"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mercredi 9 octobre 2013

Sus au FN!





L'évolution du FN dans notre paysage politique est symptomatique de la misère politique dans laquelle nous nous trouvons. Il n'est qu'à se pencher sur le programme de ce parti, souvent ubuesque, en tout cas irréaliste et même non réalisable du fait des multiples accords internationaux qui nous lient à diverses institutions auxquelles nous avons délégué sans doute excessivement, imprudemment surement, notre souveraineté, pour se convaincre que la place qu'a prise ce parti trouve ces origines ailleurs que dans une adhésion forte à ses idées.

Il n'est guère utile de rappeler le jeu machiavélique joué par la gauche dans les années 80 pour faire émerger ce parti du néant dans lequel il se trouvait. Ce sont bien les socialistes qui ont fait entrer une trentaine de députés du FN à l'Assemblée Nationale (on ne discutera pas ici d'une représentation nationale souvent éloignée des réalités politiques du terrain en favorisant souvent certains – cocos  et verts – surreprésentés  par rapport à leur poids politique, et en en pénalisant d'autres  lourdement– le FN en particulier). Afin que ceux qui ont participé à cette manœuvre indigne et qui aujourd'hui encore hantent les couloirs du pouvoir, même s'il devient de plus en plus symbolique, ne se sentent pas trop responsables de la situation actuelle les obligeant à s'agiter dans tous les sens de façon aussi ridicule que contreproductive, je dirai que leurs actions pour promouvoir ce parti n'ont fait qu'accélérer un phénomène qui de toute façon était prévisible au regard de la qualité de la gestion des affaires par nos gouvernants successifs, ceux qu'on connait parce qu'on les a élus et les autres, ceux qui n'ont pas été élu et qui disposent de pouvoirs exorbitants. On le constate d'ailleurs dans toute l'Europe où même quand les partis du même type n'ont pas le même succès, en Allemagne par exemple, les mêmes idées reçoivent un écho favorable de la part de la population. Souvenons-nous, puisque l'Allemagne a été prise en exemple, du succès du brûlot fustigeant l'immigration écrit par Thilo Sarrazin (Deutschland shafft sich ab), membre pourtant éminent de la gauche socialiste allemande, et des sorties de la chancelière sur l'échec du "multikulti".  

Les partis, au choix nationaux, identitaires, fascisants, populistes, et j'en oublie certainement, progressent partout en Europe. Pour ma part je retiendrai le second qualificatif (identitaire) qui me parait le plus adapté, du moins le plus en phase avec les raisons du succès de cette mouvance. On pourrait y ajouter celui de sécuritaire, bien qu'il soit fortement corrélé avec le précédent quand on jette un œil sur la population qui emplit les prisons, qui passe devant les juges, ou qui alimente copieusement la rubrique qu'on nomme "faits divers", une façon sans doute de relativiser l'importance de ce qu'elle contient alors qu'elle constitue le quotidien de beaucoup de monde et qu'elle est à la source de bien des inquiétudes. Les politiques ne s'y trompent pas qui voudraient sans doute interdire pour certains cette rubrique pour mieux cacher une terrible réalité. Ainsi l'inénarrable Najat Valaud-Belkacem parle-t-elle de la "tyrannie des faits divers" dont ses gardes du corps la tiennent éloignée.

Les multiples débats, faux débats car souvent ils ne peuvent le devenir du fait de l'aspect passionnel que prend leur contenu, qui empêche les uns et les autres de réfléchir sereinement à un avenir commun pour tous, qui empêche de dire de simples constats que n'importe qui peut faire, j'y reviendrai, indiquent aux Français que quelque chose a changé, et que ce 'est pas fini. Certains s'en félicitent, d'autres le regrettent et parmi ces derniers certains tentent encore de résister. La crèche Baby-Loup et ses multiples rebondissements dont le dernier laisse un gout amer, enfin à ceux qui ne sont pas gagnés par cette joie malsaine du constat de nos reculades successives face aux ennemis de notre société, le hallal dans l'assiette de nos enfants dans les cantines, dans nos assiettes et à notre insu, l'abattage barbare du même nom toléré au nom de la différence, le port du voile dans l'espace public, à l'école, à l'université, le difficile accouchement de la loi anti-burqa, la construction d'édifices religieux financés en contravention avec la loi sur la laïcité, les prières de rue, enfin toutes ces choses, j'en oublie, qui nous ramènent au constat que la laïcité est menacée, qu'au mieux nous devons accepter d'autres modes de vie voyants que les nôtres sur notre territoire, et même sur notre palier et qu'au pire… Chut!
On nommera tout ceci l'insécurité culturelle. Ce concept est d'ailleurs utilisé par une frange de la gauche, honnie du reste de cette grande famille, qui après avoir compris les causes de la perte de l'électorat populaire, s'efforce de développer des propositions destinées à le faire revenir. Mais tout cela n'est pas très en phase avec l'idéologie de terra nova qui au contraire veut s'appuyer pour partie sur les minorités à l'origine du malaise. C'est d'ailleurs fort efficace d'un point de vue électoraliste si on se réfère au vote musulman. Ceux qui nous gouvernent ont accepté le prix à payer, donc la perte des catégories historiquement défendues par la gauche, pour profiter des ors de la République. Mais comme la gauche est par essence morale, on n'ira pas regarder d trop près les aspects moraux de ces choix. Cependant on ne pourra manquer d'observer ceux qui nous dirigent avec une certaine ironie quand ils constatent et fustigent la montée du FN, cette ironie si bien exprimée par Bossuet quand il disait que " Dieu se rit des hommes qui chérissent les causes dont ils déplorent les effets."

Et puis bien sûr il y a l'insécurité, celle des biens et des personnes, celle dont la gauche disait il y a un peu plus de 10 ans qu'elle n'était qu'un sentiment et non une réalité. Cette insécurité, on le sait augmente. La violence qui l'accompagne augmente aussi se manifestant désormais  par des actes, parfois gratuits (le mauvais regard, la cigarette non offerte par le non-fumeur), ou hors de proportion avec le but rechercher : on tue désormais pour quelques euros.  La gauche sait ce que son angélisme lui a coûté. Désormais, elle n'ose plus vraiment tenir le même discours. Mais les modes d'action pour traiter ce problème sont quand même particuliers et peu convaincants. Il sera difficile de persuader les Français que les délinquants dehors seront moins dangereux que les délinquants en prison. C'est inacceptable pour les victimes. Réelles ou potentielles. Les Français ne sont d'ailleurs pas convaincus. Le ministre de l'intérieur non plus. Mais là-haut ça se règle à coup de bisous. Pas dans la rue.
Et puis il y a ce camouflage de la réalité destiné à limiter cette "tyrannie des faits divers". On ne les cite pas tous, c'est impossible. Mais il y en a qu'on n'oublie à dessein. Par exemple une mosquée taguée n'échappera à personne, tandis que des croix arrachés dans un cimetière ça restera un fait divers juste connu localement. Il s'agit de fait de tenter de convaincre que les plus victimes ne sont pas celles qu'on croit et qui ceux qui commettent des délits non plus. Donc inversons les rôles en choisissant de quoi on va parler. Mais ce n'est pas suffisant, on ne peut quand même pas assécher la rubrique. Donc on ne cite plus les noms, sauf ceux qui sonnent bien gaulois, ou pire on les gallicise. Sauf que ça a ses limites puisque si on constate que tous les "souchiens" au centre d'un fait divers ont droit à l'étalage de leur identité, on en déduit donc que ceux dont le nom est omis n'en sont pas.
Du coup, quand on conjugue les phénomènes, les gens deviennent persuadés que le mensonge désormais fait loi. Surtout quand de temps à autre sort un livre "dérangeant", en fait fortement critiqué par ceux qui pensent bien qui nous dévoile quelques vérités. Je pense par exemple à ce livre "La France orange mécanique" d'Obertone, certes pas un chef-d'œuvre de littérature mais qui par les chiffres qu'il dévoile et les faits divers souvent tirés de la presse locale, donc inconnus du plus grand nombre, qu'il révèle nous donne une autre image de l'insécurité que celle édulcorée qu'on nous offre quotidiennement.

Dès lors, quand un parti politique, et nonobstant les solutions qu'il propose, tient un langage crédible, c'est-à-dire correspondant peu ou prou avec la perception qu'ont les Français d'une situation, dans les deux domaines de l'insécurité précités, il est logique qu'il remporte un certain succès. Il serait illusoire de penser que seules les questions économiques, du moins celles qui les touchent au premier chef, intéressent la population qui d'ailleurs sent bien que les choses dans ce domaine se décident essentiellement ailleurs, au FMI, à Bruxelles… Par contre sur ces problèmes d'intégration des étrangers et même des Français d'origine étrangère, sur ces questions de laïcité, sur ces préoccupations identitaires qui sont les leurs, sur le traitement de la délinquance, sur le fonctionnement de la justice, les Français se retournent vers leurs gouvernants. Et si ceux-ci ne sont pas à la hauteur et pire s'ils donnent l'impression de mentir sur la réalité, ils le font payer électoralement. Soit ils ne vont plus voter, soit ils portent leurs suffrages vers celui qui tient un langage qui parait vrai.

Et lutter contre ça ne peut pas se faire en utilisant l'invective et même l'insulte envers ce parti et par conséquent envers ceux qui votent pour lui. Ces discours dénués de tout argument, se rattachant à une vague morale dont pourtant leur pratique du pouvoir nous montre combien ces gens qui les tiennent en sont dénués, sont évidemment contreproductifs et semblent même indiquer que c'est le FN qui dit vrai. Ce n'est qu'un langage de vérité suivi d'une réelle action qui videra les rangs du FN. Sarkozy avait franchi la première étape en 2007 par son verbe. Il avait en effet suffisamment affaibli le FN pour que celui voie son existence menacée pour des problèmes financiers liés à des élections désastreuses pour lui.  Mais comme il n'en est resté qu'au stade du discours, que le karcher est resté rangé, que le communautarisme a continué à se développer, il a à la fois perdu les élections et relancé le FN.

Pour terminer je voudrais caractériser la situation de la France par cette citation volée à Karl Kautsky qui n'aurait sans doute pas été un partisan du FN:
"Quand une classe ou une société dégénère, ou qu’elle est trop violemment bousculée, elle rejette toujours la vérité. Elle n’use plus de son intelligence pour clairement établir ce qui est, mais cherche des arguments pour s’apaiser, se consoler et se tromper elle-même."
Le FN est sans doute la réaction, une réponse, mauvaise sans doute, mais on en attend impatiemment une meilleure, à cet état d'esprit qui semble être celui de ceux qui nous dirigent, de nos intellectuels, ceux qu'on nous montre partout, et des médias. Et la seule consolation réside sans doute dans cette partie encore notable du peuple français, cette partie qui aime la France cette partie attachée à son héritage, cette partie qui refuse une France qui ne serait qu'un ensemble administratif où prospéreraient des communautés étanches, cette partie qui pense que la France a encore un rôle à jouer, et qui dit non à ceux qui veulent lui ôter son essence.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire