"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mardi 8 septembre 2015

Les migrants divisent l'Europe







Il fallait bien un titre à ce billet et j'ai donc pris celui-là. Mais ça aurait pu être "Crise des migrants : l'UE dévoile une nouvelle fois ses faiblesses au monde", ou encore "Tous d'accord pour la signature du TAFTA, mais divisés face à l'invasion qui se profile", ou bien "Crise des migrants : un traitement technocratique contre l'avis des peuples". De fait plein de titres pouvaient être trouvés montrant d'une part la faiblesse de l'Europe ainsi que sa profonde division, mais l'une est la cause de l'autre, et d'autre part, une nouvelle fois la mise à l'écart des peuples, de leur volonté avec en corollaire le bourrage de crâne qu'on leur fait subir pour accepter ce qu'ils ne souhaitent pas accepter.

L'Europe est une machine extraordinaire qui alimente la haine qu'on peut avoir d'elle. Taillée au fil du temps pour devenir le prototype accompli du modèle libéral, broyant un à un tous les obstacles qui se dressaient contre ce projet, les Etats-Nations, la volonté des peuples, donc le modèle démocratique, les modèles alternatifs, on vient de le voir récemment avec la Grèce, en fait toutes "ces pesanteurs" nous attachant à nos racines, à nos traditions, à nos identités, elle est devenue un monstre orwellien, un truc qui nous étouffe en tant que peuples et même en tant qu'individus, passant beaucoup de temps à soigner un vocabulaire destiné à faire passer les pilules amères. On appellera ça les instruments du simulacre de la démocratie. Ainsi, par exemple, malgré les promesses non tenues, on nous promettait la prospérité grâce à lui, l'euro est devenu un sujet tabou.
S'agissant des migrants, vous étiez contre les quotas? Eh bien vous aviez raison, d'ailleurs le président Hollande aussi était contre, et est toujours contre! Mais vous ne serez pas opposés à un mécanisme permanent et obligatoire de répartition des réfugiés (Hollande) ou un mécanisme de répartition solidaire des réfugiés (Cazeneuve). Tout est dans la manière de le dire, même si vous avez toujours aussi mal en vous asseyant. Et donc nous ne remercierons jamais assez le socialiste Delors, nos présidents successifs depuis Giscard inclus pour nous avoir guidés jusqu'à ce monde radieux qui est le nôtre. Un monde qui pourtant part en vrille. Et c'est peut-être une chance, même si finalement on sait qu'on aura du mal à combattre la bête tellement elle verrouille bien le système.
Cette fois-ci ce sont les derniers arrivés, les PECO comme on les nomme, qui cassent l'ambiance. Ces anciens satellites de l'Union Soviétique ne veulent pas des quotas, enfin du mécanisme de répartition obligatoire mais quand même solidaire qu'on veut leur faire accepter. Ils ne veulent d'ailleurs pas de migrants en général, et surtout pas de migrants musulmans en particulier. A vrai dire, je ne pense pas que les migrants souhaitent également aller dans ces pays. Ils y passeront peut-être par obligation mais ne s'y attarderont pas. Et là déjà on voit une incongruité notoire entre un espace Schengen où la libre circulation des individus est la règle et des quotas. On pourrait même penser, mais pour cela il faut avoir l'esprit tordu, vous le reconnaitrez, que les quotas ne sont qu'un leurre pour faire accepter l'entrée de migrants en Europe aux populations qui sentent que le poids de la chose ne va pas tarder à retomber sur eux. Evidemment je parle de ceux qui, majoritairement, comme les Français par exemple, ne souhaitent pas voir arriver trop de migrants chez eux. Parait que les Allemands adorent au contraire! Reste à voir. Il faut toujours se méfier de ce qu'on nous montre et s'interroger sur ce qu'on ne nous montre pas. D'ailleurs on peut légitimement se poser des questions sur l'accueil réservé par les Allemands aux migrants, celui qu'on nous montre, tandis qu'il y a juste 3 ou 4 ans un livre écrit par un homme public allemand, Thilo von Sarrazin, rencontrait un énorme succès outre-Rhin. L'auteur dans "L'Allemagne disparait", dénonçait avec vigueur les effets néfastes de l'immigration musulmane sur son pays.
Mais revenons aux PECO. Qui a un peu voyagé à l'est de l'Europe comprendra l'attachement de ses peuples à leur identité et à la religion chrétienne qui fait partie intégrante de cette identité. Cette dernière, malgré le joug soviétique ne s'est jamais éteinte et a permis au contraire à ces pays de se refonder à partir d'elle. On comprend donc les réticences qui surviennent, exprimées très clairement d'ailleurs par Viktor Orban, le premier ministre hongrois, lorsque cette identité apparait comme menacée par des migrants d'autres cultures, d'autres religions. Et peut-on donner tort à Orban quand on observe ce qui se passe dans certains pays occidentaux en proie à des luttes identitaires dont semblent sortir toujours vainqueurs les derniers arrivés? Notons au passage que cette vision des choses ne nous est pas finalement très étrangère quand on voit certains élus accepter de recevoir des réfugiés à condition qu'ils soient chrétiens. Mais chez nous, c'est très mal vu et même parait-il contraire à la loi. Comment s'étonner ensuite que quand on ne peut pas choisir ses invités on préfère ne pas en recevoir du tout?

On peut donc considérer que le droit d'asile est un devoir pour nous les nantis, enfin c'est comme ça qu'on dit, mais ne pas fixer de limites à ce devoir revient à lui nuire. Certes on peut considérer que des limites qui seraient la conséquence d'une appartenance religieuse ne sont pas les meilleures et qu'il faudrait davantage se consacrer à opérer les tris nécessaires pour ne recevoir que des gens pouvant prétendre au droit d'asile.
Mais là on se heurte à un double problème. Le premier c'est que tous ceux qui entrent et quel que soit leur statut ont vocation à rester puisque la proportion des gens refoulés parce que ne remplissant pas les conditions est ridiculement basse. Le second est que depuis des années, et ça s'accentue avec le temps, les gens qui rentrent ne sont soumis à aucune véritable politique les contraignant à s'intégrer, à se fondre dans la masse. Bien au contraire le droit de vivre comme chez eux leur est reconnu et tandis que les accueillants sont sommés de s'adapter. Non mais, sérieusement qui aurait envie de subir ça sans réticence? Mis à part les bonnes âmes qui n'ont jamais à supporter les conséquences de ce qu'elles préconisent, laissant aux autres, aux plus précaires, à ceux qui n'ont guère le choix de leur lieu de résidence, du lieu de scolarisation de leurs enfants,…, la charge de leurs idées généreuses.
Qu'on règle ces deux problèmes et les gens seront moins réticents. C'est une évidence! Mais peut-on encore les régler, au moins le second, surtout le second? J'en doute. Et donc l'afflux continu de migrants depuis des décennies s'étant accompagné d'un rejet de ce qui avait marché avec les Polonais, les Italiens, les Portugais et tous les autres, à savoir l'assimilation remplacée par un vague, de plus en plus vague, concept d'intégration devenu désormais l'inclusion, ce qui revient à une officialisation du multiculturalisme, mais faut pas dire le mot, donc la faiblesse de l'Etat, son absence d'autorité, on vient d'en avoir encore la preuve avec les occupations admises, tolérées et donc encouragées  d'axes routiers par des gens du voyage revendicatifs, donc la complicité de certaines élites, qui du moins se revendiquent comme telles, etc., donc tout ceci crée, et évidemment les gens le sentent, les mêmes conditions que celles qui ont amené les réfugiés que nous devons accueillir aujourd'hui à fuir leur pays. Bientôt à ce rythme, le monde entier sera en guerre, guerres de communautés, ethniques, religieuses,… Combien de temps cela prendra-t-il? 20 ans, 50 ans, davantage? Peut-être moins, la faiblesse, le refus de voir ce qui s'offre aux yeux de tous, la haine de soi et de son passé devenue la norme, en tout cas en France, tout ça peut évidemment précipiter les choses. La quantité et la volonté feront le reste.

L'"urgence humanitaire" justifie-elle ce risque de plus en plus avéré? J'explique les guillemets qui encadrent urgence humanitaire et en même temps les réserves que j'exprimais quant à l'enthousiasme des Allemands. J'ai eu il y a quelques heures accès à des témoignages très personnels, donc pas relayés par les médias mais les réseaux sociaux, de gens résidant en Allemagne ayant une vision très différente de ce qu'on nous présente : ceux-là voient des gens exigeants, très regardants sur la qualité de l'aide matérielle qu'on leur apporte (nourriture, vêtements), essentiellement des hommes (90% d'hommes et 10% de femmes et d'enfants mais qu'on met en avant),  donc essentiellement des hommes jeunes en bonne santé, bien habillés, disposants de i-phones, enfin bref, pas des gens sur lesquels on a tendance à s'apitoyer d'instinct et dont le comportement revendicatif tendrait à ne pas les rendre non plus sympathiques. Evidemment ça tranche avec la photo du pauvre gamin mort sur la plage. Ces témoignages ne viennent pas du site du NPD. Pour être clair ils émanent essentiellement de gens eux-mêmes immigrés en Allemagne et assez stupéfaits de ce qu'ils voient.

Alors l'Europe dans tout ça? En est-elle réduite à gérer dans la cacophonie son impuissance à protéger ses frontières?
En tout cas il est sûr qu'elle avance en tâtonnant, bien incapable d'anticiper les flux migratoires qui se dirigent vers elle, bien incapable de procéder au tri entre légitimes postulants au droit d'asile et les autres, bien incapable de pondre un plan de gestion de ces masses venues d'ailleurs, pour être clair, de savoir ce qu'on va faire de ces gens mis à part les répartir de façon illusoire entre les pays européens, du moins ceux qui ne sont pas exclus de cette répartition de la manne. Londres, Dublin et Copenhague, dotés d'un régime distinct sur l'immigration et l'asile, ne sont pas concernés tandis que Budapest, devant sa "mauvaise volonté" se voit exemptée. Et ce n'est pas fini puisque par exemple le président polonais a rejeté l'idée de quotas. Certains devraient peut-être payer pour ne pas subir cette politique, c'est une trouvaille de Juncker qui impose quand même 400 réfugiés à son pays, le Luxembourg. Bel effort! Surtout quand on compare ce chiffre aux 1500 imposés à la très riche Slovaquie.
Mais au-delà, tandis que des régions entières du monde sombrent dans des conflits ethniques et religieux, tandis qu'on nous annonce des cataclysmes climatiques et les déplacements de populations qui vont avec, tandis que les flux de migrants ne feront qu'augmenter pour affluer en grande partie vers notre continent, que va faire l'Europe? On l'imagine mal anticiper, son job n'est-il pas la promotion du libéralisme mondialisé? Va-t-elle se laisser submerger en faisant semblant de maitriser les choses en inventant des clés de répartitions autoritairement solidaires? Oui sans doute.

1 commentaire:

  1. Belle analyse du naufrage en cours. Les Allemands qui font (feraient?) la fête pour célébrer l'arrivée des migrants sont l'équivalent de l'orchestre du Titanic.

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