"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

dimanche 6 mai 2012

Ambiance de kermesse II


Il y a deux semaines, je vous avais raconté (ici) le déroulement du scrutin au consulat de ma ville. Ambiance plus que festive comme vous aviez pu le constater avec en outre la mise en œuvre d'avancées démocratiques que même le candidat socialiste n'avait osé imaginer, puisque nos hôtes russes étaient conviés à participer au scrutin. Vous vous souvenez que le résultat avait été sans appel, le président sortant obtenant un score qui ferait baver d'envie le pire dirigeant de la pire république bananière. Mais nous on est comme ça : quand on vit à l'étranger, on sait ce qui est bon pour la France et on sait faire partager nos convictions.

Donc aujourd'hui, c'était le second tour, dernière possibilité pour nous de voter avant 5 ans, sauf referendum, puisque pour la première édition des législatives à l'étranger nous sommes invités à voter par internet ou par correspondance. Il faut dire que l'organisation des scrutins coûte tellement cher en alcools, viandes, prestations artistiques et charbon de bois qu'au-delà de deux ce n'est plus possible. Nous craignons d'ailleurs de n'être pas invités à nous prononcer si un referendum est organisé avant la fin de l'année et le renouvellement du budget, sur le droit de vote des étrangers aux élections locales, ce qui serait un comble alors que nous testons avec succès la participation des étrangers aux élections nationales, alors que dans les faits les étrangers c'est nous et eux les nationaux, mais que l'enjeu national se situe hors de leur nation. Vous n'avez peut-être pas tout compris? Manque d'ouverture d'esprit.

Alors ce matin, ce fut avec émotion que nous nous dirigeâmes vers le consulat. Comme cela était à prévoir, étant donné le succès inattendu de la dernière séance de vote, il y avait la queue devant la grille du consulat. Le bouche à oreille, le téléphone arabe étant inconnu sous ces latitudes et longitudes, ayant bien fonctionné et au-delà même de toute attente, l'accès au bureau de vote n'était pas aisé. D'autant plus que des militaires stationnés provisoirement en ville dans l'attente de la fête de la victoire qui sera célébrée le 9 mai, avaient eu vent de la possibilité de voter selon des rites peu connus mais fort attirants et étaient venu avec leurs chars, ce qui encombrait un peu la chaussée d'ailleurs fort peu large à cet endroit. Mais passons, l'essentiel c'est que tout le monde ait pu être accueilli.

Je passerai sur les réjouissances qui étaient les mêmes qu'il y a deux semaines : blinis, caviar, champagne pour le petit-déjeuner, chachliks, bière, vodka, à l'heur de barbecue le tout agrémenté d'un spectacle de striptease effectué par l'école locale en la matière. Tout au plus y avait-il un spectacle supplémentaire donné par les ainées âgées de 18 ans environ des élèves de l'école de striptease, venues du Golden Dolls, le Crazy Horse local, mais réservé aux VIP. Là-bas les VIP sont ceux qui se considèrent comme tels. Mais néanmoins il y eut suffisamment de place contrairement à ce qui se serait passé en France où l'humilité n'est pas spécialement une vertu nationale.

Je m'attarderai juste sur quelques modifications pratiques et sur un léger incident dont on espère qu'il n'aura pas de fâcheuses conséquences.

Arrivé devant le bureau de vote chacun pouvait voir une banderole sur laquelle était inscrite : "aujourd'hui, nous votons pour vous!". Au début il y a eu comme une légère interrogation, car on se disait que c'était pas nous qu'on se présentait à l'élection mais Nicolas le Magnifique et François la Guimauve. En fait l'explication était simple. Il s'agissait juste de comprendre que le personnel du consulat avait déjà déposé les bulletins dans l'urne, à notre place. Il faut dire que le consul n'avait rien laissé au hasard. Après l'annonce d'une chasse aux sorcières si Hollande l'emportait et sachant que chaque voix compterait, il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour sauver son poste. Il se voyait mal en effet, dès la semaine prochaine, à Tombouctou en train de distribuer des visas de tourisme et peut-être de travail aux membres de l'aqmi. Tout fut donc organisé pour qu'aucun de nous ne fasse une erreur dans son choix, surtout les Russes incapables de déchiffrer l'alphabet latin et même le cyrillique après un certain laps de temps.

Tout aurait pu se passer fort bien si un individu ne s'était pas écrié "Hourra Hollande". On ne sait pas si c'était pour rire, s'il était trop ivre pour raisonner ou s'il était sincère ou encore suicidaire. Reste qu'il fut vite saisi par quelques mains, tondu et fiché d'un écriteau où était inscrit en français et en russe "collabo". Le gendarme de faction qui passait par là se souvint qu'il avait une boite de cirage noir dans son bureau et se proposa de la mettre à disposition pour un traitement de faveur dont je vous dispense les détails. Ce qui fut fait. Ensuite l'individu fut suspendu au mat des couleurs, histoire de faire un exemple. C'est à ce moment-là que le consul parti sans doute entre temps bourrer l'urne passa par là et blêmit de façon très visible. C'était le maire-gouverneur de la ville qui était en train de battre des jambes au-dessus du vide. Vite on le redescendit, le récura à l'acétone et lui présenta les plus plates excuses. Mais visiblement il était fâché. Tandis que le consul devenait de plus en plus pâle s'imaginant, au lieu de Tombouctou, à Mogadiscio cette fois. Il fallut donc employer les grands moyens. Puisque Môssieur était trop fier pour accepter des excuses que d'ailleurs lui-même aurait dû fournir après ses propos déplacés, il fut décidé de le mettre hors de nuire. Un entonnoir et quelques bouteilles de vodka firent l'affaire. Ensuite on le balança sur un bateau-mouche qui passait sur la Moika en espérant que son cerveau serait assez atteint pour qu'il n'ait aucun souvenir de ce qui l'avait amené là quand il se réveillerait, c'est-à-dire pas avant longtemps, très longtemps.

Tout ceci n'empêcha évidemment pas la fête de continuer jusqu'au dépouillement qui n'eut pas lieu car comme tous les bulletins pourtant le nom de notre champion, et seulement eux, étaient dans l'urne et comme on en connaissait le nombre avant le vote, l'opération était inutile.
Et ce fut donc avec tristesse et souvent à quattre pattes que nous nous séparâmes en jurant bien que dans 5 ans nous ferions encore mieux.

2 commentaires:

  1. j'aime bien la saga des apprentis démocrates en barbarie
    ici tout va bien, on n'est plus des barbares et on ne se sert plus de nos mains comme outil de démocratie, une bande organisée s'est constituée et lave les cerveaux à l'aide des nouvelles technologies, ça a commencé à donner quelques effets mais la bête immonde a développé des anticorps et le deuxième tour manque d'encablures pour l'anéantir
    .....
    sans rigoler Expat, avec un écart de moins d'un point, nada , nul, là je sais pas ce qu'on ferait
    et électionscope un organisme dont on ne parle jamais n'en n'est pas loin

    Mais je vous disais donc ici c'est dans les neurones que ça se situe sans vodka, juste avec de l'essence de connerie à effet retard

    RépondreSupprimer
  2. Expat,cimabue, salut, que dire de plus sans sortir de la dérision ???
    on y est presque, ma chérie conduit, on est entre lorient et le golfe comme je t'avais dit, il fait super beau temps,j'ai un début de coup dans la crête aïe, ce n'est que le début :-),à toute allure.....

    RépondreSupprimer