"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mercredi 28 janvier 2015

Un amour retrouvé pour le service national. Mais lequel ?





J’introduirai ce billet par le court récit d’un propos dont j’ai été témoin.
C’était en 1996 ou au début de 1997, quelques mois après l’annonce faite par le président de la République de l’époque, Jacques Chirac, de suspendre le service national. La suspension signifiait pour nous militaires tout simplement une fin car pour de multiples raisons, et notamment matérielles, nous savions qu’un retour en arrière n’était plus possible.
A cette époque j’occupais des fonctions auprès d’un officier général qui commandait une école dont les activités nous valaient pas mal de visites d’officiers généraux ou de délégations militaires étrangères. Et donc j’avais parmi mes missions, celle d’organiser ces visites. C’était un travail particulièrement intéressant, enrichissant notamment à cause des échanges mettant en relief les différences de perception de notre métier commun.
Et donc en ce jour de fin 96 ou début 97 nous recevions l’attaché militaire israélien auprès de l’ambassade l’Israël en France. Le moins qu’on puisse dire est que ce dernier disait ce qu’il pensait et ne ménageait pas ses critiques quand il en avait. Au cours du déjeuner qui réunissait les deux généraux, le mien et cet attaché de défense, et quelques officiers supérieurs le sujet de la professionnalisation de nos armées fut évidemment abordé. Et là le froid subitement tomba quand le général israélien déclara que c’était une erreur profonde et qu’en Israël ce genre de décision aurait amené à une manifestation de colère publique des officiers généraux. Gloups ! Oui gloups parce que ce sentiment était partagé par pas mal de nos chefs militaires qui n’ont pas pipé mot.
Pour ma part je n’ai pas considéré cette déclaration comme une provocation, mais comme la mise en évidence de différences fondamentales quant à la place des militaires dans les affaires stratégiques de défense nationale et quant à ce qu’on nomme l’esprit de défense.
Passons vite sur le premier point. La tradition française sépare nettement le politique du militaire. Il n’y a guère dans notre histoire depuis la fin du Moyen-Âge que sous le Consulat et le premier Empire que la confusion entre le militaire et le politique exista, même si quelques monarques parfois revêtaient l’armure. Dans le jeune Etat d’Israël, menacé perpétuellement, le militaire ne peut guère être écarté de la chose publique, et encore moins de la politique de défense, et passer de l’uniforme à la politique est donc chose banale. Cela dit on peut regretter que nos chefs militaires s’astreignent au silence quand ils considèrent que la politique de défense est désastreuse. Depuis les années 80 seul un chef d’état-major a démissionné pour désaccord avec la politique de défense. Il s’agit du général Delaunay au début des années 80. Mais il n’y eut aucun mal à le remplacer. Cela ne signifie pas qu’ils demeurent inactifs, mais leurs propos restent confidentiels, s’adressant à des politiques qui souvent les méprisent, et donc ignorés du public. Et quand un parle, je pense ici au général de gendarmerie Soubelet qui s’exprimait l’an dernier sur les problèmes de sécurité dont il imputait une bonne part au laxisme de la justice, il est « promu » dans un poste où sa parole perd sa légitimité. Certes je n’appelle pas à la rébellion, mais cette situation, ce silence que s’imposent les chefs militaires, montre la teneur du lien armée-nation. Lamentable, je précise. Mais ce n’est pas mon sujet. Quoique !
Le second point soulevé par notre général israélien, donc à savoir l’erreur que constituait la fin du service national, au moment où, d’après mes lectures, 80% des Français demandent son retour, est intéressant. C’est ce que je place sous l’expression esprit de défense. Là-aussi, on pourra dire que les circonstances historiques et actuelles, donc les différences de situations que connaissent la France et Israël en termes de menace, impliquent aussi des différences dans l’organisation de nos armées respectives. Pourquoi entretenir une armée de conscription, j’ai failli écrire nationale, quand la France n’est pas directement menacée par un ou des Etats étrangers ?

En fait tout se situe là. C’est là qu’est la véritable raison de l’impossibilité d’un retour du service national et même de son abandon.
Je ne vais pas vous entretenir sur ce qu’était le service national, ses inégalités, ses différentes formes, même quand elles étaient militaires, et qui en elles-mêmes militaient pour une remise en cause, mais pas nécessairement sa suppression. Imaginons donc un service égalitaire, auquel personne n’échapperait, où aucun piston n’interviendrait pour que les unités de combat soient l’exclusivité ou presque des enfants des classes les moins favorisées, et les places au chaud, avec retour à la maison chez papa et maman tous les soirs celle de ceux qui disposent d’un réseau comme on dit. Imaginons donc un service national équitable, le temps de la démonstration qui va suivre.
Quand 80% des Français, selon un sondage, réclament le retour du service national (sous sa forme militaire) que veulent-ils ? Faire des jeunes Français des guerriers potentiels ? Sans doute pas. Ils se remémorent ou l’imaginent une période où l‘uniforme effaçait les différences, désolé pour ce truisme, faisait de gens qui n’auraient jamais rien eu à se dire des camarades, faisait naitre un sentiment de solidarité, révélait les aspects positifs de la discipline pour ceux qui en avaient besoin, etc.. Tout ça n’est pas faux, du moins dans les unités de combat. Mais on peut sans doute trouver la même chose dans les camps scouts. Or l’armée n’a pas vocation à faire du scoutisme, et je dirais même à enseigner des valeurs qu’on a oublié d’enseigner avant que n’y soient soumis les jeunes Français. Sa vocation c’est la défense du pays et de ses intérêts par la force, par les armes.
Or souvenons-nous ! Quand une grande coalition se forme à l’aube des années 90 pour aller déloger Saddam Hussein du Koweit, Mitterrand décide de la participation de la France. Et en même temps, il exclut la participation du contingent à cette opération qui se prépare. Or quand une armée est organisée sur le mode de la conscription, et quand on sort des petites interventions quasiment routinières en Afrique, parfois ailleurs, mais assez peu consommatrices en effectifs, ça pose un problème dès lors qu’on décide que plus de la moitié de cette armée n’interviendra pas. C’est toute l’organisation qui est cassée. Les équipes et équipages sont défaits, les sections sont à remodeler, le sous-officier doit faire le travail du soldat qui ne partira pas,… Car évidemment ce n’est pas juste une question de volume, mais de métier, de rôles, de savoir-faire, …, de cohérence.
Donc alors qu’une menace directe ou considérée comme telle disparaissait avec l’effondrement de l’URSS, se dessinait de façon claire nos opérations futures. Dès lors que le politique décidait qu’à ces opérations ne participerait pas le contingent, celui-ci devenait donc inutile et même une charge d’un point de vue militaire. Le service national était donc condamné à disparaitre. On attribue la décision à Chirac, mais dans les faits c’est Mitterrand qui l’a imposée, même s’il n’a pas tiré les conséquences de ses décisions prises au moment de la guerre du Golfe.
Voilà ce n’est pas plus compliqué que cela. Et donc la bonne question qu’auraient dû poser les sondeurs, c’est la suivante : êtes-vous prêts à aller ou à voir vos enfants combattre au Mali, en Centrafrique ou ailleurs ? Et là j’imagine que les 80% auraient fondu comme neige au soleil. Or le service national sous une forme militaire n’a d’autre raison d’exister que par cela, que par cette acceptation d’aller se battre et éventuellement mourir pour son pays en n’importe quel endroit où les intérêts de la France vus par ses dirigeants politiques l’imposent.
Donc ne nous leurrons pas. Quand on voit l’intérêt que portent les Français aux opérations menées par l’armée française qu’ils découvrent quand elles commencent et redécouvrent quand on ramène des cercueils plombés, on comprend très bien que c’est le camp scout qui est réclamé, et non la restauration d’un esprit de défense qui me parait bien mal en point. La baisse des effectifs, un budget toujours insuffisant, tout ça ne mobilise pas grand monde. Et si un jour on décidait d’employer des mercenaires dont les sociétés prospèrent de plus en plus, j’imagine que ça ne dérangerait pas grand monde non plus.

Et là on peut mettre du sens aux propos rapportés plus haut de l’attaché militaire israélien qui, en quelques mots, pouvait faire percevoir la différence qui existe entre une nation en armes et un pays qui confie sa défense à quelques-uns, et qui, par là-même, s’éloigne de ce qu’est une nation.
C’est là que doit résider le vrai débat sur le retour du service national et non sur des effets, et ce quelle que soit la vertu qu’on leur confère, qui ne sont que collatéraux.

Je vous ai épargné les raison pratiques ou matérielles qui empêchent un retour du service national, mais que je vous cite en vrac, sans détailler :

-          Manque d’infrastructures, les anciennes casernes ayant été souvent cédées ou vendues, et de l’équipement associé ;
-          Obligation de recruter des cadres, sauf à remettre en cause une capacité opérationnelle déjà bien entamée ;
-         Rétablissement d’un système lourd de recensement, de traitement amont des dossiers, de tri médical…
-      
Tout ça bien sûr a un coût énorme, et encore plus énorme si on considère que ce n’est pas pour remplir des objectifs opérationnels.

dimanche 25 janvier 2015

Propos honteux, solutions débiles







Décidément nous sommes bien mal gouvernés. Mais c’est même pire que ça, nous sommes méprisés, insultés par ceux qui devraient être en charge de nous montrer la voie, de nous protéger, de donner et même de redonner à ce pays un sens, un sentiment d’unicité, une unité perdue.
Nous avons pu croire l’espace d’un instant, de quelques heures, de quelques jours pour les plus naïfs que sous le fatras des balivernes relativistes, des mensonges sur un vivre-ensemble dont n’importe quel observateur honnête pourrait vous dire que plus on en parle plus il est avéré que ç’est une catastrophe, donc que sous tous ces mensonges dont on nous abreuve depuis si longtemps perdurait un esprit national, une espèce de clone d’une union sacrée dont la dernière manifestation se révéla il y a tout juste un siècle et quelques mois.
Mais c’était faux. La confusion fut énorme. Seule une certaine décence peut-être empêchait de détailler tout ce qui se cachait derrière ces « Je suis Charlie » et cette grande manifestation du 11 janvier. Côte à côte défilaient des gens dont les motivations étaient pour le moins variées. Entre ceux qui avaient la trouille, ceux qui exprimaient leur tristesse ou leur compassion, ceux qui criaient leur ras-le-bol devant le résultat de tant d’années d’un dévoiement de l’idée nationale au profit d’un vivre-ensemble dont nous avions là, juste là, une illustration de ce qu’il était en réalité même si c’était dans sa forme la plus extrême, entre ceux qui étaient là parce qu’il fallait y être, question d’image, ceux qui voulaient mettre en garde contre l’islamophobie et l’amalgame, ceux qui défilaient contre les vrais coupables, donc le FN, Zemmour et consorts, entre tous ceux-là et je dois en oublier que pouvait-il y avoir de commun ? Et ne parlons pas bien sûr de ceux qui tellement plus nombreux n’étaient pas là. Eux ne criaient rien mais leur silence pouvait exprimer tout autant de choses. On n’a pas trop insisté par exemple sur la différence en termes de succès de la manifestation selon les villes et les caractéristiques de leurs populations. C’était pourtant éclairant. Autant que ces refus d’enfants ou d’adolescents de respecter cette fameuse minute de silence imposée dans les écoles. Autant que les quelques tabassages de ces lycéens qui se sentaient Charlie et le revendiquaient.
Mais chut ! Ces quelques éléments isolés, bien entendus, ne pouvaient pas gâcher la fête, si j’ose dire. Pas davantage que Netanyahou faisant une offre d’accueil confondue avec une invitation pour mieux la fustiger aux Juifs de France. D’autant plus que le danger c’est bien plus l’islamophobie que l’antisémitisme, n’est-ce pas ? Ben voyons ! Non, devait subsister l’unité nationale sous couvert de grand mots. Celui de guerre fut souvent employé avec la mine martiale qui convient. On a un premier ministre très fort pour ça, aidé par son prognathisme habsbourgeois. Il a cependant fallu un peu de temps pour qu’il nous révèle enfin contre qui on était en guerre. Pas l’islam bien sûr, les terroristes n’ayant visiblement rien à voir avec cette religion, pas vraiment l’islamisme non plus ce truc qui serait une version dévoyée de l’islam, ni même l’islamisme radical, catégorie spécialement inventée sans doute pour justifier qu’ailleurs on puisse soutenir des islamistes forcément modérés et même commercer de manière fructueuse avec eux. Du coup, j’ouvre une parenthèse, vu l’influence de ces derniers jours à Riyad on a pu croire que le défunt roi Abdallah était le Mandela arabe, lui qui fut un défenseur, certes discret, mais ô combien efficace, de la cause des femmes selon la directrice du FMI. De même que sans doute l’émir du Qatar est un défenseur discret de la cause homosexuelle. Mais c’est vrai qu’on vit une époque où choisir ses amis devient un luxe. C’est peut-être pour ça qu’il ne faudrait pas les appeler amis, juste parler d’intérêts, même s’ils sont peut-être mal mesurés à moyen ou long terme. Mais quand on n’a pas le sou, faut pas faire la fine bouche, hein ! Pardon pour cette digression.
Donc après quelques jours nous avons enfin appris de la bouche de notre premier ministre qui était notre ennemi, l’ennemi de la France. Eh ben c’est simple, c’est la France et sa misérable politique d’apartheid. Et lui, Valls, il va lutter contre cet apartheid. N’arrivant pas à la cheville de son modèle Clémenceau, sans doute en a-t-il choisi un autre en la personne de Frederick de Kleerk qui mit fin à la politique d’apartheid en Afrique du Sud. Il devrait tout de même se méfier quand on considère l’état de ce pays plus de 20 ans après la fin de l’apartheid. Attention, qu’on ne déforme pas mes propos, je ne fais pas une apologie de l’apartheid. C’est juste pour dire que quelle que soit la politique développée, il est des différences ethniques sociales ou religieuses assez insurmontables qui empêchent l’avènement de cette ère heureuse du vivre-ensemble dont on nous serine les oreilles.
Cela dit en France, il n‘existe évidemment pas d’apartheid, c’est-à-dire de politique de développement séparé, et si séparation il y a, ça on ne saurait le nier, c’est ailleurs que dans un choix politique qu’il faut en chercher les causes.  Même si la politique n’y est pas étrangère, évidemment. Il est inutile que je rappelle ces choix qui ont été faits d’abandonner l’assimilation pour en arriver à un concept fumeux d’intégration devenu tellement inopérant qu’on passe désormais à l‘inclusion. Or l’inclusion, le terme est clair, c’est quoi ? C’est l’introduction de noyaux homogènes dans un corps social étranger. Reste à savoir maintenant si cette introduction est le fait de l’Etat.
On peut déjà avant de répondre à cette question souligner qu’en France les droits sont les mêmes pour tous. Si on excepte le droit de vote interdit aux étrangers, pour le reste c’est la même chose avec même une préférence pour l’étranger clandestin quand il s’agit des soins médicaux. Sinon qu’il s’agisse de l’accès à l’enseignement, des prestations sociales, de l’accès au logement, de l’accès aux soins, de la libre circulation, de la possibilité de s’établir là où on le souhaite, …, les Français ne peuvent se prévaloir de davantage de droits que les immigrés. Et quant aux immigrés et leur descendance devenus français, ils ne disposent pas d’une nationalité au rabais, un truc de seconde zone leur fixant des restrictions par rapport aux Français établis de longue date. Les lois antiracistes qui fonctionnent d’ailleurs souvent dans un seul sens interdisent toute ségrégation fondée sur une appartenance ethnique. Quant à la laïcité, elle permet à chacun de pratiquer sa religion tant que ça n’empiète pas sur l’espace public. Et dans ce dernier domaine, au nom des accommodements dits à tort raisonnables, au nom d’une fausse paix sociale, on peut affirmer que toutes les religions ne sont pas sur le même pied, qu’une en particulier par ses revendications parfois satisfaites, ses pratiques dans l’espace public, s’affranchit allégrement de l’esprit de la loi de 1905. Faut dire que quand un ministre de l’intérieur qui allait devenir premier ministre déclare que le ramadan est un grand moment républicain, on aurait tort de se restreindre !
Tout cela n’est qu’un constat. Maintenant, on peut tenter de me démontrer que j’ai tort. Bon courage !

Donc considérant que le constat que je fais est juste, le cadre établi est tel que parler s’apartheid est au mieux une connerie, au pire une insulte faite à la France. Maintenant il faut voir ce qu’on a fait à l’intérieur de ce cadre. Et j’en reviens à la politique.
Disons clairement les choses. Les différentes politiques en termes d’immigration et d’intégration ont effectivement permis et même favorisé une séparation. Quand l’immigration était de travail, l’école et les lieux de travail suffisaient amplement à assimiler les immigrés. Le maitre et l’ouvrier étaient des prescripteurs. Et en même temps qu’on modifiait profondément les structures de l’immigration, celle de travail représentant moins de 10% de l’immigration on interdisait à l’un et à l’autre de rester ces prescripteurs. A mesure que le temps passait, c’est la diversité qui devenait le maitre-mot, cela cachant l‘autorisation et même l’encouragement donnés aux nouveaux arrivants de continuer à vivre selon leur mode de vie antérieur qui, après tout, était aussi respectable que le nôtre. Et le résultat est là ! Des enfants qui sont déchirés entre les valeurs développées dans leur milieu familial et celles que l’école tente ou devrait tenter de transmettre, la peur, le réflexe de l’autruche, le laxisme, la lassitude, la fatigue faisant que de plus en plus les enseignants renoncent à cette mission. Comment s’étonner après ça des incidents pendant la minute de silence dédiée à Charlie Hebdo ? On n’a sans doute pas, car on devinait déjà ce que ça pourrait donner, on n’a sans doute pas osé demander cette même minute de silence pour les Juifs assassinés par Coulibaly parce qu’ils étaient juifs. Le résultat aurait été sans doute étonnant, détonnant même. Et pourtant ils y avaient droit aussi, à ce moment de recueillement national. On ne veut pas les voir partir, mais on en fait des victimes de second ordre.

Alors oui, la séparation existe, et elle n’est pas seulement géographique, elle se situe aussi et surtout dans les valeurs. Et ce n’est pas le second terme de cette phrase qui est la conséquence du premier, mais l’inverse. Si les gens se séparent, si ceux qui vivaient depuis des décennies dans « les quartiers » ont décidé d’en partir quand ils en avaient les moyens, et on peut plaindre les autres condamnés à subir ou à se soumettre, c’est parce qu’ils n’ont plus rien en commun, rien à partager. Ce sont des mondes incompatibles. A chaque fois, et ça a déjà été tenté, j’ai un exemple en tête à Paris, que vous tentez artificiellement un mixage de la population par le biais de logements sociaux insérés au cœur de zones disons plus bourgeoises et majoritairement d’une autre culture, c’est une catastrophe. Et généralement ce sont ceux qui étaient établis à l’origine qui s’en vont. Christophe Guilluy, je me réfère régulièrement à lui car son travail le mérite, a très bien décrit ce phénomène.
Or pourtant c’est bien ce que notre Clémenceau au rabais vient d’encore proposer : une politique de repeuplement. Toujours la même chose, les mêmes remèdes qui n’ont jamais marché, mais qui paraissent d’une telle évidence. Et bien ça ne marchera pas. Pour que ça marche il faudrait signifier à ces gens qui refusent notre culture qu’en France on vit comme les Français, et se donner les moyens de faire respecter cela. Aucun risque ! On remplacera ça par une nouvelle ode à la diversité.
En outre, c’est toujours les mêmes qui doivent payer pour ces politiques désastreuses, monstrueuses. Ce sera encore le Français blanc disposant de peu de moyens qui sera condamné parce qu’on ne lui proposera rien d’autre en termes de logement social d’aller vivre dans ces zones. Valls et ses potes veulent certes la mixité, mais ne se l’appliquent jamais à eux. Ils parlent carte scolaire, mais se précipitent vers les écoles privées si l’établissement que devraient fréquenter leurs enfants devient trop coloré. Quand, et pour des raisons pas toujours franchement louables car relevant davantage de la spéculation que de l’empathie, ils s’installent dans des quartiers de mauvaise réputation, c’est pour s’y enfermer derrière grilles, digicodes et sociétés de gardiennage. Les prix de l’immobilier montent et repoussent davantage vers la périphérie les plus pauvres. L’opération immobilière est au moins bonne. Et en plus ils pourront dire qu’ils ont essayé. Bande d’hypocrites !

Alors oui, dans un certain sens l’Etat est responsable de la séparation qui n’est pas ségrégation. Mais pas parce qu’il a souhaité mener une politique d’apartheid, même pas parce qu’il a voulu confiner géographiquement certaines populations. Il est responsable d’avoir rejeté la nation et ses valeurs, d’avoir dévalorisé la première en en faisant en plus une coupable devant l’histoire, d’avoir estimé que les valeurs de la France n’étaient pas meilleures que celles de ses hôtes qui n’avaient donc pas à les adopter.
Et la réponse à ça c’est une politique de repeuplement, ou encore des cours de laïcité ! La laïcité, ça ne s’enseigne pas, ça se pratique.

Bon c’est clair, nous sommes foutus ! Quand un tel drame amène à de telles conclusions, il n’y a plus rien à attendre. Sauf pire encore !

lundi 19 janvier 2015

Tout redevient normal!





Ouf ! J’ai eu peur ! Peur que les attentats islamistes, qu’une réaction d’ampleur d’abord spontanée puis scénarisée, qu’une unité nationale de façade, malgré quelques fissures déjà apparentes, peur que tout ça fasse changer la France, lui ouvre les yeux, lui rappelle que la réalité existe, même quand on ne veut pas la regarder en face. Ça ne se passera donc pas, les choses vont continuer comme avant. A moins que d’autres islamistes ne viennent perturber le retour aux choses normales, du moins considérées comme telles, d’ici quelques petites semaines il n’y paraitra plus rien.

Le mal, le vrai mal, ce qui menace la France, ce sera de nouveau ceux qui ont du mal à se convaincre des joies de la diversité, de caractère paisible et tolérant de l’islam, d’un avenir d’autant plus radieux que de l’intégration (laquelle ?) on passera à l’inclusion, etc. Donc les Zemmour, Rioufol, Lévy, Finkielkraut et autres vont bientôt retrouver leur statut.



Curieusement, et c’est vraiment paradoxal, c’est notre pépère et son gouvernement qui auront profité de cette séquence comme on dit. Hollande, Valls, Cazeneuve explosent dans les sondages, ce qui est un moindre mal quand tant d’autres de par le monde explosent tout court. A cause de la manière dont ils ont traité la crise, dit-on. Ils n’ont pourtant pas su empêcher ces attentats, ils font partie de la longue suite de nos gouvernants qui ont laissé ce pays de déliter en le privant de ses repères, en relativisant sa culture et donc ses valeurs. Et donc, faute de les devancer, ils ont accompagné les événements. Je ne pense pas que ni le GIGN, ni le RAID aient eu besoin d’eux pour faire leur boulot. De fait la conclusion de cette crise aurait été la même sans eux. Mais ils ont parlé, avec fermeté. Ils se sont placés en tête d’un grand mouvement caractérisé par l‘émotion. C’est bien le moins, même si ce n’est pas vraiment à la mesure de ce qu’on peut attendre. Des actes, pas des mots, messieurs ! En fait c’est un peu comme si votre maison construite selon les plans d’un architecte se qualifiant lui-même d’audacieux (ou progressiste) venait à s’écrouler d’un coup et que ce même architecte plutôt que de mettre en cause ses calculs, donc de se remettre en cause, venait s’asseoir et pleurer à vos côtés. Et vous le remercieriez, vantant ses qualités professionnelles !

Drôle de peuple que les Français tout de même ! Un peuple déjà soumis peut-être ! Un peuple qui n’aime pas tirer les leçons de ce qui lui arrive et préfère voir dans le drame qui vient de le frapper un simple accident de parcours qu’il conviendra d’éviter à l‘avenir en cessant de provoquer des esprits sensibles.

D’après un sondage, en effet, il semblerait que plus de 40% des Français soient favorables à une limitation de la liberté d’expression. Enfin de l’expression qui pourrait offenser les mêmes que ceux qui viennent de le frapper. Il y a une semaine tout le monde était Charlie, mais quand même faut pas pousser, hein ! Il y a une semaine, les juges frappaient de façon étonnante quand on se réfère à un passé récent ceux qui voyaient d’un bon œil les attentats. Aujourd’hui ils se préparent à frapper ceux qui tirent certaines conclusions de ces derniers.

Ainsi Philippe Tesson, pour avoir déclaré : « D'où vient le problème de l'atteinte à la laïcité sinon des musulmans ? On le dit ça ? Eh bien moi, je le dis ! Je rêve ou quoi ?! C'est ça notre problème actuellement, c'est les musulmans qui mettent en cause la laïcité ! C'est les musulmans qui amènent la merde en France aujourd'hui ! », se retrouve-t-il sous le coup d’une enquête menée par le parquet. Peut-être aurait-il dû se modérer et au lieu de dire « les musulmans » dire « des musulmans ». A moins que ceux qui assassinent dans nos rues (et ailleurs), à moins que ceux qui occupent certaines rues de la capitale ou d’ailleurs pour prier, à moins que ceux qui revendiquent des repas hallal dans les cantines, à moins que ceux qui souhaitent des aménagements professionnels pendant le ramadan, à moins que ceux…, ne soient pas musulmans. Auquel cas, les musulmans, les vrais, devraient rapidement nous en informer afin que Tesson et d’autres, dont, pardonnez-moi, je fais partie, ne fassent plus cette erreur grossière pouvant conduire, vade retro satanas, à l’amalgame.



En fait s’il avait dit « des musulmans », les choses auraient été identiques. En voici la preuve :

Dans une interview accordée l’an dernier à I-télé, la chaine qui respectueuse du droit d’expression a congédié il y a peu Zemmour, Arno Klarsfeld a déclaré : « Non la France n'est pas antisémite, il y a le noyau dur de l'extrême droite qui l'est vigoureusement, une partie de l'ultra gauche et les islamistes et une partie des jeunes de banlieue. » Et le voilà convoqué devant un juge d’instruction en première comparution pour « avoir porté atteinte à l’honneur et à la considération des jeunes de banlieue ». Et pourtant il avait fait preuve de prudence en parlant d’une partie des jeunes de banlieue. Voyez que les prudences langagières ne suffisent pas. (Au passage vous remarquerez que ni l’extrême-droite, ni l’ultra gauche n’ont droit à cette considération dont doivent jouir les jeunes de banlieue).

L’affaire est tellement incroyable, et même grotesque compte tenu des événements récents, que je vous colle quand même le texte de sa convocation.





Pour finir, et achever de vous convaincre que les choses reviennent à la normale, tandis qu’un manifestation contre l’islamisme était interdite à Paris le week-end dernier, une autre contre le racisme et l’islamophobie se trouvait fort heureusement autorisée.






Ce qui a permis de voir ça* :



Et ça* :





On se croirait presque en mai 2012. Il fait juste un peu plus frais.

Quand je vous dis que tout redevient normal !

*Groupes de jeunes de banlieue en quête de considération