de multiples embolies cérébrales, c'était en 79, c'est toujours un légume (chose vue)
    de plus le nombre d'IVG est le signe de l'abandon du latex
    et on se garde de publier les stats par âge
    Mais comme la peine de mort, la première prouesse française, on finit pas le boulot (mission recentrée de la punition)
    Merci pour cet éclairage, en bas vont sonner le tocsin

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