"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

jeudi 2 janvier 2014

Vœux présidentiels





Comme 10 millions de Français, 1,5 millions de moins que l'an dernier, c'est un signe, j'ai écouté les vœux présidentiels. Avec un espoir fou. Sans vraiment y croire j'attendais quelque chose comme  "je vous avais promis l'inversion de la courbe du chômage et vous avais demandé de me juger sur les résultats. J'ai visiblement échoué malgré ces dizaines de milliers d'emplois d'avenir et autres fantaisies testées depuis bien des années, et payées par vos impôts, enfin les impôts de ceux qui travaillent. En conséquence j'en tire les seules conclusions que peuvent dicter l'honnêteté et la loyauté vis-à-vis du peuple français que j'ai si mal servi : ce soir à minuit, mes fonctions prendront fin."
Ah que ça aurait été beau et digne. Un départ à la Jospin, mais en mieux. Une parodie du départ du général de Gaulle, donc en moins bien, mais un instant qui aurait démontré  que derrière ce président il y avait peut-être un homme d'Etat en devenir. Lointain, très lointain.

Mais évidemment ce n'est pas à cela que nous avons eu à faire. Pas de complexe chez cet homme, toujours content de lui, et à cette occasion moins président que directeur des futures campagnes électorales pour les municipales et les européennes. J'y reviendrai.

Reprenons un peu quelques éléments de son discours que du coup je dois réécouter une nouvelle fois. Que ne ferais-je pour éclairer mes lecteurs!

Son discours s'articule en 4 parties.
Dans la première, il dresse un piteux bilan. Une année "intense et difficile" dit-il.
Commençant pas les conflits où il a entrainé ou voulu entrainer la France. Il y aurait long à dire sur ces épisodes maliens, syriens et centrafricains, mais il ne le fera pas évidemment. Ce n'est sas doute pas le moment, mais je crains que ce ne le soit jamais. Il enchaine sur  un satisfecit octroyé à une Europe qui aurait surmonté sa crise financière. Là-aussi il y aurait du grain à moudre au sujet de cette affirmation très contestable en fait ne visant que les symptômes d'une maladie que je pense toujours bien présente.
Puis il parle des réformes du gouvernement, pour finalement n'en citer qu'une, celle du mariage pour tous. Mais y en a-t-il eu réellement d'autres? Même à gauche on s'interroge là-dessus. On pourra d'ailleurs considérer que citer le mariage pour tous alors qu'un récent sondage montre les Français encore divisés à part quasiment égale sur le sujet plusieurs mois après le vote de cette loi, relève soit d'une maladresse, soit d'une provocation. En tout cas, ce n'est pas vraiment rassembleur.

Quant aux difficultés il les admet. Pouvait-il faire autrement? Mais évidemment ce n'est pas de sa faute. C'est la faute à la crise, une" crise s'est  révélée plus longue, plus profonde que nous l'avions nous-mêmes prévu". Il faut sans doute considérer cela comme un aveu, un aveu d'impréparation, ou encore un aveu d'incompétence.  Et aussi un aveu de malhonnêteté car on se souvient que la crise n'était pour rien dans les problèmes de la France quand Sarkozy en était le président.
Donc à cause de la crise, le chômage est toujours là. Et puis à cause de la crise il a fallu augmenter les impôts devenus trop lourds " à force de s'accumuler depuis de nombreuses années". Car là-aussi pas question de prendre sur soi la responsabilité de la grogne fiscale. C'est de la faute aux autres aussi, même si on ne voyait pas avant l'arrivée des socialistes au pouvoir des mouvements de protestation parfois violents.
Ceci dit, pourquoi s'alarmer, car les difficultés finalement sont peut-être une vue de l'esprit car "les résultats sont là", même si personne ne les a vus. Et comme ils sont là on va donc continuer comme avant, ainsi que le confirme cette phrase : " les résultats sont là, j'ai confiance dans les choix que j'ai faits pour le pays".  C'est un peu effrayant, non? Car si après un constat d'échec on en vient à dire qu'on va continuer comme avant, il y a lieu de s'inquiéter surement.


Dans une seconde partie vient le temps des annonces qui peuvent ressembler à des redites.
Il faut comme à chaque intervention présidentielle une formule "choc". On a eu le pacte de compétitivité, le choc de simplification, la boite à outils. Cette fois-ci ce sera le pacte de responsabilité. Une adresse à l'intention des entrepreneurs. On pourrait dire "enfin il a compris que ce sont eux qui sont les seuls à pouvoir créer de l'emploi". Reste que c'est contradictoire avec ses propos  sur la continuation de sa politique et que ce qu'il appelle un pacte n'est rien d'autre que du simple bon sens qu'il n'est pas nécessaire de formaliser. Il faudra juste le mettre en œuvre, ce dont on peut douter dès lors que le budget est déjà voté. Par ailleurs on peut se demander pourquoi on n'y avait pas pensé auparavant. Enfin si ce traduit par la suite comme les annonces sur le choc de simplification par exemple, il ne se passera rien.
D'ailleurs ce thème de la simplification revient dans les vœux démontrant bien que rien n'a été fait à ce sujet (je pourrais pour ma part témoigner d'une aggravation dans mes relations avec l'administration française).
Se contredisant une nouvelle fois avec son affirmation de vouloir continuer la même politique, il plaide pour une vraie réduction des dépenses, allant même jusqu'à évoquer les abus relatifs à la sécurité sociale, une hérésie normalement chez les socialistes.
On notera aussi un couplet sur la transition énergétique, un truc sans doute oublié mais ressorti opportunément de la hotte du père François pour faire plaisir aux verts.
Donc pour résumer cette seconde partie, il annonce une série de mesures sans qu'on puisse évidemment en discerner le contenu, mais qui indiquent qu'il compte opérer un tournant dans sa politique.
Qui croire donc? Un président qui tente d'atténuer ses erreurs en en reportant la faute sur la crise et qui donc ne compte pas changer de politique, ou un président ayant endossé le costume d'une premier ministre, jamais évoqué d'ailleurs, qui énonce sa politique à venir.

Dans une troisième partie, le président donc après avoir endossé celui du premier ministre, et en s'adressant à ses compatriotes de l'hexagone (quelle moche expression!) et des outre-mer ( moche aussi), oubliant au passage 3 millions d'expatriés concernés au moins par les européennes (si, si on vote aussi pour les européennes désormais, rattachés à la région IDF – tant pis pour Harlem), se pose en chef de parti en vue des prochaines échéances électorales. C'est un exercice nouveau que ses prédécesseurs avaient évité du moins au moment des vœux aux Français. C'est dire la crainte, peut-être la certitude, de se prendre une raclée tant aux municipales qu'aux européennes.
Certes il ne dit pas qu'il faut voter socialiste, mais il le fait comprendre à demi-mot, au moins pour les européennes.
S'agissant des municipales, il joue sur la dissociation entre son action et celle des élus locaux. Il insiste sur le fait que ces derniers après une autre réforme (?) auront davantage de pouvoir. Ça veut dire en gros que les maires socialistes en place ne sont pas responsables de ses erreurs et que si on en est content il faut d'autant plus leur faire confiance une nouvelle fois qu'ils auront une marge de manœuvre encore plus grande.
En ce qui concerne les européennes il procède en deux temps. Dans un premier il nous vante les mérites d'une Europe qui nous protège. Suffit-il de le dire pour convaincre, suffit-il de déclarer que c'est en renforçant l'Europe que la France sera mieux protégée pour que les électeurs en soient persuadés? En tout cas le président-chef de parti doit le penser puisqu'il ne donne pas le choix mais dit qu'il faut "promouvoir une majorité politique tournée vers l'emploi et la solidarité et non vers l'austérité et l'égoïsme national"  (on notera quand même que deux minutes plus tôt il vient de déclarer qu'il fallait baisser les dépenses). Euh! A-t-on encore le choix? En tout cas venu d'un président en exercice, c'est quand même malvenu. Qu'il laisse ça au si efficace Harlem, chef de parti (on ne rigole pas) et lui-même tête de liste en IDF (juste histoire de garantir pour 5 ans encore des revenus sans avoir jamais bossé). Au passage, comment prendre au sérieux des annonces promotionnelles sur l'Europe à l'occasion d'une élection dont le plus grand mérite est de caser dans d'excellentes conditions les copains et en particulier ceux qui soit ne se risquent jamais à un suffrage direct , soit se sont pris des bâches en tentant cet exercice (cela est vrai pour tous les partis)?
Concernant l'Europe toujours, dans un second temps il fait son auto-promotion en annonçant des initiatives avec l'Allemagne (dont on voit ce qu'elles ont pu donner depuis son élection) pour renforcer l'UE.

Enfin il redevient président, axant son discours sur la France et sa grandeur et en présentant enfin ses vœux.


Cet exercice des vœux a dont été quelque peu surprenant. La forme a été jugée nulle par beaucoup de commentateurs, mais c'est un détail. Quant au fond, l'essentiel, il ne correspond pas à ce qu'on peut attendre d'un président en exercice lors d'une telle prestation. On n'a pas vu là un président au-dessus le de mêlée, ou si peu, mais un premier ministre et un chef de parti.
Dans ces différents rôles il sème la confusion, ses propos en y regardant de plus près étant souvent contradictoires. Il veut continuer à mener la même politique mais annonce des mesures qui la remettent en cause. Il s'oppose aux politiques d'austérité quand il s'agit d'Europe mais annonce qu'il va diminuer les dépenses. En fait c'est du Hollande, il y en a pour tout le monde et pour personne à la fois. Certains aspects de ses déclarations peuvent laisser penser qu'il va dans le bon sens, les autres non. Le problème c'est que c'est sur les mêmes thèmes.
Bref, on ne sait toujours pas où on va.


Pour vos étrennes je vous offre cette vidéo d'un parlementaire européen eurosceptique qui s'attarde sur les avantages de nos élites européennes. Un truc qui ne donne guère envie d'Europe.






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