"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

vendredi 25 mai 2012

Petit bilan des 10 premières journées (1)


Au moins on ne pourra pas dénier à François Hollande une certaine habileté, il faut dire amplifiée par les bonnes grâces des médias. On a eu un aperçu très récemment de cette complicité entre les médias et lui quand lui fut posée une question concernant Arnaud Montebourg fraichement condamné à laquelle évidemment il ne répondit pas, se livrant à une pirouette peut-être digne du premier secrétaire du PS mais certainement pas d'un président de la République se servant de son hôte pour détourner la question, ce qui, au lieu de soulever au moins la critique de celle qui posait la question, provoqua l'hilarité générale. Il suffirait donc désormais de lancer une bonne vanne pour ne plus répondre aux questions posées et se faire sans doute encore davantage encenser.
C'est vrai que d'une part un calendrier auquel il n'était pour rien, et pour cause, et, d'autre part, la nécessité de brasser beaucoup d'air avant les législatives du fait d'une victoire pas si écrasante qu'espérée à la présidentielle lui ont permis et l'ont obligé à occuper le devant de la scène. Et bien entendu, il savait qu'il serait attendu au virage selon l'expression, d'autant plus que son inexpérience et son manque de caractère avaient été mis en avant pendant la campagne électorale. Il lui fallait donc convaincre qu'il n'était pas celui qu'on pouvait croire. Et il semblerait qu'il l'aurait fait, selon certains du moins.
Mais reprenons toutes les péripéties qui ont marqué ces 10 premiers jours.

On passera très vite sur le premier jour qui se présenta sous de mauvaises augures, au moins météorologiques. On se rappellera son inélégance, pour ne pas dire sa grossièreté, ses trois costards à mettre eu pressing, en espérant que comme Mitterrand il n'avait pas laissé la clé comportant le code nucléaire dans la poche de l'un d'eux (raconté par l'intéressé dans un dîner chez Séguéla peu après sa prise de fonction), son avion foudroyé ce qui arrive très régulièrement et n'oblige pas en principe à se poser en urgence, ses premiers pas maladroits heureusement guidés par une Angela vigoureuse sur un tapis rouge étranger, et une discussion dont évidemment rien de concret ne sortit mais qui allait augurer d'autres rencontres sans doute moins courtoises. Bref, une journée bien remplie mais qui aurait sans doute finie dans le journal d'un monarque marquée d'un "rien". Mais il est tellement vrai que les "rien" donnent souvent davantage de grain à moudre que les choses importantes, tant il est plus facile de les traiter.
Ah si j'oubliais sans doute l'essentiel : le premier acte décisionnel d'un président de la République qui est de nommer son premier ministre. Ce fut pour les Français l'occasion de vérifier une fois de plus que les promesses n'engagent que ceux à qui elles sont adressées. Ce n'est pas en soi que la nomination de celui-là plutôt qu'un autre me dérange du fait d'une vieille histoire. Mais promesse fut donnée sans que des restrictions à son champ d'application soient définies, comme par exemple une réhabilitation (terme qui me semble assez peu approprié puisqu'il suppose que la personne en question a été blanchie, mais comme c'est le terme juridique ad hoc, nous devons l'utiliser).

Le lendemain, ce fut la désignation du gouvernement. Un gouvernement idéal, black, blanc, beur, jaune, et avec un nombre de ministres nécessairement pair pour que puisse être respectée la parité. C'était une promesse de campagne, donc du sérieux. Bon on n'y regardera pas trop si les femmes se sont plutôt retrouvées confinées à des rôles assez traditionnels pour elles, à la fibre évidemment plus sensible, et donc à des rôles plutôt secondaires. Seule exception, Taubira à la justice, ce qui fait jaser et les raisons ne manquent pas. Mais je n'ai pas le temps ni la place d'en parler ici. Un gouvernement composé essentiellement de professionnels de la politique, énarques et fonctionnaires dont beaucoup de membres de l'éducation nationale, donc taillé sur mesure pour régler des problèmes économiques et financiers qui sont tout de même les plus urgents à régler. C'est tellement bien d'avoir des gens de terrain à la tête des ministères. Les conseillers nommés un peu plus tard pour entourer le président à l'Elysée ont sensiblement les mêmes caractéristiques au niveau origine. Mais l'impératif de parité ne s'applique pas à eux puisqu'il y a environ 80% d'hommes. Peut-être une volonté de Valérie qui aura son propre cabinet dirigé par un vieil ami journaliste, bien sûr, et qui pourra rappeler au président sa promesse d'élargir la niche fiscale des journalistes. Ou simplement parce que les conseillers, même si ce sont eux qui finalement dirigent, restent souvent dans l'ombre et que donc leur sexe, leur genre pardon, on s'en moque quand même un peu.

Vient ensuite le jeudi. Premier conseil des ministres, première photo officielle. Combien en restera-t-il après les législatives puisque le premier ministre déclare que les battus aux législatives devront quitter le gouvernement? Du coup la toute nouvelle porte-parole du gouvernement et accessoirement ministre des droits des femmes (ce qui laisserait supposer qu'il y a des droits spécifiques aux hommes) s'estime trop surchargée de travail pour faire campagne pour les législatives. En fait c'est dur d'être ministre en début de quinquennat. Parce qu'on n'est pas sûr d'y rester 5 années et qu'il est quand même utile d'avoir un point de chute quand on sera viré. Et à ce niveau-là, grâce à Sarkozy d'ailleurs s'opposant ainsi à l'esprit de la 5ème République tel que pensé par de Gaulle qui voulait justement des ministres fiables et qui donc ne pourraient retrouver facilement un refuge à l'assemblée puisqu'il fallait que leur suppléant et remplaçant veuille bien démissionner et que soient organisées des élections partielles, l'assemblée nationale est un endroit assez accueillant pour les ministres en déshérence. Encore faut-il être élu.
Sinon, on signe une charte de déontologie qui quand on en voit le contenu laisse à penser que ce qui pouvait passer pour évident par le passé ne l'est plus. Ça rassure. On diminue son salaire de 30%, ce qui ne veut pas dire grand-chose car la limite entre ce qui est pris en compte par le ministère donc l'Etat et le ministre en tant que salarié est toujours évidemment floue. Mais ça permet de camoufler que ce gouvernement n'est pas vraiment ramassé, est même plus étoffé que le précédent et que tout ça, avec les cabinets, les conseillers, les larbins supplémentaires, ça se paie.


Pour des raisons de longueur, suite et fin (sans doute) demain.

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