"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

dimanche 27 octobre 2013

Droit du sol, droit du sang







Jean-François Copé a récemment soulevé une nouvelle fois un débat ancien puisqu'il date de plus de deux siècles sur l'acquisition de la nationalité française de manière automatique ou presque pour les enfants d'étrangers nés en France. Il ne s'agit pas ici de statuer sur les intentions de l'initiateur de ce débat qui en tant que tel feront toujours d'objet de polémiques, ces dernières devant être le motif suffisant aux yeux de certains pour enterrer tout idée de discussion, un peu comme ce fut le cas quand le précédent gouvernement proposa de réfléchir sur l'identité française. C'est là en effet une maladie bien française de préférer débattre sur le débat pour éviter que ce dernier ait lieu. Et on comprend pourquoi.

Il ne s'agit pas non plus de dresser un historique détaillé de l'évolution de la part respective des droits du sol et du sang. Les grandes tendances seules sont intéressantes et les motifs qui les sous-tendent. Car c'est évidemment de ce côté-là qu'il convient de réfléchir pour savoir quelle politique de la nationalité on veut mener.

Donc je disais plus haut que le débat est ancien.
Avant la Révolution, et inscrit dans le marbre de la loi depuis 1515, c'est le droit du sol qui prévalait même si pendant l'ancien régime il ne s'agit pas à proprement parler de nationalité mais de principe de sujétion au souverain. La Révolution ne remet pas en cause le droit du sol précisant que "sont Français les fils d'étrangers nés en France et qui vivent dans le royaume". Pendant ces deux périodes c'est donc l'attachement à la terre qui prévaut, au point que ceux qui quittent la France pour s'établir à l'étranger sont supposés perdre leur qualité de Français, qualité étant le terme prévalant pendant la période révolutionnaire plutôt que nationalité. Evidemment les émigrés, donc les ennemis de la Révolution sont visés en premier lieu.
Mais avec la Révolution, du moins pendant cette période de quelques années qui singularise la France en Europe apparait avec force le concept de nation. La nation est par nature excluante puisque distinguant ceux qui en font partie des autres. Et donc le code civil prend cela en compte en changeant radicalement de philosophie quant à la nationalité, cette fois le terme est bien présent, en la corrélant non plus à l'attachement au sol, mais à l'appartenance à la communauté nationale. Et c'est la mise en place du droit du sang, contre d'ailleurs l'avis de Bonaparte qui avait une vision plus large, peut-être parce qu'à quelques mois près il ne serait pas né sujet du roi de France, qui considérait qu'une éducation française suffisait à faire d'un étranger un Français. Si je mentionne ce détail, cette conception propre à Bonaparte, ce n'est pas tout à fait innocent, car elle reviendra en force plus tard et pourrait encore servir de base de réflexion aujourd'hui. Nous y reviendrons.
Donc en 1804 est instauré le droit du sang qui fait de la nationalité française un leg au même titre que le nom, même s'il reste possible pour les enfants d'étrangers nés en France de demander la nationalité française un an après leur majorité, droit d'ailleurs peu revendiqué car il suppose alors l'accomplissement du service militaire.
C'est d'ailleurs en grande partie ce dernier point qui fera revenir la droit du sol dans l'acquisition de la nationalité par les enfants d'étrangers nés sur le sol français. D'une part parce que les Français trouvent injustes que ces gens échappent aux dures obligations militaires auxquelles eux sont contraints et d'autre part parce que la France a besoin de soldats, notamment après la défaite de 1870, dans l'optique d'une guerre de revanche. Ainsi donc un premier pas est franchi  en 1851 avec  l'adoption du double droit du sol accordant systématiquement la nationalité française aux enfants d'étrangers nés en France et dont l'un des parents était lui-même né dans ce pays. Cette disposition est d'ailleurs toujours en vigueur. Et en 1889, réapparait le droit du sol simple faisant de tout enfant d'étranger né en France un Français à sa majorité, donc selon une formule qui servira de référence à quelques nuances près aux dispositions actuelles, même si la période vichyste a constitué une parenthèse constituée par un retour en arrière se manifestant en particulier par des retraits de nationalité. On pourrait aussi s'étendre sur la période d'après-guerre et le traitement des personnes vivant dans nos colonies, mais même si le sujet est intéressant, ce n'est pas celui du jour.
Revenons à 1889. Les motifs du retour au droit du sol sont une démographie défaillante, un besoin en soldats et un souci d'égalité devant les obligations militaires. Mais le principe de base qui sous-tend l'accès à la nationalité est que les individus bénéficiant de ce droit sont assimilés. On retrouve donc là l'esprit de ce que souhaitait Bonaparte et qu'il n'a pas obtenu.

Faisons un bon en avant dans l'histoire pour rejoindre notre époque.
L'assimilation est un principe qui a été rejeté pour faire d'abord place à l'intégration dont on ne sait plus guère ce qu'elle signifie ou signifiait. Et c'est pour cette raison sans doute, accordons au moins le fait qu'il y a moins d'hypocrisie dans ce terme, qu'on est désormais passé à l'inclusion. L'inclusion, ce n'est rien d'autre que la reconnaissance du communautarisme. On ne veut pas le dire mais c'est quand même bien ça. L'inclusion c'est autant de kystes plus ou moins volumineux dans le tissu national qu'il y a de groupes de personnes ayant les mêmes valeurs culturelles et/ou religieuses, ces valeurs étant évidemment étrangères aux nôtres. Les relativistes nous ayant appris que toutes les valeurs se valent, et les xénophiles, islamophiles et autres philes qu'il serait criminel d'exiger une acculturation des personnes désirant s'établir sur notre sol et même en acquérir la nationalité, et ceci étant devenu une valeur supérieure à toutes les autres et tenant même lieu de prescription, il faudrait donc se faire une raison.
Dans ce cadre, il est évidemment malhonnête d'invoquer le droit du sol comme une tradition républicaine, bien qu'elle fut surtout monarchique, qui deviendrait donc inviolable, qu'il serait interdit de modifier au même titre que la prime de salissure perçue par les conducteurs de motrices (mais peut-être devrais-je dire locomotive?). C'est malhonnête parce que les fondements, et même le contrat ont été modifiés. Car le droit du sol dans son esprit, lors de sa réintroduction en 1889, ne revenait pas au principe du droit du sol monarchique et révolutionnaire qui était corrélé à la terre, à l'espace géographique que constituait la France, mais à la communauté nationale, comme le droit du sang . En ce sens il en est relativement proche dans l'esprit, bien plus proche qu'il ne l'est du droit du sol qui existe actuellement. De fait le droit du sol actuel est une simple transposition de celui de l'ancien régime.
Quant aux motifs d'intérêt national, mise à part la démographie, mais est-ce vraiment un problème (une trop forte vitalité démographique de certaines catégories pourrait constituer à l'inverse un vrai problème dans le futur), j'ai du mal à en trouver. Bien sûr comme je ne suis pas baba devant le fumeux concept de diversité s'accompagnant de celui du vivre-ensemble, ce dernier signifiant en filigrane que ce n'est pas gagné, c'est normal.

Cela dit je ne suis pas fondamentalement contre le droit du sol. Loin de là. L'esprit de celui qui présidait en 1889 qui est finalement celui de Bonaparte me convient même très bien. Revenons à cet esprit, et tout ira bien. Il n'y a ni race, ni ethnie françaises qui mériteraient réification, et donc un attachement aveugle au droit du sang. Mais peut-être un esprit, une culture et des valeurs. Et si donc on refuse de revenir au principe de l'assimilation, alors adaptons ce droit en sélectionnant ceux qui parmi les enfants d'étrangers peuvent devenir Français, le méritent. Comme pour les naturalisations. Enfin comme on faisait encore il y a peu en vérifiant sérieusement le niveau de connaissance de la langue française et la connaissance, même basique, de notre patrimoine culturelle et de nos valeurs. Et que ceux qui ne satisfont pas à ces quelques critères basiques restent étrangers, des inclus.

La France a été constituée par un agrégat de régions, avec leurs langues et coutumes. Puis elle est devenue peu à peu une nation, le point d'orgue ayant été sans doute la charnière constituée par les années précédant et succédant l'entrée dans le 20ème siècle. La France post-nationale sera constituée de communautés avec leurs coutumes, leurs langues, leurs croyances. Les conditions d'accès à la nationalité en même temps qu'elles sont l'illustration de cette sinistre évolution, de ce retour en arrière mais en pire, y participent activement.

jeudi 17 octobre 2013

Affaire Léonarda : le gouvernement au pied du mur





Pendant que j'écris ce billet j'apprends que la famille renvoyée au Kosovo ne serait pas originaire de là-bas, ce qui explique certaines incohérences comme le fait pour Léonarda d'affirmer qu'elle ne parle pas l'Albanais alors qu'elle aurait vécu 11 ans là-bas, mais d'Italie. La famille aurait menti, selon le père. Ce qui met du piment dans l'affaire car l'imagine qu'à part les terroristes accueillis par Mitterrand, on n'a pas dû accueillir de réfugiés politiques venant de ce pays depuis l'époque mussolinienne.
Cependant ça ne change pas grand-chose à ce que je veux dire.


Que voilà une affaire intéressante! Une triste affaire pour certains, une affaire tout à fait normale pour d'autres même si on peut apporter des nuances à cela. Mais enfin une affaire qui n'en est qu'une parmi d'autres après tout sauf que l'émotion que celle-ci a suscité peut-être pour de bonnes raisons d'ailleurs montre d'une part les clivages qui existent au sein de la gauche de pouvoir au sujet de l'immigration illégale, et oblige, ou devrait obliger, car avec celui-ci rien n'est moins sûr,  le gouvernement à préciser sa politique dans ce domaine.

Ça pourrait commencer comme un conte, mais pas de fées.
Il était une fois une famille qui était parvenue illégalement en France à partir du Kosovo, un pays pourtant tout à fait respectable puisque nous avons contribué à sa création en en chassant à coup de bombes les vilains Serbes qui en étaient les maitres, et l'avons reconnu en tant qu'Etat souverain en même temps qu'une centaine d'autres Etats. Cette famille fut donc accueillie en France au titre d'une demande d'asile, procédure ma foi fort longue puisque ponctuée de multiples voies de recours en cas de refus. Pendant tout ce temps, 4 années, cette famille fut prise en charge par le contribuable français qui lui fournit généreusement le gite et le couvert et ouvrit ses écoles aux enfants, comme il se doit. Mais au bout de cette longue procédure qui se conclut par un refus de l'asile demandé, pour des raisons que nous ignorons, sauf une qui est que des membres de cette famille n'avaient pas un comportement irréprochable, mais n'entrons pas dans les détails, il se trouva que la famille en question fut invitée à retourner d'où elle venait. Dans cette famille il y avait des enfants qui avaient pris leurs marques en France, apparemment mieux que leurs parents. Hélas pourrait-on dire, car on imagine que trop bien la déchirure que ce doit être pour eux. Ce qui au passage interpelle sur la longueur des procédures, bien trop excessive, qui ne peut qu'engendrer du malheur chez les plus jeunes. Mais on ne sépare pas les familles et tous durent repartir d'où ils venaient, enfin d'où ils étaient supposés venir.

C'est une histoire banale comme il doit en arriver très régulièrement dans le cadre d'une politique d'immigration pourtant généreuse puisque le nombre de refoulés par année est de 3 à 4 fois inférieur au nombre d'entrants illégaux. Et pour être clair, ce genre d'histoire n'émeut guère les Français, qui d'ailleurs  dans leur majorité admettraient sans doute mal qu'il n'en soit pas ainsi, ni même la classe politique occupée à d'autres choses, même si on se demande parfois lesquelles. Pourtant il arrive de temps en temps qu'à cause des modalités d'une expulsion, certains se réveillent envahis par l'émotion, chose dont les responsables politiques devraient pourtant se garder, car elle est souvent mauvaise conseillère, et perdant toute mesure s'en viennent à remettre tout le dispositif en cause.
Soyons clair : il est effectivement choquant de voir un enfant emmené par les forces de l'ordre à la sortie de son école ou ici d'un bus scolaire, même si dans le cas présent les différentes versions qu'on peut entendre permettent de s'interroger sur la réalité exacte des faits. On peut donc légitimement s'en émouvoir, mais juste de cela. Pas du fait qu'on renvoie cette famille. Si les modalités sont contraires au cadre de la loi, il faut en sanctionner les responsables, mais ça doit s'arrêter là. Et si elles ne le sont pas, il fait faire en sorte qu'on ne procède plus ainsi.

Mais non, on n'en restera pas là, juste là, là où logiquement on aurait dû s'arrêter. Car d'un coup c'est la politique d'accueil des illégaux qui est remise en cause par certains, à gauche. Les vieux démons remontent à la surface qui veulent faire de la France une terre ouverte pour tous les misérables, vrais ou faux de la terre.  France terre d'asile ou France poubelle? Si on refuse de sélectionner ceux qui peuvent rester, ce sera la seconde option qui prévaudra, ceci aux dépens de ceux qui effectivement méritent de rester, parce qu'ils sont réellement menacés et parce qu'ils ont choisi la France pour de bonnes raisons. J'insiste sur bonnes.
Finalement la petite Léonarda  et ses malheurs se sont vite effacés, ne servant que de prétexte à des revendications d'ordre plus général. Certains au passage en profiteront pour tenter de faire la peau à un ministre de l'intérieur dont ils pensent certainement qu'il s'est trompé de parti politique, comme par exemple un certain Vaillant, lui-même ancien ministre de l'intérieur de Jospin et dont on se souvient de son bilan remarquable qui mena au 21 avril 2002, qui rend publique une lettre adressée à son successeur actuel demandant de réévaluer le cas d'un jeune Arménien expulsé récemment (quelqu'un d'effectivement remarquable puisque sa position illégale fut révélée lors d'une interpellation pour vol – certains socialistes ne changeront donc jamais).

Les réactions hostiles aux mesures prises amènent une question de fond, notamment quand il s'agit de parlementaires. Il y a dans notre pays des gens qui sont chargé d'élaborer les lois et qui appellent à ne pas les exécuter quand elles ne leur plaisent pas.  Comment dans un Etat de droit peut-on en arriver à de telles perversions de l'esprit de ces responsables, terme impropre évidemment, dont certains en arrivent, et c'est le summum à demander des sanctions contre ceux qui sont chargés d'appliquer les lois quand ils le font? Non mais sérieusement, il faut aller se faire soigner quand on en arrive là. Ou au moins prendre conscience que ce métier qui devrait être une vocation n'est pas fait pour soi si on en refuse quelques uns des principes fondamentaux. Au passage, ce sont sans doute exactement les mêmes qui fustigent les maires qui refusent de marier les homosexuels, les accusant de ne pas exécuter les lois, ce en quoi ils ont raison. Quelle cohérence! Et surtout quelle inconséquence!

Et par ailleurs, pour en revenir au titre du billet, il se pose autre question de fond, d'ordre politique celle-là. On constate à l'éclairage des réactions des uns et des autres que deux lignes se distinguent à gauche et sans doute au sein même du gouvernement. Une ligne que nous pourrions qualifier de responsable représentée à gauche par sans doute Valls, Chevènement ou Royal, au moins en paroles, puisque si on se penche sur les chiffres des expulsions par exemple, on est bien en deçà de ce qui se passait avant, et une ligne laxiste, généreuse pardon,  symbolisée par le duo infernal Taubira-Duflot, et qui propose d'accueillir toute la misère du monde.
Ah oui! J'allais oublier la ligne hésitante, celle symbolisée par les propos de notre courageux, ferme et résolu  premier ministre qui déclare que s'il y a eu faute dans la procédure d'expulsion, la famille expulsée reviendra. Sans doute pour être expulsée dans les règles cette fois-ci puisque tous les recours ont été épuisés. C'est sans doute aussi la ligne de notre glorieux chef de l'Etat qui doit en avoir marre d'être appelé à arbitrer entre les deux lignes qui traversent la majorité, et pas seulement sur ce sujet. D'ailleurs il ne le fait pas, ou implicitement mais de façon assez vague ou trouble pour qu'on ne sache pas exactement ce qu'il a décidé. Certains osent encore appeler ça de l'habileté. Pauvres niais! Ou menteurs!

Et pourtant, si la gauche veut encore nous faire croire qu'elle est capable de diriger la France, il faut bien qu'à un moment, et maintenant ne serait pas du luxe, car c'est déjà bien tard, les Français sachent quelle est sa ligne directrice sur l'immigration et d'autres sujets dont certains connexes comme la sécurité. Un parti ou une coalition de gouvernement ne peut pas avoir en permanence de cul entre deux chaises et donc ne jamais choisir. C'est pourtant ce qui se passe depuis un an et demi, dans bien des domaines. Et cette attitude se paiera cher. Ça a d'ailleurs déjà commencé et ça durera longtemps bien après 2017.
N'espérons pourtant pas grand-chose du côté de l'Elysée ou de Matignon. La routine, quoi!


vendredi 11 octobre 2013

Le ridicule ne tue pas, et l'indécence non plus





Faute de pouvoir faire mieux, notre président nous aura au moins appris cela.

S'agissant du ridicule, c'est un habitué de la chose, lui qui faute de mieux, ou plutôt parce qu'il serait difficile de trouver assez de monde pour cela, est obligé de s'entourer de personnes qui l'ont moqué et insulté par le passé, lui qu'on moque dans les médias, lui qui fait le bonheur des caricaturistes et des humoristes, lui qui a perdu toute crédibilité aussi à l'extérieur de nos frontières comme l'a fort bien démontré la conclusion récente des atermoiements sur le sort à réserver à Bachar el Assad.

Quant à l'indécence, c'est sur une des conséquences de cette même affaire syrienne qu'il en fait preuve aujourd'hui.
En effet, le comité chargé d'attribuer le prix Nobel de la paix a arrêté son choix et choisi comme lauréat l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC). C'est cette organisation qui est chargée de superviser le démantèlement de l'arsenal chimique dont dispose la Syrie. Pas de loin, à l'abri de murs capitonnés et d'une moquette épaisse, mais sur le terrain. C'est-à-dire que des gens, des vrais, pas des politiques ou des bureaucrates, revêtent chaque jour une combinaison spéciale ainsi qu'un gilet pare-balles pour effectuer un travail dangereux, d'autant plus dangereux que les opérations de démantèlement se déroulent en ambiance de guerre, ce qui est d'ailleurs une première pour cette organisation, et ce qui explique les gilets pare-balle. Ces gens risquent donc leur peau.

Et voilà ce que notre guide suprême trouve à déclarer suite à l'attribution de ce prix Nobel dont on peut estimer que celui-ci au moins n'engendrera pas de polémiques comme certains autres l'ayant précédé : "Le prix Nobel vient donner une consécration à tout ce que la France, pas seulement la France, a engagé depuis plusieurs semaines pour dénoncer l'utilisation des armes chimiques et les éliminer dans un proche avenir." Le prix Nobel de la paix c'est u peu comme si c'était la France qui l'avait eu, quoi! Non pas la France, mais son président et peut-être aussi son ministre des affaires étrangères. Sauf que les deux étaient en pointe, tellement en pointe que quand un jour ils se retournèrent ils se rendirent compte qu'ils étaient seuls. Pas pour encourager  la paix, mais pour bombarder un pays sans se soucier entre autres conséquences des victimes innocentes, celles qu'on a pris l'habitude de nommer collatérales pour expliquer, et s'en excuser hypocritement, que c'est de la faute à "pas de chance" si elles sont mortes, que ce n'était absolument pas prévu. Hé oui, eux voulaient la guerre, et vu la reculade d'Obama étaient sans doute les seuls, sauf les pays de la région , notamment la Turquie, le Qatar et l'Arabie Saoudite qui bien que disposant des moyens d'intervenir préféraient laisser ça aux occidentaux pour de sombres raisons.
Quand on considère le poids diplomatique qu'a eu ensuite la France dans le règlement de l'affaire, ce fut la seconde humiliation après le revirement d'Obama, oser se mettre en avant à l'occasion de l'attribution d'un prix Nobel relève de la pure vanité. Et ridiculise celui qui ose ces paroles. Car que celui qui n'a été que spectateur du règlement d'une crise vienne ensuite s'en attribuer les mérites, peut, soit désappointer, soit provoquer une franche hilarité.

Pour ma part c'est la première réaction qui s'impose. La France a déjà par la faute de cet homme connu l'humiliation et le même aujourd'hui, de manière profondément indécente, en vient à vouloir récolter quelques miettes d'un prix hautement symbolique attribué à des gens qui risquent leur vie pour, sinon faire progresser la paix, limiter les possibles effets d'un conflit.

mercredi 9 octobre 2013

Sus au FN!





L'évolution du FN dans notre paysage politique est symptomatique de la misère politique dans laquelle nous nous trouvons. Il n'est qu'à se pencher sur le programme de ce parti, souvent ubuesque, en tout cas irréaliste et même non réalisable du fait des multiples accords internationaux qui nous lient à diverses institutions auxquelles nous avons délégué sans doute excessivement, imprudemment surement, notre souveraineté, pour se convaincre que la place qu'a prise ce parti trouve ces origines ailleurs que dans une adhésion forte à ses idées.

Il n'est guère utile de rappeler le jeu machiavélique joué par la gauche dans les années 80 pour faire émerger ce parti du néant dans lequel il se trouvait. Ce sont bien les socialistes qui ont fait entrer une trentaine de députés du FN à l'Assemblée Nationale (on ne discutera pas ici d'une représentation nationale souvent éloignée des réalités politiques du terrain en favorisant souvent certains – cocos  et verts – surreprésentés  par rapport à leur poids politique, et en en pénalisant d'autres  lourdement– le FN en particulier). Afin que ceux qui ont participé à cette manœuvre indigne et qui aujourd'hui encore hantent les couloirs du pouvoir, même s'il devient de plus en plus symbolique, ne se sentent pas trop responsables de la situation actuelle les obligeant à s'agiter dans tous les sens de façon aussi ridicule que contreproductive, je dirai que leurs actions pour promouvoir ce parti n'ont fait qu'accélérer un phénomène qui de toute façon était prévisible au regard de la qualité de la gestion des affaires par nos gouvernants successifs, ceux qu'on connait parce qu'on les a élus et les autres, ceux qui n'ont pas été élu et qui disposent de pouvoirs exorbitants. On le constate d'ailleurs dans toute l'Europe où même quand les partis du même type n'ont pas le même succès, en Allemagne par exemple, les mêmes idées reçoivent un écho favorable de la part de la population. Souvenons-nous, puisque l'Allemagne a été prise en exemple, du succès du brûlot fustigeant l'immigration écrit par Thilo Sarrazin (Deutschland shafft sich ab), membre pourtant éminent de la gauche socialiste allemande, et des sorties de la chancelière sur l'échec du "multikulti".  

Les partis, au choix nationaux, identitaires, fascisants, populistes, et j'en oublie certainement, progressent partout en Europe. Pour ma part je retiendrai le second qualificatif (identitaire) qui me parait le plus adapté, du moins le plus en phase avec les raisons du succès de cette mouvance. On pourrait y ajouter celui de sécuritaire, bien qu'il soit fortement corrélé avec le précédent quand on jette un œil sur la population qui emplit les prisons, qui passe devant les juges, ou qui alimente copieusement la rubrique qu'on nomme "faits divers", une façon sans doute de relativiser l'importance de ce qu'elle contient alors qu'elle constitue le quotidien de beaucoup de monde et qu'elle est à la source de bien des inquiétudes. Les politiques ne s'y trompent pas qui voudraient sans doute interdire pour certains cette rubrique pour mieux cacher une terrible réalité. Ainsi l'inénarrable Najat Valaud-Belkacem parle-t-elle de la "tyrannie des faits divers" dont ses gardes du corps la tiennent éloignée.

Les multiples débats, faux débats car souvent ils ne peuvent le devenir du fait de l'aspect passionnel que prend leur contenu, qui empêche les uns et les autres de réfléchir sereinement à un avenir commun pour tous, qui empêche de dire de simples constats que n'importe qui peut faire, j'y reviendrai, indiquent aux Français que quelque chose a changé, et que ce 'est pas fini. Certains s'en félicitent, d'autres le regrettent et parmi ces derniers certains tentent encore de résister. La crèche Baby-Loup et ses multiples rebondissements dont le dernier laisse un gout amer, enfin à ceux qui ne sont pas gagnés par cette joie malsaine du constat de nos reculades successives face aux ennemis de notre société, le hallal dans l'assiette de nos enfants dans les cantines, dans nos assiettes et à notre insu, l'abattage barbare du même nom toléré au nom de la différence, le port du voile dans l'espace public, à l'école, à l'université, le difficile accouchement de la loi anti-burqa, la construction d'édifices religieux financés en contravention avec la loi sur la laïcité, les prières de rue, enfin toutes ces choses, j'en oublie, qui nous ramènent au constat que la laïcité est menacée, qu'au mieux nous devons accepter d'autres modes de vie voyants que les nôtres sur notre territoire, et même sur notre palier et qu'au pire… Chut!
On nommera tout ceci l'insécurité culturelle. Ce concept est d'ailleurs utilisé par une frange de la gauche, honnie du reste de cette grande famille, qui après avoir compris les causes de la perte de l'électorat populaire, s'efforce de développer des propositions destinées à le faire revenir. Mais tout cela n'est pas très en phase avec l'idéologie de terra nova qui au contraire veut s'appuyer pour partie sur les minorités à l'origine du malaise. C'est d'ailleurs fort efficace d'un point de vue électoraliste si on se réfère au vote musulman. Ceux qui nous gouvernent ont accepté le prix à payer, donc la perte des catégories historiquement défendues par la gauche, pour profiter des ors de la République. Mais comme la gauche est par essence morale, on n'ira pas regarder d trop près les aspects moraux de ces choix. Cependant on ne pourra manquer d'observer ceux qui nous dirigent avec une certaine ironie quand ils constatent et fustigent la montée du FN, cette ironie si bien exprimée par Bossuet quand il disait que " Dieu se rit des hommes qui chérissent les causes dont ils déplorent les effets."

Et puis bien sûr il y a l'insécurité, celle des biens et des personnes, celle dont la gauche disait il y a un peu plus de 10 ans qu'elle n'était qu'un sentiment et non une réalité. Cette insécurité, on le sait augmente. La violence qui l'accompagne augmente aussi se manifestant désormais  par des actes, parfois gratuits (le mauvais regard, la cigarette non offerte par le non-fumeur), ou hors de proportion avec le but rechercher : on tue désormais pour quelques euros.  La gauche sait ce que son angélisme lui a coûté. Désormais, elle n'ose plus vraiment tenir le même discours. Mais les modes d'action pour traiter ce problème sont quand même particuliers et peu convaincants. Il sera difficile de persuader les Français que les délinquants dehors seront moins dangereux que les délinquants en prison. C'est inacceptable pour les victimes. Réelles ou potentielles. Les Français ne sont d'ailleurs pas convaincus. Le ministre de l'intérieur non plus. Mais là-haut ça se règle à coup de bisous. Pas dans la rue.
Et puis il y a ce camouflage de la réalité destiné à limiter cette "tyrannie des faits divers". On ne les cite pas tous, c'est impossible. Mais il y en a qu'on n'oublie à dessein. Par exemple une mosquée taguée n'échappera à personne, tandis que des croix arrachés dans un cimetière ça restera un fait divers juste connu localement. Il s'agit de fait de tenter de convaincre que les plus victimes ne sont pas celles qu'on croit et qui ceux qui commettent des délits non plus. Donc inversons les rôles en choisissant de quoi on va parler. Mais ce n'est pas suffisant, on ne peut quand même pas assécher la rubrique. Donc on ne cite plus les noms, sauf ceux qui sonnent bien gaulois, ou pire on les gallicise. Sauf que ça a ses limites puisque si on constate que tous les "souchiens" au centre d'un fait divers ont droit à l'étalage de leur identité, on en déduit donc que ceux dont le nom est omis n'en sont pas.
Du coup, quand on conjugue les phénomènes, les gens deviennent persuadés que le mensonge désormais fait loi. Surtout quand de temps à autre sort un livre "dérangeant", en fait fortement critiqué par ceux qui pensent bien qui nous dévoile quelques vérités. Je pense par exemple à ce livre "La France orange mécanique" d'Obertone, certes pas un chef-d'œuvre de littérature mais qui par les chiffres qu'il dévoile et les faits divers souvent tirés de la presse locale, donc inconnus du plus grand nombre, qu'il révèle nous donne une autre image de l'insécurité que celle édulcorée qu'on nous offre quotidiennement.

Dès lors, quand un parti politique, et nonobstant les solutions qu'il propose, tient un langage crédible, c'est-à-dire correspondant peu ou prou avec la perception qu'ont les Français d'une situation, dans les deux domaines de l'insécurité précités, il est logique qu'il remporte un certain succès. Il serait illusoire de penser que seules les questions économiques, du moins celles qui les touchent au premier chef, intéressent la population qui d'ailleurs sent bien que les choses dans ce domaine se décident essentiellement ailleurs, au FMI, à Bruxelles… Par contre sur ces problèmes d'intégration des étrangers et même des Français d'origine étrangère, sur ces questions de laïcité, sur ces préoccupations identitaires qui sont les leurs, sur le traitement de la délinquance, sur le fonctionnement de la justice, les Français se retournent vers leurs gouvernants. Et si ceux-ci ne sont pas à la hauteur et pire s'ils donnent l'impression de mentir sur la réalité, ils le font payer électoralement. Soit ils ne vont plus voter, soit ils portent leurs suffrages vers celui qui tient un langage qui parait vrai.

Et lutter contre ça ne peut pas se faire en utilisant l'invective et même l'insulte envers ce parti et par conséquent envers ceux qui votent pour lui. Ces discours dénués de tout argument, se rattachant à une vague morale dont pourtant leur pratique du pouvoir nous montre combien ces gens qui les tiennent en sont dénués, sont évidemment contreproductifs et semblent même indiquer que c'est le FN qui dit vrai. Ce n'est qu'un langage de vérité suivi d'une réelle action qui videra les rangs du FN. Sarkozy avait franchi la première étape en 2007 par son verbe. Il avait en effet suffisamment affaibli le FN pour que celui voie son existence menacée pour des problèmes financiers liés à des élections désastreuses pour lui.  Mais comme il n'en est resté qu'au stade du discours, que le karcher est resté rangé, que le communautarisme a continué à se développer, il a à la fois perdu les élections et relancé le FN.

Pour terminer je voudrais caractériser la situation de la France par cette citation volée à Karl Kautsky qui n'aurait sans doute pas été un partisan du FN:
"Quand une classe ou une société dégénère, ou qu’elle est trop violemment bousculée, elle rejette toujours la vérité. Elle n’use plus de son intelligence pour clairement établir ce qui est, mais cherche des arguments pour s’apaiser, se consoler et se tromper elle-même."
Le FN est sans doute la réaction, une réponse, mauvaise sans doute, mais on en attend impatiemment une meilleure, à cet état d'esprit qui semble être celui de ceux qui nous dirigent, de nos intellectuels, ceux qu'on nous montre partout, et des médias. Et la seule consolation réside sans doute dans cette partie encore notable du peuple français, cette partie qui aime la France cette partie attachée à son héritage, cette partie qui refuse une France qui ne serait qu'un ensemble administratif où prospéreraient des communautés étanches, cette partie qui pense que la France a encore un rôle à jouer, et qui dit non à ceux qui veulent lui ôter son essence.