"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

lundi 9 septembre 2013

Paradoxes





Ceux qui suivent quelque peu l'actualité et se permettent de confronter certains éléments de cette dernière qui semblent n'avoir aucun lien entre eux peuvent néanmoins s'étonner de mesures, d'actions, de décisions, de projets qui quand on les observe simultanément peuvent surprendre.
Loin de moi l'idée d'en faire un inventaire qui, hélas, serait incomplet et devrait être complété sans cesse. Limitons-nous donc à certains points.

Pour commencer, et une fois n'est pas coutume, donnons à nos amis de gauche de quoi braire.
L'UMP vient d'annoncer triomphalement que la dette de 11 millions d'euros occasionnée par le rejet des comptes de campagne du candidat Sarkozy avait été intégralement épongée grâce aux dons des Français, adhérents, militants, sympathisants de ce parti ou non. Reste qu'au final grâce à une niche fiscale bien opportune c'est le contribuable qui en réglera les deux tiers. L'Etat se voit donc obligé de régler  une part significative de la facture-sanction qu'il a lui-même infligée par le truchement du conseil constitutionnel.

Passons sur ce point mineur qui n'était là que pour m'attirer quelques sympathies de gens qui me supportent mal.
Revenons à des choses plus importantes.
La France, du moins son président et son ministre des affaires étrangères, l'ancien plus jeune ministre de la France, mais sans doute un des plus mauvais ministres des affaires étrangères que nous ayons eu depuis longtemps, excepté l'ami Kouchner , mais qui n'occupait ce poste que de façon honorifique, est en pointe dans le processus guerrier visant à punir, c'est le terme employé, le régime de Damas. Tellement en pointe qu'en se retournant, nonobstant quelques discours consensuels destinés à faire croire que l'Europe politique a un semblant d'existence, le président risque de se trouver bien seul. Au fait vous avez vu ces pirouettes après un G20 où Guimauve le Conquérant s'est fait jeter par les Européens? Les ministres des affaires étrangères réunis à Vilnius tentent de rattraper le coup en demandant une réponse forte mais tout en restant hostiles à des frappes. Un geste de charité, mais vide de sens,  vis-à-vis de notre va-t-en guerre qui espère peut-être un prix Nobel de la paix comme son mentor Obama, en pariant sur le manque de discernement avéré du jury d'Oslo?
Mais où en étais-je? Oui. Donc la France en pointe dans ce combat douteux, la France qui aide les rebelles, La France qui veut leur fournir des armes, qui souhaite le départ (on ne dira pas la disparition pour ne pas heurter les bonnes âmes) de Assad, la France met sous les verrous ses ressortissants qui veulent aller combattre en Syrie poursuivant les mêmes objectifs qu'elle. Certes des djihadistes, me direz-vous, mais la rébellion c'est quoi au juste? Quelques vidéos ayant réussi à franchir les filtres puissants destinés à nous masquer certaines réalités, les témoignages de chrétiens opprimés et même davantage par cette rébellion nous en donnent un aperçu. Le costume-cravate d'un homme de paille reçu dans certaines capitales occidentales et censé représenter cette rébellion ne peut suffire à faire illusion. Cette contradiction, ce paradoxe qui veut que d'un côté on soutienne et que de l'autre on réprime ceux qui veulent soutenir en combattant est à rapprocher de celui qui fait que nos forces combattent au Mali les mêmes qu'elles vont peut-être demain épauler.

Autre paradoxe, celui qui va sans doute se montrer comme l'un des plus belliqueux de nos présidents, soit par son adhésion à une certaine idée de la Françafrique, soit parce que son maitre l'aura sifflé, est aussi celui qui poursuit allégrement le démantèlement de notre outil de défense. Certes on comprend que il y a là quelques milliards à gratter sans risque de voir débouler des gens en kaki dans la rue, d'ailleurs devenus si peu nombreux qu'on ne le remarquerait guère. Mais dans ces cas-là on adapte ses ambitions diplomatico-militaires à un des outils majeurs chargé de les garantir.

Et puis tiens, puisqu'on parle de diplomatie, n'est-il pas surprenant de voir un pays disposant d'un droit de veto au conseil de sécurité des Nations-Unies, atout de poids surtout quand on est une puissance déclinante que l'économie et la puissance militaire ont relégué au rang de puissance moyenne comptant de moins en moins, donc n'est-il pas surprenant de voir un tel pays détruire par son attitude, par son rejet des règles internationales ce même atout qu'il y a dix ans elle défendait corps et âme, peut-être sans succès mais au moins avec panache? (voir à ce sujet le billet précédent).

Passons enfin au point sans doute essentiel, au moins aux yeux de beaucoup de Français. Que penser d'un homme voulant rétablir l'ordre en Afrique, au Moyen-Orient, parlant de punir (la Syrie), déclarant vouloir éliminer les islamistes (du Mali) (tout cela il l'a dit), incapable de faire régner l'ordre dans son propre gouvernement pays et arbitrant en faveur de mesures faisant de la punition qu'il aime tant pour les autres pays un moyen dépassé pour cela.
J'imagine que les Marseillais préfèreraient que ce président et son gouvernement fassent cesser le bruit des rafales de Kalachnikov d'abord dans leur ville plutôt qu'à Damas ou même Gao. Et même pour certains voir l'armée intervenir plutôt dans certaines cités qu'à l'étranger.
Marseille-Etat : 15-0. 15 meurtres, 0 interpellation. C'est le score établi depuis le début de l'année mais qui pourrait sans doute s'aggraver si on se mettait à draguer le Vieux-Port. Même si la porte-parole du gouvernement, cette ministre qui donne une bien piètre opinion de la fonction du même nom, prétend que les choses s'améliorent, on n'est pas obligé de la croire. Tandis que le gouvernement se prépare à balancer des missiles sur la Syrie, voilà l'arme fatale qu'elle nous propose pour régler les problèmes d'insécurité à Marseille.

4 justiciers dans la ville

Voilà qui va terroriser les malfrats marseillais. Pas de doute. Une belle brochette : le maire actuel, depuis 1995 quand même, la ministre qui veut lui succéder et qui pour montrer ses aptitudes à diriger la ville laisse une note de 1200€ dans un restaurant où elle organise une réunion de militants, un président de région depuis 1998 mis en cause dans l'affaire Andrieux, et le président du conseil général mis en examen pour  prise illégale d'intérêts ,trafic d'influence et  association de malfaiteurs, sans doute invité au titre de consultant à cette réunion destinée à mettre en place un pacte national, à moins que ce ne soit comme représentant de la "partie adverse". Marseille est sauvée! La détermination du gouvernement apparait clairement. Ne manquait plus que notre ministre de la justice pour proposer une amnistie générale, juste histoire de traduire dans les faits ce qu'elle propose à l'échelle nationale pour les voyous de tout genre, enfin soyons honnêtes, susceptible d'être condamnés à 5 ans de taule, donc des choses quand même graves si on se réfère à la jurisprudence mise en place par le syndicat de la magistrature.
Sur Damas, on envoie des missiles, à Marseille les armes contre les criminels restent des mots, des slogans, des assurances, un pacte. Quelle cohérence!

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