"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

dimanche 3 février 2013

Tartuffe au pouvoir


Certains disent de lui que c'est un homme sympathique. Parlez-en à ceux qui ne sont pas de son bord.
Certains disent de lui que c'est un pragmatique. Si le pragmatisme est l'art de revenir sur ses promesses, si le pragmatisme est le louvoiement perpétuel à la recherche du vent porteur, si le pragmatisme vise à ne mécontenter personne (tout en ne contentant personne non plus), il doit effectivement l'être.
Certains disent de lui qu'il sait où il va. Si tenter de mettre en place les éléments de basse politique pour s'assurer les meilleures chances d'être réélu, c'est sans doute vrai.

Mais en fait il n'est ni sympathique, ni pragmatique, ni visionnaire. Il ne manque certes pas d'habileté, ni de ruse, ni même de cynisme (car ça peut-être aussi une qualité), ou d'autres atouts, mais tout cela n'est mis qu'à son seul service, le sort de la France passant au second plan. Sans doute fait-il partie de ces vaniteux qui pensent que ce qui est bon pour eux l'est pour leur pays et parce que c'est finalement plus simple préfèrent s'occuper d'eux-mêmes que du second.

On lui reconnaitra cependant un atout majeur : cet homme a de la chance. Il y a encore moins de deux ans personne ou presque n'aurait parié un kopeck sur son élection à la magistrature suprême. Ses velléités de l'époque faisaient même rire et surtout parmi les siens, ceux qui l'avaient connu en tant que premier secrétaire du PS, là où on l'avait placé, un peu comme il a placé ensuite Désir au même poste, parce que c'était un insignifiant, parce qu'il ne menaçait personne parmi ceux qu'on appelait les éléphants. La chute de DSK fut sa chance première. Sa médiocrité, parce qu'il ne trainait aucun passif n'ayant jamais été distingué pour exercer aucune responsabilité d'envergure fut sa seconde chance : elle lui permit de s'imposer aux primaires socialistes. Le rejet de Sarkozy fut enfin sa troisième chance. Celle-là il ne manqua pas de l'exploiter, se présentant comme un potentiel président normal, l'homme qui prendrait le train (sans bagages), l'homme débarrassé de tout esprit partisan lorsqu'il gouvernerait, l'homme qui rassemblerait les Français.

Quelques mois plus tard, le temps d'une gestation pour autrui, mais pas forcément, on peut observer le résultat de tout ça. Et ce n'est pas brillant. Au point qu'il est désormais préférable pour celui qui nous dirige d'aller prendre des bains de foule à Alger ou à Bamako pour avoir l'illusion de la popularité. Car en France, c'est un peu râpé. Et même pas qu'un peu. Mais qu'à cela ne tienne. La popularité n'est pas une chose importante finalement quand on dirige un pays. Parfois même elle est gage de sérieux, car les impopulaires sont aussi parfois des gens qui travaillent pour l'intérêt commun, celui du pays plutôt que celui de quelques uns ou simplement le leur. Et puis si on choisit d'être élu pour se sentir aimé il faut aller d'urgence consulter. Non, ce qui importe c'est la confiance. Et de ce côté-là, ce n'est pas vraiment brillant. Surtout après aussi peu de temps passé au pouvoir. Remarquez avant même son élection une bonne moitié des Français pensaient qu'on n'avait pas grand-chose à attendre de lui, ce en quoi ils ne s'étaient pas trompés même si certains votèrent quand même pour lui, enfin contre l'autre. Là c'est, selon les sondages, plus de 6 Français sur 10 qui ne lui font pas confiance.
Non, le bilan n'est pas fameux. Prenons quelques exemples.

S'agissant de rassembler les Français, ce n'est pas glorieux. Ce qui devait passer comme une lettre à la poste, croyait-il, à savoir le mariage pour les homosexuels et les accessoires destinés à l'accompagner, a révélé une fracture au sein de la population. Et contrairement à ce qu'on a tenté de nous faire croire, cette fracture n'est pas politique, et même d'ordre religieux, elle est d'ordre éthique. Ce n'est pas le progrès contre la réaction, c'est l'opposition féroce de points de vue sur l'un des fondements de notre société, à savoir la famille, beaucoup plus que le mariage. Et même si la loi, étant donné le rapport de force à l'assemblée qui transforme cette fois un problème d'éthique en affrontement politicien (la contradiction aurait pu être résolue par le referendum), la fracture ne se refermera pas de sitôt. D'autant plus que d'autres joyeusetés sont sans doute programmées, PMA, GPA ou PPA. Il n'y a aucune confiance à avoir en des gens qui ont trahi les promesses qu'ils ont faites lors des débats sur le PACS. Aucune! La parole des socialistes ne vaut rien.
Autre sujet ferment de division, le vote des étrangers aux élections locales. C'est une promesse certes du candidat, mais qui n'a sans doute pas été essentielle quant à son élection, d'autres promesses non tenues celles-là ayant sans doute été plus déterminantes. En tout cas c'est un sujet de division. Par chance, la majorité des 3/5 au Congrès n'est pour l'instant pas atteignable. Mais où est le problème? Puisqu'il suffit de le faire voter séparément par les deux assemblées comme pour le mariage pour tous et ensuite d'organiser un referendum. En plus, car ça modifierait la Constitution. Et puis le sujet est assez grave là aussi puisqu'il s'agit d'un autre fondement de notre société, à savoir la citoyenneté, pour demander son avis au peuple. Mais pas question d'utiliser cette chose qui fait peur car sans doute trop démocratique. Hollande se méfie du peuple, ne l'aime peut-être même pas. Il aurait déclaré, selon Valeurs Actuelles, aux opposants au mariage pour tous qu'il a daigné recevoir à l'Elysée que le referendum n'était pas dans la culture socialiste. Pas plus que dans celle de la dictature du prolétariat. Au moins on connait ses racines en socialie.
En tout cas ces deux sujets n'auront pas été abordés de la meilleure des façons. Sans doute à dessein. Car leur importance aura généré suffisamment d'antagonismes, ce qui est un grand succès pour un rassembleur, pour monopoliser l'attention, au moins des médias, au détriment du reste. Agités comme deux chiffons rouges dès après l'élection, ils auront bien servi, et ce n'est pas terminé, à cacher des choses peut-être pas plus importantes, mais là chacun a ses priorités, mais en tout cas essentielles aux yeux des Français. Car l'enfumage est une des spécialités de notre président, un palliatif à ses insuffisances nombreuses dans d'autres domaines.

Car celui qui voulait réintroduire le rêve, à moins que ce ne soit celui de sa démission, aura surtout amené la désillusion ou la confirmation que le mensonge est l'arme préférée des politiciens.
Celui qui se voulait exemplaire, celui qui a osé déclarer en mars 2012 que " À l'avenir, les hauts fonctionnaires seront nommés sur leur compétence et leur expérience et la seule loyauté qui leur sera réclamée sera celle à l'égard de l'État, et non à l'égard du chef de l'État" nous a démontré qu'il était pire que son prédécesseur à ce niveau-là. Jusqu'à nous ramener l'inénarrable Jack Lang en le nommant à la tête de l'institut du monde arabe. Sans parler de Lauvergeon que j'espère les Allemands sauront éconduire de la présidence d'EADS pour le plus grand bonheur de l'homme blanc de plus de 40 ans. Sans parler de Schrameck nommé à la tête du CSA et dont les compétences dans le domaine de l'audio-visuel sont mondialement connues. Sans parler de son pote Blisko, nommé à la tête de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, pas pour ses compétences, non, mais parce qu'il faisait partie des victimes de l'accord électoral entre le PS et les écolos, donc en dédommagement de sa fidélité, pas à l'Etat, mais à son chef, dédommagement qui s'est traduit par une augmentation de 122% de son traitement. Et ainsi de suite. Et quand ce n'est pas la première "je ne sais pas quoi" qui s'en mêle en faisant imposer son ami François Bachy comme conseiller en communication de Pierre Jouyet, un autre vieil ami du président, nommé pour sa part à la caisse des dépôts et consignations. Le gâteau est grand à partager, et tous les copains y auront droit quitte à virer d'excellents hauts fonctionnaires compétents et au service exclusif de l'Etat, mais qui auront eu la malchance de voir leurs compétences reconnues sous Sarkozy ou même Chirac. Voilà pour l'exemplarité dont il se parait il y a encore peu.

La trahison des promesses de campagne, sauf celles qui servent à l'enfumage, qui n'étaient donc que mensonges est une des caractéristiques du personnage qui nous gouverne. Passons sur le traité européen de stabilité dont l'adoption est sans doute une preuve de pragmatisme. Car avant le 15 mai, il ne savait pas qu'il devrait renoncer à cette promesse.
Mais peut-être pourrions nous parler de ces usines qui ferment et que le candidat visitait en promettant que les choses allaient évoluer, dans le bon sens bien sûr. L'affaire Mittal que le candidat prenait à cœur nous a montré comment un président pouvait envoyer au charbon un de ses ministres pour le faire désavouer ensuite par son premier ministre. L'ambiance doit être chaleureuse au sein du gouvernement. Et puis il y a cette affaire Goodyear d'Amiens, enfin Amiens-Nord puisque Amiens-Sud distant de 200 mètres semble se porter fort bien, grâce à de fructueuses négociations entre direction et salariés. Hollande leur a rendu visite aussi à ceux-là, en 2011. Et il leur a fait des promesses. Il leur a dit en évoquant les licenciements boursiers que l'Etat pouvait fixer des règles. Ils l'ont cru sans doute et ont peut-être même voté pour lui. L'Etat n'a rien fixé, eux par contre se sont arcboutés sur des positions intenables. Et maintenant c'est le chômage qui les attend. La CGT est sans doute responsable, mais elle n'est pas la seule. Mais pour quelques voix de plus, que ne ferait-t-on pas comme déclarations mensongères. Un peu comme cette taxe des 75% pour les riches si mal ficelée qu'il est évident qu'on ne souhaitait pas qu'elle passe. Mais ça a plu en son temps à quelques énergumènes bien à gauche qui avalent sans modération le discours qu'on leur sert que les riches et les patrons sont source de tous les maux et surtout des leurs. Du coup pas de taxe, mais plein de riches qui mettent les voiles. Mais pas seulement des riches, ceux qui voudraient aussi le devenir et qui sentent que c'est pas très bien vu en France. C'est le double effet Hollande. Désillusion et perte de confiance.

Mais rassurons-nous quand même. Nous avons un président qui ose décider, qui ose faire la guerre. La guerre au Mali n'est-elle pas la preuve de sa détermination? Oh certes, je ne contesterai pas la légitimité ou plutôt la nécessité de l'intervention. Du reste c'est un grand classique au moins dans le schéma de l'intervention qui ne varie pas quelles que soient les motivations des agresseurs. Par contre je constate que si la victoire pour l'instant est facile, nous sommes dans de mauvaises conditions pour aborder la suite des événements. En fait ce fut une victoire sans réels combats, sans victimes de notre côté sauf ce pauvre officier mort au premier jour de l'intervention dans sa vieille Gazelle. Peut-être que s'il avait piloté un Tigre, blindé, il serait encore vivant. Mais comme les budgets des armées sont sacrifiés aussi par ce gouvernement, plus par ce gouvernement, d'autres pourront se faire encore tuer lors de combats à cause de matériels bons pour les musées parce que les prévisions d'équipement ne seront restées que de l'encre sur le papier, faute de crédits.
Mais revenons à la suite des événements. Force est de constater que la diplomatie française n'a pas été bonne, n'a pas su générer concrètement une alliance solide qui seule pourrait garantir la stabilité dans la région sur le long terme, faute peut-être d'avoir su développer la stratégie politique permettant d'y parvenir, car on sait bien que les armes ne régleront pas tout, sinon rien à part l'urgence. Nos alliés traditionnels, ceux que nous avons lâchés en Afghanistan, nous ont remerciés comme il le fallait. Les Américains n'ont pas oublié de nous facturer leur aide logistique, et pas à un prix d'amis. Hollande aurait pu demander aux Russes, moins chers, mais comme il a très mal reçu Poutine, je ne sais pas si celui-ci mettra de la bonne volonté. L'Europe a été aux abonnés absents. Bref un véritable Trafalgar diplomatique témoin de la perte d'influence de la France dans le monde, mais aussi sans doute de l'estime ou l'enthousiasme générées par notre conducator, certainement jugé peu fiable. Dans ce sens l'intervention au Mali peut sembler bien aventureuse. "La France n'a pas vocation à rester au Mali" dit-il en ajoutant qu'elle y restera le temps nécessaire. Mais le temps nécessaire à quoi? A la formation d'une armée digne de ce nom? Il faut une dizaine d'années. Le temps que l'harmonie entre les ethnies règne au Mali et permette d'établir une démocratie durable? Temps indéterminé mais bien supérieur aux 10 années qui viennent d'être évoquées en tout cas. Temps nécessaire à l'éradication du terrorisme? C'est pas gagné et seuls encore moins, même avec un contingent africain qui lui-même ne manquera pas de générer d'autres problèmes. On ne sait à peu près rien sur les opérations militaires, ce qui peut sembler logique au moins pendant qu'elles se déroulent. Mais on n'en sait pas plus sur la suite, ce qui est plus gênant. Encore une fois, le grand vide. Et les formules creuses, voire les promesses qui ne seront pas tenues qui l'accompagnent. Rien ne change.

 

 

1 commentaire:

  1. Don Camillo et Pepone vous font l'heur de leur critique avancée "en bas"

    Don Camillo pète les plombs en palindromie sur la bizarrerie sociétale du moment mais vient vous donner des leçons de forme sur le sujet

    cette blogo est à l'image de Tartuffe

    Gooyear/Dunlop, des vases communiquant, on charge l'un, il s'étouffe, et on redéploie, c'est la méthode LVMH,mais Arnaud a su baisser la voilure simplement de Séphora par exemple

    les économistes savent l'expliquer, mais en tartufferie on n'explique pas

    social démocratie? je crois pas, devoir de vacances d'un wagon d'énarques dont il faudra se débarrasser un jour, ils deviennent dangereux parce que justement ils ne sont que comptables , pas économistes

    un espoir peut être dans les dernières négo syndicats/patronnat,mais sont ce des syndicats à jour dans ce monde?

    Tartuffe, Tintin, Tartarin, un brave homme finalement, paisible et tout et tout

    c'est quand même sa ministre de la justice qui se lève, solennelle à l'AN en séance tardive et qui dit: les esclaves n'avaient pas droit au mariage

    vous aviez un Président violent? aujourd'hui le gouvernement est violent

    RépondreSupprimer