"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mardi 15 septembre 2015

L'étrange comportement des occidentaux





Il est des fois où je me pose des questions, mais pas trop longtemps d'ailleurs tant les réponses sont évidentes, sur la clairvoyance des occidentaux en termes de politique internationale.
L'alignement désormais aveugle, le dernier sursaut date sans doute de 2003 avec le refus simultané de la France et l'Allemagne (et la Russie) de donner leur caution à l'agression de l'Irak par la coalition menée par les Etats-Unis, des politiques étrangères des pays occidentaux sur celle de la superpuissance américaine me parait source de bien des problèmes et de troubles dans le monde. Ne parlons pas évidement des pays auxquels s'applique cette politique et de leurs populations : à leurs sujets on ne peut décemment parler ni de troubles ni d'inconvénients, mais plutôt de désastres humanitaires, culturels,…

Pour justifier cet alignement, tout est bon, et notamment le recours la morale, des arguments qu'on balance à une population infantilisée et qui auraient tout juste été bons pour des gamins de 12 ans il y a encore peu, enfin d'un âge où la sensiblerie est de mise et en tout cas dépasse les notions d'intérêts, d'équilibres géostratégiques. Ainsi Tony Blair pour se justifier des mensonges ayant servi de prétexte à attaquer l'Irak et relayés par lui devant les parlementaires et le peuple anglais en toute connaissance de cause, expliquait que le monde était meilleur sans Saddam Hussein. De la même manière qu'il l'est sans doute sans Kadhafi. Et là on oscille entre le fou rire et la colère. Enfin plutôt la colère quand on voit l'état du monde depuis la disparition de ces deux dictateurs, certes, mais qui paraissent des enfants de chœur par rapport à ceux qui visent à les remplacer. Evidemment que le monde est bien pire sans Saddam et Kadhafi, même si les deux étaient des salauds. Mais quand on prétend renverser des salauds encore faut-il prévoir ce qui va se passer après leur disparition et ne pas se contenter d'imaginer benoitement que la soif de démocratie des populations libérées du joug de leurs dictateurs va suffire à plonger leurs pays dans la félicité. Et peut-être aussi que des régions du monde aux prises avec une religion aux mœurs moyenâgeuses n'ont-elles guère d'autres possibilités d'être gouvernées que soit par des salauds laïcs ou du moins veillant à ce que certains équilibres ne soient pas rompus par la religion ou le tribalisme, soit par des salauds obscurantistes. Les premiers furent souvent  soutenus ou au moins tolérés avec une certaine bienveillance pendant longtemps. C'étaient nos intérêts à long terme.  Et certains donc ont décidé que ce n'était plus le cas et que d'autres intérêts, un peu troubles, d'autant plus troubles qu'il y a du pétrole ou du gaz, prévalaient sur une certaine stabilité, fût-elle maintenue à coup de nerf de bœuf. Ça s'est fait assez brutalement, dans toutes les significations du terme. En fait ce que je veux dire c'est qu'en moins de 10 ans, il y a eu un retournement des choses et qu'on ne peut guère expliquer par la guerre contre le terrorisme. Si c'est le cas, si c'était la volonté au départ, c'est très grave quand on voit que ces interventions, que ces renversements de dictateurs, ont très largement aggravé les choses.

Et du coup on se demande si la volonté finalement des initiateurs de ces troubles n'était pas d'aggraver les choses. De fait, ce billet et cette réflexion sont la conséquence d'une info dont je viens de prendre connaissance.
Il apparait donc que les massacres en Syrie, que la montée en puissance de l'état islamique, que la guerre civile auraient pu être arrêtés dès 2012. A cette époque l'ambassadeur de Russie auprès de l'ONU délivre un message à l'ancien président finlandais Ahtisaari, devenu depuis porte-parole d'une ONG et accessoirement prix Nobel de la paix. Ce message est évidemment destiné aux occidentaux, du moins ceux membres du conseil de sécurité de l'ONU que le Finlandais doit rencontrer, et concerne le règlement du conflit syrien qui n'en est qu'à ses débuts. La proposition russe est de permettre d'encourager des négociations entre le régime de Damas et l'opposition, un départ sans heurts de Bachar el Assad, et de ne pas armer les rebelles. Pour faire court la Russie est prête à lâcher Assad de manière négociée donc souple pour j'imagine favoriser l'émergence d'un gouvernement d'union nationale garantissant ses intérêts sur place, notamment la base de Tartous, à condition de ne pas armer des rebelles dont on sait déjà qu'ils sont de plus en plus dominés par les islamistes. La Russie effectivement se doit de protéger son flanc sud des islamistes. Ce qui veut dire que le conflit syrien aurait pu peut-être être réglé dès 2012 dans de bonnes conditions ce qui aurait pu donc empêcher le développement de l'EI et ces millions de déplacés dont une partie considérable afflue désormais vers nos frontières. Mais les occidentaux ont rejeté ce plan, pensant que Assad allait rapidement tomber. J'imagine que certains l'auraient volontiers vu terminer sa carrière de dictateur comme Kadhafi, humilié, torturé, exécuté, le tout filmé évidemment. A moins que certains intérêts notamment régionaux, pensons à nos amis saoudiens, qataris, turcs entre autres, n'aient milité pour que finalement le conflit ne connaisse pas ce type d'issue empêchant la victoire des islamistes soutenus par eux.
Le jeu des Américains dans ce conflit n'est pas clair. On le voit aujourd'hui dans leurs réactions alors que la Russie serait en train d'apporter un soutien davantage affirmé à Assad. Pourtant qui à part Assad et ses soutiens sont en mesure, sinon de vaincre, de contenir l'expansion de l'EI. Ce ne sont pas les frappes aériennes de la coalition qui peuvent donner un espoir de ce côté. Quand on mène une guerre il faut faire des choix en termes d'alliances, même si ces choix peuvent être douloureux. Je n'imagine guère qu'en juin 41 Churchill se soit pris d'une véritable amitié pour Staline et réciproquement. Idem avec Roosevelt quelques mois plus tard. Si on estime que l'EI, et les autres islamistes notamment al nosra, filiale de al qaida, représentent une plus grande menace pour nos intérêts, pour le monde que Assad, et on peut raisonnablement penser cela quand on est occidental, on n'a pas à tergiverser. Le départ de Assad ça sera pour plus tard. Mais à priori, on ne pense pas comme ça à Washington, et donc on ne pense pas comme ça dans les capitales européennes. Et c'est quand même absurde. Et même complètement idiot de la part de ceux qui aujourd'hui sont en train de montrer le spectacle pitoyable de leurs faiblesses quand il s'agit d'accueillir des réfugiés. Ils ont loupé le coche en 2012. Et ils persévèrent.
C'est un peu comme l'Ukraine. Ce qui s'y passe n'a en fait qu'une importance très réduite. La guerre ne finira que quand les Américains le décideront. Leur vrai objectif, c'est la Russie. Et les autres suivent fermant les yeux sur le non-respect des accords de Minsk par les Ukrainiens, détournant le regard sur les meurtres politiques commis en Ukraine, ignorant les lois liberticides ou réhabilitant les auxiliaires des nazis quand ils entrèrent en URSS et occupèrent cette région. Ils suivent et votent des sanctions dont ils sont les premiers et même les seuls à subir les conséquences des réponses qui leur sont données.

Quand l'alignement devient  ce point suicidaire, il faut se poser des questions sur nos dirigeants. Soit ce sont de parfaits abrutis, soit on dispose de moyens de pressions sur eux, soit ils sont soudoyés. J'expose ces hypothèses dans un ordre préférentiel.

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