"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

jeudi 12 avril 2012

Le vote des jeunes


Un récent sondage publié dans le Monde et réalisé par l'institut CSA dresse un état des intentions de vote des 18-24 ans à la prochaine présidentielle. Par ailleurs, le même sondage ayant été réalisé au cours du dernier trimestre 2011, la comparaison entre les deux nous indique une certaine dynamique qui pour certains ou plutôt un certain candidat ressemble à un affaissement.



Quelles leçons tirer de ce sondage?
 
La première est qu'en France la jeunesse est majoritairement de droite, ce qui permet d'avoir encore quelque espoir, ce qui permet de se dire que ce pays n'est peut-être pas encore foutu, qu'il existe encore en son sein des forces capables de le tirer de l'ornière dans laquelle il s'est enfoncé depuis une quarantaine d'années.
 
La seconde est qu'il est temps pour le candidat Hollande que la campagne se termine car à ce rythme, dans trois mois, il ne pourrait sans doute plus se faire rembourser ses frais de campagne. Pour être plus sérieux, pour quelqu'un qui voulait (initialement) centrer sa campagne sur les jeunes, c'est un véritable constat d'échec que ce sondage. Il faut dire à sa décharge qu'alors qu'il envisageait donc au départ de se placer au niveau des problèmes des jeunes, il a vite cédé aux sirènes de l'antisarkozysme, chose plus facile à développer surtout quand on s'y entraine depuis 5 ans voire davantage, que de véritables propositions sérieuses à l'intention de ceux qui seront et feront la France de demain. Et puis, peut-être aussi, ces jeunes ingrats ont-ils envie d'entendre autre chose que des promesses d'assistanat.
Et puis franchement, quand même, quel jeune digne de ce nom peut avoir envie de voter pour un tel personnage, pour cette personne dont l'absence totale de personnalité propre l'oblige à emprunter maladroitement celle de celui qui portait le même prénom que lui et fut ce fameux premier président de gauche de cette 5ème République qu'il honnissait assez pour surtout rien n'y changer. Comment peut-on être enthousiasmé par un pâle imitateur? On ne veut ni de Gerra, ni de Canteloup à l'Elysée, malgré tous leurs mérites (du premier surtout). Et pas non plus de quelqu'un dont le charisme est à peu près celui d'une tranche de jambon. Devant la pâleur du personnage l'état de grâce post-primaires n'aura guère duré longtemps.
 
La troisième est que ce sondage est finalement resté suffisamment sous les radars (devinez pourquoi?) pour que nos brillants analystes n'aient pas trop à se fatiguer pour trouver les raisons de ce vote ou plutôt puisque nous en sommes encore là de ses intentions de vote.
J'imagine bien que pour beaucoup de nos penseurs, intellectuels, journalistes, bref, tout ce qui essaie de formater l'opinion de ce pays, ce sondage reflète une situation scandaleuse, honteuse. On se contente donc d'une part de ne pas trop en parler, et d'autre part, puisqu'on ne peut tout de même pas l'ignorer de se concentrer sur le vote en faveur de Marine Le Pen et d'en tirer des analyses relativement simplistes ou plutôt justificatrices, c'est-à-dire à prendre dans le sens d'un vote irrationnel ou fondé sur de fausses analyses ou encore sur une mauvaise situation individuelle conjoncturelle. On traite finalement les jeunes qui débarquent dans le corps électoral et envisagent de voter pour le FN de la même manière que leurs aînés. Une poignée de fachos autour de laquelle se sont agglutinés des gens, pas forcément méchants, mais pas assez évolués quand même pour comprendre d'une part le sens de l'histoire, et d'autre part, que leurs problèmes sont soit fantasmés, soit seront mieux traités par ceux qui les nient à longueur de temps. Donc pour les jeunes, ce sont évidemment les plus pauvres, les moins diplômés, ceux qui se sentent menacés par la mondialisation, ceux qui considèrent les immigrés comme des concurrents pour accéder au travail, donc pour résumer ceux qui n'ont rien compris, qui se jettent dans les bras de Marine Le Pen. La preuve, les étudiants des universités, eux, votent à 30% (on reste quand même loin des 39 globaux de fin 2011) pour Hollande et 28 pour Sarkozy (une courte majorité vote préfère la droite. Faut-il aussi désespérer d'eux?). C'est donc évidemment le rebus de la jeunesse qui vote FN. CQFD. Sauf que ce rebus, il travaille ou essaie de travailler et est donc au contact de certaines réalités que les étudiants ne connaissent pas. Sauf que ce rebus, sans doute effectivement faisant parti des classes les moins favorisées, celles qui doivent subir en particulier, sans échappatoire possible les rigueurs de la carte scolaire, a déjà testé le modèle de société que les forces "progressistes" nous proposent. Vous savez ce modèle métissé, du moins celui vantant l'horizon indépassable de cette diversité qui serait censée devenir notre avenir, pour notre plus grand bonheur. Oui, ils ont testé ce modèle, davantage que les étudiants, davantage que les enfants de riches (socialistes inclus), davantage même souvent que leurs ainés. Et peut-être avec davantage d'acuité que beaucoup ils peuvent effectivement deviner quelle sera la société française dans quelques petites décennies si on continue sur cette voie. Et face à cette menace, l'offre politique est quand même assez mince. Certes, Sarkozy avant les élections adopte un discours qui pourrait convenir à cette fraction de la jeunesse. Mais le même discours a été entendu avant les échéances de 2007 et même pendant le quinquennat, à l'occasion par exemple du magnifique discours de Grenoble, et les actions menées sont restées bien timorées. Dommage! Reste donc uniquement l'offre Le Pen. Dommage aussi!
 
Cependant il faudrait prendre garde. Et là j'en appelle aux forces de droite qui il y a une vingtaine d'années avaient encore un discours cohérent sur l'immigration et l'intégration des étrangers. L'évolution de la jeunesse vis-à-vis du front national permet sérieusement d'envisager pas dans 5 ans, peut-être pas dans 10 encore, mais peut-être déjà, une véritable présence de ce parti aux commandes du pays. Hier les jeunes rejetaient le FN, aujourd'hui ils le placent à un haut niveau dans leurs intentions de vote. Je ne sais pas si demain ils vont le plébisciter, mais il faut tout de même comprendre que ces jeunes qui votent désormais Le Pen sans complexe continueront sans doute à le faire demain quand ils seront bien intégrés dans la vie active. Le parti lepéniste a donc un fort potentiel devant lui. A moins que…

3 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  2. j'ai cliqué sans corriger, c'était immonde, je reviens plus tard

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  3. MLP n'est interrogée par les journalistes que sur sa théorie économique et les migrants ainsi que les "issus de" devenus français par le sol
    le premier thème , par son aléatoire, sert à assourdir le deuxième n'en retenant que la xénophobie
    ce qu'elle dit en fait n'est pas traité , jamais, à savoir: le bazar des règlements UE sur la production , l'économie, la finance, le bronx de la politique migratoire, la fluidité des entreprises à fuir vers de la main d'oeuvre low cost

    ce n'est que ce que disent bon nombre
    quand on arrive à ses solutions, tous aux abris! mais ces jeunes sont déjà dans ses jupes et en face personne ne clarifie

    pourquoi? pour le report des voix

    ainsi le sondagier éclaire un phénomène social mais ça ne sert que les urnes et ensuite game over

    vous le dites et je l'ai souvent dit: un jour game 'll be never over
    un jeu dangereux

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