"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

jeudi 26 juillet 2012

France coupable, France soumise


Je n'avais guère prêté attention au discours prononcé par Hollande lors de la commémoration de la rafle du Vel d'Hiv jusqu'à ce que commencent à fleurir les réactions. En fait j'avais lu la veille que la grande question (tu parles!) était de savoir si Normal allait s'inscrire dans la continuité de son ami Chirac, ou revenir aux errements anciens et donc aux positions tenues par son modèle Mitterrand lui-même en symbiose avec de Gaulle. L'amitié l'emporta! Et beaucoup de gens furent contents. Sauf évidemment quelques grincheux dont principalement Guaino et Chevènement. Ce qui m'amena donc à voir ce qui pouvait énerver de vrais patriotes dans les propos tenus par le nouveau président. Bien sûr j'ai vite trouvé et ça m'a énervé aussi.
Mais après tout, me suis-je dit, Normal, et c'est logique, a tenu un discours que la majorité des gens attendaient. Le discours de la culpabilité de la France, le discours de la repentance, celui auquel les Français se sont habitués, ainsi au passage que les descendants des victimes de leurs ancêtres, celui que nous avons si bien intériorisé que nous passons notre temps à honorer des dettes imprescriptibles, à être honteux de notre passé, et à faire en sorte que rien ne laisse à penser que nous n'avons pas compris la leçon. C'est cette même logique qui éloigne Louis XIV et Napoléon des programmes d'histoire au collège et en exclut définitivement Charles Martel. C'est cette logique qui dissuade la gouvernement Villepin, sous Chirac, de célébrer le bicentenaire de la bataille d'Austerlitz, mais qui presque simultanément voit la France avec son porte-avion nommé de Gaulle, le pauvre, célébrer Trafalgar aux côté des la marine britannique. C'est vrai que Napoléon avait rétabli l'esclavage et donc…
La France est donc devenu un pays qui a appris à ne plus s'aimer, et même davantage à flétrir sa mémoire en occultant les plus belles pages de son histoire, en reniant sa culture, en se transformant en enveloppe administrative où tout doit être égal, mais surtout les autres.

  
S'agissant du discours tenu par Normal 1er à l'occasion de la commémoration de la rafle du Vel d'Hiv, une phrase au moins est de trop. Notre Normalité dit en effet : "La vérité, c'est que le crime fut commis en France par la France". Cette seule phrase va beaucoup plus loin que la reconnaissance du crime, car effectivement c'en est un, par l'Etat français selon la formulation employée par Chirac en 1995. Car cette fois ce n'est pas une entité administrative qui est mise en cause, mais la France elle-même, la France en tant que donnée atemporelle. Ce discours ne tient aucun compte du fait qu'il existait une France résistante au même moment dont on aimerait que dans la bouche d'un chef d'Etat français, elle soit considérée comme la vraie représentante de cette France atemporelle chère à de Gaulle ("J'ai toujours eu une certaine idée de la France"). C'est pourtant la face sombre de cette France qu'il choisit pour incarner cette idée de la France, en jetant aux oubliettes de l'histoire tous ceux morts pendant cette période ou ayant souffert dans leur chair ou simplement combattu pour cette France qu'ils aimaient et qui était si éloignée de celle que le gouvernement de Vichy voulait incarner, même de façon légale, bien que ce dernier point soit discutable. Ce discours ne prend pas en compte non plus le contexte. L'occupant nazi n'existe plus dans le discours. Mais c'est vrai que, comme le soulignait Hessel, l'occupation allemande fut très urbaine.
La France en temps qu'entité atemporelle ne peut souffrir d'être mise en accusation pour ce crime. Il est le fait de dirigeants français, de rencontre, mais pas de la France. Quand je pense à celle-ci, c'est vers de Gaulle ou Jean Moulin que s'orientent instinctivement mes pensées, pas vers Laval ou Bousquet, même si je dois me souvenir qu'ils font partie de son histoire. Hollande, par son discours culpabilisateur de son pays, nous convie à penser que ces deux sinistres individus ont incarné la France. Pas les deux autres.
Guaino et Chevènement se sont très justement offusqués de ces propos. Mais ils furent bien seuls. Comme quoi cette idée d'une France fondamentalement mauvaise, celle qui colonisa, celle qui pratiqua l'esclavage, celle qui déporta des Juifs, a désormais pris le dessus dans l'imaginaire de nos élites et malheureusement, par transitivité, d'un peuple ayant perdu toute fierté de lui-même et préférant se complaire dans le bourbier de la repentance et courber l'échine plutôt que de se redresser face à l'insécurité culturelle qui le menace.


Courber l'échine, c'est effectivement l'expression qui convient, et au quotidien. Car il s'agit d'accepter beaucoup pour ce peuple qui se pense sans doute assez mauvais pour devoir subir en silence et même parfois en applaudissant ou en plébiscitant ceux dont ils est sûr qu'ils iront dans ce sens, les reculades de ses dirigeants face à l'intrusion d'une culture qui n'est pas française et leur bienveillance face à des entrées incontrôlées de ceux qui la portent majoritairement, l'indulgence de sa justice rendue pourtant en son nom, son exclusion des grandes métropoles dès lors qu'il ne dispose pas des revenus suffisants au profit de ceux pour lesquels on ne fait jamais assez malgré les milliards d'euros déversés pour améliorer leur existence.

 
Quelques exemples.

Le ministre de l'intérieur se rend sinon en grandes pompes au moins de façon ostentatoire, car c'est l'objectif recherché, à la mosquée de Paris pour rompre le jeûne. Quand verra-t-on un ministre de l'intérieur se rendre autrement que pour des raisons de croyance, à une messe de Noël en faisant en sorte que tous les catholiques soient au courant? Sans doute invoquera-t-il le respect de la laïcité pour ne pas le faire tandis que le fait de se rendre à la mosquée sera considéré comme un signe d'ouverture à la diversité. Un maire socialiste, celui de Strasbourg grand pourvoyeur de fonds pour la construction de la grande mosquée de sa ville, nous a sorti cet argument pour justifier que dans les cantines municipales soient servis des repas hallal tandis que le poisson ne figurait pas au menu du vendredi.

C'est sans doute aussi au nom d'une dette imprescriptible que les étrangers en situation irrégulière ayant plus de 3 mois de présence en France et des revenus inférieurs à un peu plus de 600 euros, mais qu'on est obligé de croire sur parole puisque comment un irrégulier pourrait-il justifier des deux choses, peuvent être soignés dans de meilleures conditions que beaucoup de Français ayant toujours cotisé à la sécurité sociale et même que tous les Français puisque pour eux tout est gratuit, le gouvernement, celui qui nous parle de justice sociale mais n'est pas capable d'assurer aux Français démunis ce qu'il offre à des irréguliers dont le destin immédiat devrait être d'être renvoyé chez eux, ayant jugé que même un droit d'entrée annuel de 30 euros constituait une injustice vis-à-vis de hors-la-loi, car c'est bien cela qu'ils sont. Ceci constitue évidemment un appel d'air que l'illégalité de la garde à vue pour les irréguliers et la réforme de la rétention avant sans doute un jour sa disparition pure et simple ne peuvent que renforcer.

Mais évidemment cette générosité outrancière, ce sens démesuré de l'accueil, cet aggravation corrélative de l'état de nos finances publiques, tout cela se fait sans contrepartie. L'assimilation est devenue un gros mot, l'intégration ne veut plus rien dire. Et les quartiers anciennement populaires changent de culture, les classes populaires continuant à les fuir pour aller plus loin, de plus en plus loin de ces centres-villes où ils n'ont pas accès faute d'argent et des banlieues où ils ne ses sentent plus ou ne sont plus chez eux. Celles-là, les classes populaires, on les oubliera. De toutes façons ils ne votent pas ou votent FN, en tout cas presque plus à gauche. Et les nouveaux prioritaires, ceux qui dans la bouche d'un Hollande candidat représentent l'avenir de la France alors qu'ils ne représentent que 8% de cette France en nombre, seront ces habitants des banlieues parce qu'on croira ou fera croire que quelques voitures brûlées, celles de leurs voisins d'ailleurs, ont valeur de revendication sociale. Et ils auront tout sans être davantage intégrés, comme vient de l'indiquer la cour des comptes. Pourtant l'argent a été déversé sans compter, toujours pour les mêmes ainsi que le montrent des études sérieuses. Une de 2006 par exemple, la date indiquant encore une fois que le phénomène touche autant la droite que la gauche, comparant un quartier de Marne-la-Vallée, quartier agité bien sûr, et un autre comparable, mais calme de Verdun, montre que chaque habitant du premier quartier a coûté 12450 euros en rénovation tandis que le malheureux Meusien, d'autant plus malheureux que ses revenus globaux sont plus faibles (20% en termes de revenu moyen) a coûté à la collectivité 11,80 euros.

J'allais oublier la justice. Mais inutile de faire de longs discours. Chaque jour nous apporte son lot de faits divers mettant en cause des individus multirécidivistes et c'est souvent un euphémisme, comme celui qui après 22 interpellations tue une femme et son enfant avec sa voiture alors qu'il était alcoolisé, canabisé, et sans permis. Pourquoi n'était-il pas ailleurs, en prison ou hors de France puisqu'il s'agit d'un étranger? C'est vrai que Sarkozy a supprimé la double peine. Mais que cela n'empêche pas notre ministre de la justice respectant le programme de notre Normalité de supprimer les peines plancher pour les récidivistes de toutes façons peu appliquées par des juges se prenant sans doute pour des dieux et donc n'ayant plus à appliquer d'autre loi que la leur. Reste qu'ils jugent au nom du peuple français. Mais c'est vrai que quand il ne subit pas en silence, il approuve.

Hier, à Marseille une femme portant burqa subit un contrôle d'identité auquel elle tente de se dérober, en disant tout d'abord qu'elle ne reconnait pas les lois de la République et en rameutant ses coreligionnaires. On n'est pas loin d'une mosquée. 3 policiers sont blessés légèrement. La femme et son compagnon sont emmenés au commissariat et… relachés, sans suites, dans un souci d'apaisement en période de ramadan. A Noël, les chrétiens pourront conduire bourrés, dans un souci d'apaisement aussi.

 
Jusque où iront donc les Français dans cette soumission à l'autre, cette soumission entretenue par ses discours de repentance qui n'en finissent pas. Les Français d'aujourd'hui ne sont ni colonisateurs, ni esclavagistes et n'ont déporté personne. Certains de leurs parents ou ancêtres l'ont fait, mais peu en fait. Ils n'ont pas à payer pour eux. Qu'ils reconnaissent les faits est une chose, que l'Etat ne se dérobe pas à la vérité est logique, mais il faudrait que ça s'arrête là, une fois pour toutes. Encore pour cela faudrait-il retrouver une certaine fierté de son pays. Mais ni les gouvernants, ni l'école ne donnent l'impulsion nécessaire, bien au contraire.

2 commentaires:

  1. cette cérémonie mémorielle pouvait s'en tenir au seul discours, même si c'était un deal sournois pour tracer la route de normal un
    il a cité les résistants et les justes
    peut on se souvenir paisiblement en France de la Shoah
    non parce qu'une volée de vautours rappliquent: et les colonies et l'esclavage, en faisant court on comprend, il y en a que pour les juifs, les noirs , bernique
    et le discours de Grenoble? parce que vouloir régler le problème rom c'est être fils de Pétain
    chaque fois que vous parlez à un juif sur cette planète, on vous cerne: et la Palestine assassinée, on a même un vieillard de service pour ça
    ce n'est pas de repentance de soumission dont la France souffre c'est d'un bouillon d'inculture politique et le peuple de France est sous une propagande, comme il le fut en 40 et on n'a pas les résistants pour résister, parce que pour résister il faut comprendre et pour comprendre on a les intellectuels partisans ou utilisés par des journalistes ou des néo journalistes
    quelqu'un dira t'il un jour: ce n'est pas se repentir qui est utile, c'est se rappeler que vos parents et grands parents n'on su se défaire de la propagande et que vous, informés à outrance vous courrez le même danger, enfin on attend de voir qui seront les victimes, quelques bougnouls, quelques youpins, la routine, mais peut être que ça sera plus grave

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  2. Vous avez raison. l'inculture politique et historique sont les fléaux de notre société.
    Le cliché est à l'honneur, rabâché à longueur de temps assez pour qu'une opinion divergente, l'énoncé d'une simple vérité historique, du fait constatable par tous, soient considérés comme l'expression du mal absolu qu'on résumera volontiers par facho.

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