"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

vendredi 18 décembre 2015

Et si on faisait comme avant, mais en pire!





Et si on faisait comme avant mais en pire!

“Si les gens savaient par quels petits hommes ils sont gouvernés, ils se révolteraient vite.” Talleyrand

On devrait plus souvent se référer à Talleyrand dont la grande intelligence compensa son amoralité. On y trouverait beaucoup d'explications à la manière dont fonctionne le monde. Et puis en même temps, c'est un bon étalon (dans tous les sens possibles d 'ailleurs) pour mesurer la médiocrité de ses lointains successeurs.
Pour en revenir à la citation liminaire, j'ai comme l'impression que les gens commencent à savoir et que si leur révolte reste encore dans les limites du raisonnable,  de la paix publique, en particulier dans celles qu'on veut bien leur laisser, c'est-à-dire le vote considéré comme un simulacre de la démocratie, elle gronde néanmoins de plus en plus sans toutefois être entendue ou du moins que soient prises en considérations les doléances qu'elle exprime. Bien au contraire les petits qui nous dirigent ou aspirent à le faire, attendant leur tour comme à confesse quand ils ne tentent pas de précipiter les choses par de minables compromissions masquées sous des formules vertueuses qui ne trompent personne, comptent bien les étouffer usant et abusant des pouvoirs qui sont les leurs ou en poussant le cynisme à son paroxysme.
Enfin! Toujours est-il que cette séquence post-électorale que nous vivons illustre parfaitement le caractère minable de notre classe politique.

On va peut-être commencer par  évoquer le cas du personnage le plus ignoble de la campagne qui vient de s'achever, et par bonheur, par une défaite de l'individu.
C'est le 4ème personnage de l'Etat dans l'ordre protocolaire, et seulement dans celui-là. Il a, c'est une nouveauté à ce niveau, quoique théorisé par Terra Nova et mis en œuvre très largement en 2012, officialisé en insultant son adversaire, la notion de vote ethnico-religieux. Evidemment, lui ne sera pas condamné pour incitation à la haine raciale. Ça, ça ne marche que dans un sens. Mais passons. Notre individu, donc défait, dans un geste fort courageux, remet en jeu son titre de 4ème personnage de l'Etat devant ceux dont il est sûr, et seulement ceux-là qu'ils ne le contesteront pas, poussant le zèle, quelle force de caractère, à se faire reconduire par acclamation, un truc du style Corée du Nord. Un vote à bulletin secret aurait pu lui faire de la peine lui qu'il faut désormais ménager car il a beaucoup donné de sa personne au point d'avoir dû consulter un médecin au moment où il devait remonter sur son perchoir. Bien lui en prit car de méchants individus, contre toute attente avaient décidé de solder quelques comptes justement à cette occasion, chose dont il ne pouvait se douter. Et c'est à cette occasion qu'on découvrit qu'il souffrait aussi de surdité, une tare de plus à son actif : son médecin lui ayant ordonné de lever le pied, il s'empressa d'aller lever le coude avec ses colistiers sans doute pour oublier ses malheurs. Il a depuis renoncé à son poste de conseiller général, préférant conserver celui de conseiller municipal, là où son influence sera sans doute plus déterminante pour la bonne marche des affaires de la famille.

Dans la catégorie des personnages pitoyables, on traitera plus loin des confraternels, on trouve également la polytechnicienne diaphane, ex n°2 des Républicains. Egarée à droite, comme elle aurait pu s'égarer à gauche, sa soif de reconnaissance l'invite à se comporter comme première opposante du parti où elle se trouve. Porte-parole de la campagne de Sarkozy en 2012, elle fait la moue à cause d'une campagne "maurassienne". Moderne bobo, elle se rallie au mariage pour tous avant de se présenter comme candidate à la mairie de Paris, où elle subit un échec, les électeurs ayant sans doute préféré une vraie bobo gaucho à une bobo gaucho compatible, l'original ayant dans ces cas-là souvent la faveur. Elle avait pourtant fait des efforts, tirant des taffes sur sa clope en compagnie de clodos et considérant le métro, bien que ne connaissant pas le prix d'un ticket pour y accéder, comme "un lieu de charme à la fois anonyme et familier où l’on peut vivre de véritables moments de grâce". Mais ça ça devait être après la fumette. Faisant donc entendre une voix dissonante dans son parti dont elle était, je le rappelle, le n°2, et cela dans l'entre-deux-tours, en rejetant la ligne officielle du ni-ni, elle s'étonne et s'offusque de se voir virer de ce poste, et seulement de ce poste, qu'elle ne doit à personne d'autre que celui dont elle ne cesse de critiquer l'autorité, allant qualifier cette attitude de stalinienne. Elle devrait s'estimer heureuse de ne pas avoir été virée du parti. En 1990 Juppé qui la soutient aujourd'hui n'avait pas hésité à exclure Carignon du RPR parce que ce dernier voulait… créer un front républicain et soutenir un candidat socialiste dans une cantonale pour contrer le FN. Qui a dit que la vieillesse était un naufrage?
Bon! Il semblerait donc que celle qui déclarait il y a peu de jours "On ne redresse pas la France avec des réactionnaires mais avec des visionnaires", soit prête en utilisant les mots de l'adversaire à franchir officiellement le pas qu'elle a déjà fait dans sa tête depuis longtemps.

Evidemment elle n'est pas la seule. C'est même une mode très récente dans une partie de la droite répondant au souhait du PS dont le premier secrétaire, homme si intègre au demeurant, déclare souhaiter un détachement du centre de la droite, le centre par extension allant évidemment jusqu'à cette frange des Républicains gaucho-compatibles (Juppé, NKM, Raffarin…désormais Bertrand et pourquoi pas Estrosi) et la création d'un bloc républicain, traduire par bloc antiréacs, anti-souverainiste, a-national… , un truc que je nommerais volontiers UEAL, ou union des euro-atlantistes libéraux. La prophétie faite par Marine Le Pen est en train de se réaliser, mais à une rapidité telle qu'on pourrait en tomber sur le cul si on ne voyait pas les motifs réels de ce rapprochement encore inenvisageable, du moins dans les mots, des mots durs, des mots haineux, il y a à peine deux semaines.
De fait dans cette course au sac on ne sait guère qui court après l'autre, sans doute les deux, donc en rond et par conséquent vers nulle part. C'est, du reste, un processus intéressant même si sa précipitation soudaine, mêlant tactique politicarde, panique, et opportunisme ne le rend pas sympathique, enfin ne me le rend pas, car je ne doute pas que beaucoup soient aux anges devant ce phénomène de négation de la politique qui correspond très bien à l'aboutissement de quasiment 40 d'abrutissement collectif avec comme toile de fond l'Europe atlantiste. Plus de politique en effet quand ceux qui dirigent et ceux qui se présentent comme leur alternative se réclament des mêmes valeurs, ont les mêmes passions et les mêmes aversions, les mêmes objectifs. Tout le monde est devenu centriste, c'est-à-dire europhile, atlantiste et libéral. De Juppé à Hollande, en passant par Raffarin, NKM, le nounours du Nord, l'ex-trostkyste Cambadélis, le commissaire européen Moscovici, le banquier Macron, Valls, le parrain du 9-3, c'est la même chose. A gauche on ne veut plus être de gauche et à droite on ne veut plus être de droite. Donc tout le monde sous la même couette, bien au chaud. Ceux de la gauche qui ont renoncé à être de gauche doivent pour survivre, car c'est bien de la survie du PS, davantage en tant que label que réalité, dont il s'agit, doivent phagocyter le centre élargi pour trouver une majorité même relative. Ceux de droite qui ont renoncé à être de droite doivent eux se mettre dans le sens du vent médiatique, la phrase rapportée de NKM sur la France qui ne peut pas être redressée par des réactionnaires étant une illustration parfaite de la chose. Ils doivent plaire aux médias, le peuple ils s'en foutent, et donc se distinguer de ces "furieux" à droite, type Wauquier, qui reviennent à des idées laissées en friche entre deux élections dont il parait qu'elles sont F-haino-compatibles. C'est oublier évidement que ces idées sont devenues celles du FN dès lors que la droite les a abandonnées. Reprenez le programme du RPR des années 90, quand Juppé en était le brillant secrétaire général, le meilleur d'entre nous, et si vous faites partie de ces adeptes du "tous au centre", vous en aurez la nausée. En 30 ans, la droite devenue européiste, atlantiste, rejetant l'assimilation des immigrés, etc., a renié tout l'héritage gaulliste. Et je suis personnellement partagé entre l'envie de me rouler par terre de rire et celle de vomir quand j'entends un de ces individus se réclamer du Général. C'est pourtant bien ces idées bâties autour de la France en tant que nation et d'une identité commune qui progressent dans le pays et y sont sans doute majoritaires. Les "bien" élus à droite lors des dernières élections, c'est-à-dire sans le soutien de la gauche et malgré la présence du FN, ont cette particularité de se réclamer d'une droite qui ressemble encore à une droite et pas à ce truc mou, que d'aucuns appellent droite modérée, la modération étant devenu une vertu très à la mode, qui les rend compatibles avec les socialistes.

On assiste donc à ce qui ressemble à une recomposition politique mais qui n'est rien d'autre que le résultat d'une vaste compromission de ceux qui à gauche et à droite ont trahi leurs idéaux, cela s'étant manifesté par une fuite de leurs électeurs souvent vers le FN. Ils recomposent donc leur électorat et se regroupent dans l'espoir de se partager encore quelque temps le pouvoir, du moins ses restes et surtout les bénéfices qu'il peut apporter. C'est un sursis qu'ils recherchent.
En même temps qu'on habille ça du drap vertueux, les médias aideront à cela, de la fraternisation on prend aussi les mesures destinées à assurer le succès de cette nouvelle coalition.
La fraternisation c'est pour le spectacle. C'est Valls qui félicite Bertrand et Estrosi de leur victoire à laquelle il a participé. C'est Estrosi qui se sent proche des socialistes et éloigné du FN, reniant tout son passé. C'est Raffarin qui veut collaborer avec le gouvernement pour lutter contre le chômage oubliant que la somme de deux échecs n'a jamais produit un succès. C'est Hollande qui se souvient qu'il a un monument de la fraternisation des ennemis de la première guerre mondiale à inaugurer avec son ennemi d'hier et allié potentiel de demain. A ce propos j'ouvre une parenthèse. Après que les "fusillés" soient devenus le centre des commémorations de la Grande Guerre, c'est maintenant au tour de ceux qui ont fraternisé aux moments des Noëls 1914 et 1915, sortant de leurs tranchées pour partager schnaps et gnole. Ceux qui ne seront sortis de leur tranchée que pour prendre celle d'en face et se seront fait hacher par les mitrailleuses ennemies pour ça ne seront bientôt plus que des abrutis, des idiots qui n'avaient rien compris, au mieux des victimes. Les vrais héros d'une guerre ce sont désormais ceux qui refusent de combattre et ceux qui tapent le carton avec l'ennemi. Ne vous méprenez pas, je ne suis pas dans le jugement des faits en tant que tels, mais dans celui du symbole rapporté à notre époque et qui me semble tout à fait illustratif de ce que devient la France. La faiblesse et le doute sont davantage célébrés que le courage sans faille ou l'esprit de sacrifice. C'est sans doute une façon d'excuser notre déclin.
J'écrivais donc plus haut que la fraternisation c'est bien beau mais que ça ne suffit pas et qu'il fallait accompagner ça de mesures concrètes pour garder encore le pouvoir un certain temps. Des députés socialistes saisis d'une subite inspiration proposent de réformer les principes de l'élection présidentielle. Je n'entre pas dans le détail mais c'est le système des parrainages, du financement de la campagne et de l'égalité du temps de parole des candidats qui sont remis en cause. L'objectif est évidemment d'écarter les candidats marginaux qui, comme par hasard, se situent surtout à gauche et donc participent à la dispersion des voix de cette "famille" (les guillemets s'imposent), mais aussi le tumultueux Mélenchon.
Mais notre président n'hésite pas non plus à mouiller sa chemise en ne faisant rien. L'engagement de campagne 48.4 est définitivement brisé. J'en rappelle les termes : "introduire une part de proportionnelle à l'Assemblée nationale pour les élections législatives de 2017". Cet engagement ne sera pas tenu car trop favorable au FN dont la progression est inquiétante. Donc améliorer le processus démocratique en assurant une meilleure représentation des électeurs est une bonne chose sauf quand le résultat risque de ne pas convenir à la majorité en place. La promesse 48.4 est donc remplacée par la suivante : "je m'engage à ce qu'après les législatives de 2017 le FN soit scandaleusement sous-représenté à l'Assemblée Nationale, et pas du tout si possible".  Ce n'est pas l'esprit démocratique qui l'emporte, mais le rejet du risque pour ses propres avantages. On compte donc organiser les institutions et le processus démocratique en fonction des intérêts de ceux qui sont au pouvoir et craignent de le perdre. Je pense que cette décision entrera dans les annales du droit constitutionnel.

Mais puisqu'on parle de renoncement, et pour sortir de la politique politicienne, en fait non on en sort jamais avec de tels individus, car tout est calculé en fonction des intérêts et du maintien au pouvoir de la caste dirigeante, on parle moins de la lutte antiterroriste qui devient une épine dans le pied du gouvernement. Hollande, devant le Congrès réuni à Versailles au lendemain des attentats du 13 novembre, avait, par une entourloupe qu'il pensait habile et qui devait surtout décrédibiliser Sarkozy tout en lui permettant de ne rien faire et de ne pas fâcher sa gauche, annoncé le possible retrait de nationalité pour les bi-nationaux coupables d'acte terroristes, même nés en France, après avis du Conseil d'Etat. Avis qu'il espérait évidemment négatif. Mais pas de chance pour lui, le Conseil d'Etat, bien qu'ayant émis certaines réserves surtout d'ordre pratique et quant à la portée d'une telle mesure, a émis un avis positif. Il faudrait donc inscrire cette mesure dans la loi constitutionnelle qui sera soumise au Congrès dans les prochains mois. Mais, à ce qu'il parait, et selon des sources proches du gouvernement, ni Hollande, ni Valls, ne souhaitent désormais inscrire cette mesure qui ne plait ni au PS, ni à la gauche du PS. Tout ça n'était donc que du vent. Comme d'habitude. Certes, on pourra à juste titre estimer que cette mesure n'a guère de portée pratique, qu'elle ne constitue pas un élément dissuasif vis-à-vis d'individus ayant pour but ultime de se faire sauter le caisson au milieu d'inconnus, si elle n'est pas accompagnée obligatoirement d'une expulsion du territoire vers le pays de seconde nationalité où on devine déjà comment ils seront reçus. D'ailleurs autant faire le boulot nous-mêmes. Mais dans l'état actuel des choses, ce n'est pas prévu. Donc la mesure serait juste symbolique.
Mais justement, on a besoin de symboles aussi. Et celui-là n'est pas davantage méprisable que ceux qui se succèdent pour fêter la nouvelle fraternité entre la gauche socialiste et la droite socialiste aussi.

Ce sont effectivement de bien petits hommes qui nous gouvernent.

PS : Cazeneuve déclarait très récemment, et après les attentats, que la loi ne permettait pas de sanctionner les propos de l'imam de Brest condamnant ceux qui écoutent de la musique et justifiant le "sort" fait aux femmes ne sortant pas couvertes d'un sac. Nous sommes heureux de constater qu'elle dispose dans son arsenal d'outils permettant de condamner Zemmour pour ses considérations sur les musulmans. Au moins en France, on sait reconnaitre l'ennemi.

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