"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

vendredi 16 octobre 2015

Actualité en ébullition, indigence des médias





Un petit voyage en France m'a écarté de la blogosphère durant quelques petites semaines.
Le séjour fut intéressant à plusieurs titres. Laissons tomber le côté gastronomique et certains autres qui n'intéressent guère que moi et concentrons-nous sur l'actualité et son traitement.
A chacun de mes séjours toujours très espacés, je constate avec effroi la façon dont est traitée l'actualité par les médias audiovisuels français, ceux auxquels j'ai ici un accès limité, volontairement je précise. C'est pitoyable de constater la manière dont sont informés ceux, et je pense qu'il s'agit là de la grande majorité, parce qu'elle manque de temps, parce que les préoccupations du quotidien l'emportent sur l'envie de s'informer, parce que la paresse domine et que le superficiel suffit amplement aux nourritures de l'esprit, etc., qui ne disposent que des journaux télévisés et des chaines d'information continue, sans doute les pires dans le domaine qu'elles se sont approprié, pour s'informer sur la marche du monde et accessoirement  sur celle de leur pays. Des images, choc de préférence, de vagues commentaires inutiles, le tout répété en boucle à vous en donner la nausée, mais quoi sur le fond? Rien ou presque. De temps en temps un expert, improvisé, autoproclamé, peut-être désigné, vient vous donner sa vérité, un peu comme on distribue dans les ministères les éléments de langage, copeaux d'une langue de bois qui ne cesse de s'épaissir.

Et pourtant! Et pourtant il y aurait tellement à dire sur les quelques sujets passés en boucle ou sur ceux à peine évoqués, pour ne pas dire passés sous silence.
Sans moi-même les développer comme ils le mériteraient, l'entreprise étant donnée leur multiplicité n'étant pas de mise dans un seul billet de blog, je voudrais m'arrêter quelques-uns des sujets passés en boucle pendant mon voyage. Ils ne sont pas hiérarchisés.

Il y a eu l'affaire Morano et cette histoire de France "pays de race blanche" qui a ému toute la bienpensance de gauche, de droite et du milieu confondus. Chacun s'est arrêté au premier degré. Ce n'est pas forcément habituel de s'arrêter au premier degré. En fait c'est le degré qui jettera l'opprobre sur l'auteur d'un mot forcément détestable qui sera retenu. Et dans ce cas nulle défense possible, la chose est jugée d'avance.  Si vous dites "j'ai dit cette chose voulant signifier cela", on vous répondra "ce qui compte est ce que vous avez dit, pas son interprétation". Si vous dites "vous me faites dire ce que je n'ai pas dit" on vous répondra "ce n'est pas ce que vous avez dit qui importe, c'est ce qu'on a compris (voulu comprendre)".  Et donc vous l'avez dans l'os! Dans tous les cas! Vous êtes sommés de présenter des excuses, de vous rétracter, cela rendant bien sûr votre culpabilité évidente puisque l'excuse vaut aveu, ou bien c'est l'hallali; même vos amis sont sommés d'y participer ce qu'ils font volontiers pour ne pas subir la terrible loi de l'amalgame dont pourtant on protège avec acharnement d'autres individus ou groupe d'individus en raison de … (autocensure). Dans ce cas de figure, de plus en plus fréquent, les médias ne servent donc plus de vecteur d'information, d'outil de compréhension, mais de salle d'instruction, à charge évidemment. Les juges y sont très pointilleux, allant même jusqu'à remettre en cause une phrase qu'aurait prononcé de Gaulle (pas touche à de Gaulle, tous ceux qui ont trahi sa pensée et détruit son œuvre, à gauche, à droite, en ayant fait une icône) et dévoilée plus tard par Peyrefitte qui n'étant pas une icône peut être traité post-mortem de menteur.
Sur cette affaire Morano, pourtant, il y aurait eu beaucoup à dire sur le fond, surtout si on considère, selon les sondages, le regain de popularité de cette femme politique. Si l'expression "France de race blanche" peut être effectivement considérée comme malheureuse dans le contexte actuel, essentiellement scientifique, elle prend tout son sens dans cette fracture qui existe désormais entre ceux qui restent attachés à l'identité de leur pays qui puise ses racines dans l'histoire, une culture et des valeurs partagées et qui il y a encore quelques décennies ne faisaient pas débat, et ceux qui veulent saborder cette identité. On remarquera d'ailleurs que parmi ces derniers, du bon côté de la barrière, naturellement, il existe les apôtres du métissage auxquels on ne cherche surtout pas de poux dans la tête, au contraire on les encense, alors que le métissage ne peut se concevoir qu'avec l'acceptation implicite qu'il existe des races différentes. Même chose pour ceux qui voient trop de blancs (généralement mâles) à la télé, dans les conseils d'administration ou ailleurs.
Ce ne sont pas les propos maladroits d'une femme habituée à mal maitriser son langage, on peut même regretter, c'est mon cas, qu'une telle lacune lui ait ouvert de si inattendues perspectives politiques, qui importent mais ce débat qu'on ne cesse d'éluder ou plutôt de stigmatiser alors qu'il sera au centre de la vie politique des prochaines années. Mais n'attendons pas de nos médias qu'ils le lancent. Ils préféreront se placer sur la ligne d'un ministre de la race des conifères dégarnis qui pense qu'en éliminant un mot de la constitution, et pourquoi pas du dictionnaire, le débat s'éteindra de lui-même.

Il y a eu aussi l'affaire d'Air France dont finalement on ne retiendra que l'image de ces deux responsables à moitié nus en train d'escalader une barrière pour échapper à un possible lynchage et les réactions à l'interpellation dans le matin blême, et même la nuit noire à cette époque de l'année, de certains des auteurs présumés (prudence oblige!) de cette agression caractérisée.
Là-aussi le sujet méritait bien mieux que cet arrêt sur image et la relation des grognements d'un Mélenchon, d'un Besancenot ou de syndicalistes en manque de merguez arrosées au choix de Boulaouane ou de Sidi Brahim (c'était ma participation à la promotion de la diversité). On aurait pu parler de l'effondrement du dialogue social, une priorité de notre bon président (ne me demandez pas si sa priorité était le dialogue social ou l'effondrement, en tout cas il a fort bien réussi pour le second et ce dans tous les domaines). On aurait pu parler du syndicalisme en France, cette chose pitoyable destinée à en gaver quelques-uns aux frais essentiellement du contribuable compte tenu du nombre d'adhérents, aux dépens de l'emploi de milliers de ceux qu'ils prétendent défendre. On aurait pu parler du corporatisme dont les pilotes d'Air France sont un merveilleux exemple. On aurait pu se demander pourquoi je préfère Aeroflot à Air France pour le même trajet, à des prix similaires ou presque pour les mêmes prestations, sur le même airbus (je vous donne la réponse : je n'aime pas rester coincé dans les aéroports. Cela dit on n'est jamais à l'abri d'une grève des aiguilleurs du ciel, des bagagistes, d'un blocage de l'aéroport par les chauffeurs de taxis en colère – je parle évidemment de notre belle France corporatiste). On aurait pu se demander pourquoi l'Etat conserve 17% des actions d'une compagnie tandis qu'il se refuse à intervenir dans le dialogue social. J'oublie sans doute d'autres sujets de débat autour de cette affaire. Mais c'est sans importance puisqu'aucun ne sera véritablement traité par ceux dont il parait que c'est le métier.

Il y a eu évidemment les inondations dans le sud de la France. Impossible d'y échapper. Certes l'événement méritait qu'on s'y arrête, mais peut-être sous un autre angle, une fois les larmes de rigueur versées. Peut-être aurait-on pu s'interroger tandis que les pouvoirs publics, pépère à leur tête, faisaient la queue pour montrer leur compassion, chose désormais habituelle pour ces gens qui faute de maitriser les choses doivent en rajouter dans le compassionnel, sur des lustres de constructions sauvages mais néanmoins tout à fait légales dans cette région. Peut-être aurait-on pu s'interroger sur un système d'alerte déficient tandis que nos voisins anglais en disposent d'un performant depuis longtemps. Mais sans doute ne faut-il pas accabler ces mêmes pouvoirs publics.

Et enfin, il y a la Syrie. Là c'est le pompon soit de l'ignorance, soit de la désinformation. Grâce à nos médias dans une parfaite ligne gouvernementale, on va finir par convaincre non seulement que les islamistes qui ne sont pas membres de l'EI, et notamment ceux affiliés à al qaïda, sont préférables à Bachar el Assad, mais qu'en plus ils sont nos alliés et même nos amis. Faut dire qu'on leur a livré suffisamment d'armes directement ou indirectement pour que cette position d'ailleurs plus criminelle qu'absurde, en tout cas allant contre les intérêts de notre pays, mérite d'être défendue par pépère et sa clique et relayée par des médias aux ordres. Il aura fallu que je tombe par hasard, mais à une heure où la plupart des gens dorment, pour entendre une explication correcte sur ce qu'étaient dans leur diversité les forces d'opposition au régime en place, mais en fait des forces d'opposition à toutes les autres parce que dans l'affaire tout le monde tape à peu près sur tout le monde même quand les sponsors sont parfois identiques, et la réalité des forces syriennes dites démocratiques. Bien évidemment cette information n'a pas été retransmise en boucle comme d'autres inutiles et mensongères. De fait personne n'aura rien compris à ce conflit tant qu'il n'aura pas saisi qu'il n'a de syrien que le nom, même si la Syrie en est le théâtre, et que les enjeux dépassent largement le choix entre un régime de type autoritaire comme celui de Assad et un régime autoritaire religieux. Et par pitié ne parlons pas d'un régime démocratique. Mais évidemment exposer ces réalités, c'est mettre à nu notre politique étrangère et des alliances pour le moins douteuses avec des "amis" dont on pourrait être tenté de dire qu'ils achètent ce type d'attitude,  et donc cette politique allant contre nos intérêts fondamentaux par le biais notamment de contrat d'armements ou d'investissements. Mettre à jour ces réalités réduirait à néant une communication justifiant nos actions par une lutte entre le bien (ça c'est nous, les américains et nos alliés) et le mal (ça c'est surtout la Russie en ce moment). Reste cependant qu'on est bien plus sensible tellement on a l'esprit défaillant et la connaissance plus que parcellaire à une coupe du monde de foot attribuée dans des conditions douteuses à un pays où il fait 50° à l'ombre qu'aux conséquences dramatiques sur le plan humain, car là il s'agit de centaines de milliers de morts et de millions de déplacés, d'alliances avec ce pays et d'autres du même acabit.

Et là on comprend le rôle dévolu aux médias.

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