"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

jeudi 3 septembre 2015

Le socialisme français : entre désespérance et remède contre la morosité







Le nouveau socialisme français, c’est-à-dire ce truc qui a gardé un nom usurpé faute d’en trouver un meilleur, et malgré les demandes répétées du député Valls sous la précédente législature mais restées sans réponse à part les rodomontades d’une Martine Aubry en mal d’imagination depuis les 35 heures qu’elle n’avait d’ailleurs pas imaginées elle-même, le nouveau socialisme français donc qu’on pourrait appeler terra noviste bien qu’on en trouve des traces bien appuyées déjà sous Mitterrand, on appelait ça alors la gauche caviar qu’on opposait aux nouveaux pauvres, finalement rien ne change, quand par malheur pour la France il préside à ses destinées fait osciller entre colère, désespérance ou franche rigolade.
En ce sens notre président en constitue une merveilleuse métaphore. Tandis que ses petites magouilles, ses petits coups, ses mensonges énervent, tandis que l’état de déliquescence dans lequel il plonge la France dans tous les domaines procure un sentiment de désespérance, le personnage lui-même ne manque pas de nous faire sourire, et même davantage. Une cérémonie sous une pluie battante, un discours en anglais, la cravate de travers, les boutons de la veste prêts à gicler quand il enserre de ses petits bras potelés deux héros américains du Thalys, la panoplie de livreur de pizzas, le grandiose face-à-face avec Léonarda, j’en passe et des meilleures, tout ceci ne manque pas de nous amuser et même de lui trouver un côté sympathique. Sans parler du fait qu'il faut lui reconnaitre un certain talent qui aurait pu lui valoir un rôle-vedette, la reprise de celui de Bourvil sans doute, dans un remake de la grande vadrouille. Le problème c’est qu’il est président de la République et que derrière notre amusement se cache autre chose, un truc qui si je devais le définir se rapprocherait de la honte. Au passage et cela afin d’éviter des commentaires inutiles ce même sentiment pouvait également apparaitre avec son prédécesseur, souvenons-nous de "avec Carla, c’est du sérieux" ou de la visite au pape avec Bigard. Disons que les choses s'aggravent et qu'on passe sans grande transition du monarque républicain, selon le terme en vogue, au bouffon (du monarque) républicain.

Voilà donc à quoi ressemble le socialisme français. Car je ne peux croire que c'est Hollande qui a fait du socialisme ce qu'il est devenu. C'est au contraire parce que le socialisme est devenu ainsi qu'il a choisi pour champion un individu qui lui ressemblait tellement.
Alors, qu'est-ce que le socialisme français? A vrai dire une coquille vide d'idées, mais pleine d'ambitions personnelles très variables. Car l'ambition a des moteurs bien différents qui parfois fonctionnent de concert. On pourrait citer entre autres la vanité et la cupidité. Ainsi les grandes ambitions, mais juste pour si bien entendu, car la France, le bien public…, côtoient les plus petites, les plus mesquines. Le parti tient non pas à cause d'idées communes, de convictions fortes, mais grâce aux avantages qu'il peut distribuer en tapant évidement dans les caisses de l'Etat.
T'as pas été élu député? Pas grave tu le seras quand même mais européen! T'es plus ministre? T'inquiète pas, le Conseil d'Etat ou la présidence d'un comité qu'on créera juste pour toi te permettra de bien survivre! Et les mecs, vous ne savez pas comment vous allez survivre si on perd les prochaines élections? Vous inquiétez pas, je vous nomme préfet hors classe, c'est une rente à vie! La fusion des régions va te faire perdre ton poste de président? Arrête de pigner, on va créer un poste de président délégué, c'est payé pareil! C'est de droite tout ça? Ben non, c'est de gauche… aussi. Vous savez la gauche morale, la république irréprochable, pas celle des copains, la même que celle dirigée par le grand ennemi de la finance. (sur quelques promotions voir cet article)
C'est bien pour cela qu'il peut y avoir autant de courants que de puces sur un chien errant au sein du PS, ce n'est pas demain qu'il risque une scission pour des raisons idéologiques. En sortir par conviction revient sauf à passer directement à "l'ennemi" à se priver de ressources. Pourquoi croyez-vous que Ségolène Royal après s'être fait voler le poste de premier secrétaire n'a pas quitté la boutique? Par peur du chômage politique, évidemment. N'est pas Mélenchon qui veut! Lui on peut ne pas l'apprécier, mais au moins il faut reconnaitre qu'il assume ses convictions. C'est l'époque qui veut ça, l'ambition désormais nécessite beaucoup moins de courage que de conformisme, que de soumission. Les agitations, les prises de positions soi-disant iconoclastes, celles qui font le buzz, pour parler contemporain, et qui ne sont là que pour faire le buzz, tout ça n'est que posture tant qu'on reste dans l'appareil, cet appareil capable de tant donner à d'aussi médiocres. Normal donc qu'ils s'y accrochent, car en sortir serait devoir travailler pour de vrai, ce qui serait une nouveauté désagréable pour beaucoup.

Alors on s'enfonce, le pays s'enfonce devant tant de médiocrité. Les grandes idées pour la France et pour les Français se résument à des lubies libertaires et à l'effacement progressif de la première et l'asservissement des seconds à cette idée qu'il n'y a pas d'alternative ce grand projet qu'est l'Europe, enfin une Europe elle-même asservie aux intérêts de notre parrain. La diplomatie est naturellement alignée. Comment faire autrement dès lors qu'on a renoncé à une défense digne de ce nom, même si les actions d'une armée-croupion en Afrique sont censées donner le change? La politique économique le sera définitivement avec la signature du traité transatlantique, et avec elle, ça va avec, la politique sociale. Tout ça se fait évidemment malgré le peuple, contre le peuple qu'on ne se risque plus à consulter depuis un "funeste" referendum en 2005. On traite alors en secret, dans son dos, son destin en inventant, on ne sait jamais, quelques mesures salutaires pour mieux le museler des fois que… La surveillance est accrue, les lois se multiplient lui faisant injonction de ne plus dire ce qu'il pense sur certains sujets. L'annonce d'une future loi pour l'égalité et contre les discriminations entre dans ce cadre, tandis que l'école vise à vider les cerveaux, à remplacer la culture générale, celle qui permet de comprendre les choses dans leur globalité et donc d'agir pour sortir de ce qu'on nous présente comme des fatalités. Voilà l'émancipation de l'homme vue sous l'angle du socialisme français. C'est vrai, ça ne fait pas mal, seulement du mal. C'est un peu comme la grenouille qu'on met dans une casserole d'eau froide dont on fait augmenter progressivement la température, il y a même des moments où ça peut paraitre agréable.

Alors de temps à autre, il faut savoir apprécier quelques morceaux du spectacle et rire un bon coup. Ça aide à supporter le reste.
C'est par exemple Hollande disant qu'il a dû parfois prendre des mesures économiques de droite. On cherche celles de gauche. C'est Hollande partant en guerre contre el Assad et perdant ses alliés en route sans que ceux-ci daignent même l'avertir de leur défection. C'est le remplacement d'un ministre du travail par une secrétaire d'Etat à la ville dont on ne connaissait même pas l'existence tellement elle s'est fait remarquer à son poste. D'ailleurs même si son passé ne semble pas militer pour qu'elle obtienne ce poste, ce n'est pas important, elle a un beau sourire et sans doute autant de dents dans sa bouche que Najat Belkacem qui a elle-aussi obtenu un ministère important (on se demande pour quelle autre raison elle aurait eu ce poste). Faut dire que pour annoncer les réformes catastrophiques de l'éducation nationale et les chiffres mensuels du chômage, un grand sourire ça aide et, malgré la parité il est toujours difficile d'être agressif  avec un jolie femme souriante. Il y a aussi les pétages de plomb de Valls : on attend toujours impatiemment le moment où la fumée va sortir par les oreilles. Egalement l'optimisme constant de Sapin pour lequel 0% de croissance est une bonne nouvelle porteuse d'espérances. Et puis encore les petits sommes de Fabius surtout à l'étranger. Et les sorties de Ségolène sur le nutella et tout le reste.
Non, c'est vrai, le spectacle est bon. Mais le problème c'est que le spectacle n'est pas tout et certainement pas l'essentiel.
Et donc puisqu'il faut malgré tout nous résoudre à supporter ce gouvernement pendant encore plus de 18 mois (pas envie de compter, ça déprime!) autant savoir profiter de ce qu'il a de meilleur à nous offrir, son ridicule.

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