"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

vendredi 8 janvier 2016

C'était il y a 20 ans : la mort d'un pourri



Aujourd'hui on le vénère. Il parait même que, maintenant, les Français trouvent que ça a été un bon président. La prime aux disparus fonctionne donc toujours.
Et pourtant… En élisant cet hommes les Français portaient au pouvoir un pourri, un homme au parcours sinueux et souvent honteux, et celui qui allait changer la politique pour le pire et mettre en place la destruction de la France.

Après avoir eu un flirt poussé avec l'extrême-droite à la fin des années 30, voilà notre homme, évadé d'un camp de prisonniers se mettant au service de Vichy. Il le fit avec suffisamment de zèle pour être décoré de la francisque en 1943. Il admire en effet Pétain, il fera d'ailleurs fleurir régulièrement sa tombe quand il deviendra président, n'a pas d'a priori négatif quand Laval revient au pouvoir et supporte très bien la politique juive du régime se liant même d'amitié avec l'infâme Bousquet dont il restera toujours très proche. Mais homme prudent, il est déjà à l'époque en contact avec la résistance : un pied dans chaque camp ça peut servir. En juillet 43, il franchit enfin le pas, il y a eu entre temps la bataille de Stalingrad et l'invasion de la Sicile est en cours. Inutile donc de continuer à compromettre son avenir tandis que le sort de la guerre semble être connu. Et puis ça pourra servir aux copains.
C'est ainsi qu'à la libération il témoignera avec son grand ami, ancien cagoulard et collaborateur passé à la résistance en même temps que lui, André Bettencourt, en faveur d'Eugène Schueller, collaborateur avéré et accessoirement patron de l'Oréal. Et voilà comment deux pourris malins transforment un autre pourri en homme vertueux. Bettencourt aura la fille Liliane, tandis que Mitterrand, déjà marié, hélas pour lui, dirigera la revue "Ma beauté" appartenant au groupe l'Oréal avant que Schueller lui trouve une circonscription dans la Nièvre pour y être élu. Mais pour ça il devra passer à gauche. Pas de problème, après tout "qu'importe le flacon, pourvu qu'……). Tout ce joli monde restera très lié au point que Bettencourt fut envisagé comme premier ministre de cohabitation en 1986, chose sans doute évitée pour ne pas trop remuer le passé. On n'en est pas à cette époque encore au moment des grandes révélations. Tout le monde sait mais personne ne dit. Mais au moins Bettencourt aura-t-il réussi, en allant voir son pote, à faire aménager l'impôt sur la fortune en faisant exclure de l'assiette l'outil de travail. Après en avoir exclu à son profit les œuvres d'art, Fabius ne pouvait que se plier à cette injonction du maitre. Ainsi vont les choses.

Il participe activement à la vie politique sous la quatrième République sous laquelle il fut plusieurs fois ministre. Favorable à l'indépendance de l'Indochine et à l'autonomie de la Tunisie, il se montre intraitable vis-à-vis de l'Algérie en tant que ministre de l'intérieur ("L'Algérie c'est la France") puis en tant que garde de sceaux quand il avalise de nombreuses condamnations à mort. Plus tard en 1962, il témoignera en faveur du général Salan lors de son procès. Il ne réussira pas néanmoins à se faire désigner comme président du conseil à la suite de Guy Mollet.
En 1958 il se montrera comme un des plus durs opposants au retour du général de Gaulle qu'il accuse de sédition. Il vote contre la Constitution de 1958 dont pourtant il profitera bien plus tard sans aucune gêne. Il commence en fait à se bâtir son image de principal opposant au nouveau régime. Il ira jusqu'à s'inventer un attentat (de l'Observatoire) contre sa misérable personne pour gagner en notoriété. Minable! Néanmoins il concrétisera son image de premier opposant en devenant le candidat de la gauche en 1965, soutenu au second tour par le centre et l'OAS, retour d'ascenseur sans doute. En 68, au moment des événements, il se prend à rêver et se présente comme candidat par anticipation. En 69, quand de Gaulle quitte le pouvoir, il ne peut même pas se présenter à l'élection la gauche ne le soutenant plus.
Il lui fait donc prendre le parti devenu socialiste en 69. Ce sera chose faite en 71 au congrès d'Epinay grâce à l'appui de l'aile gauche du parti. Dès lors il monte sa boutique pour accéder à la présidence. Pour cela il sait qu'il lui faut le soutien des communistes qui n'étaient pas pourtant ses grands amis. Mais ce sera pour mieux les étouffer ensuite. Les communistes de cette époque doivent encre avoir mal au fondement quand ils repensent à tout cela aujourd'hui. Il œuvre donc au programme commun. En 74, il est encore un peu court. Mais en 81, grâce à l'aide de Chirac, cette fois ça passe.
Et la misère s'abattit sur la France!

Pour ne pas être trop long, je vais sortir de la chronologie pour juste rappeler certains éléments qui e semblent importants avant de tenter une synthèse.
Que donc retenir de ce double septennat?
L'orientation générale, c'est un virage à gauche de 81 à 83 avant un tournant libéral à partir de cette date. C'est la dette qui commence à gonfler, multipliée par 6 entre 81 et 95. C'est le nombre de chômeurs qui ne cesse d'augmenter (multiplié par 2 en 14 ans) avec en corolaire cet aveu pathétique présidentiel qu'il n'y avait pas de solution. C'est l'arrivée de ce qu'on appelait à l'époque les nouveaux pauvres avec en face la gauche caviar. Plus globalement c'est la gauche qui cesse d'être de gauche, ou du moins qui délaisse les catégories sociales dont elle était jusque-là le soutien avec en corolaire une marche en avant forcée vers l'européisme libéral.

Si on entre dans le détail, on trouve les éléments suivants :
  • La mise en lumière volontaire du Front National auquel le président ouvre les médias et qui deviendra un instrument pour contrer la droite, avec comme point d'orgue un changement opportuniste du système de scrutin pour les législatives de 1986 pour limiter la victoire de la droite.
  • Avec la création de SOS racisme, comme réponse à la marche des beurs, une assignation au statut de victimes des immigrés et descendants d'immigrés venus d'Afrique, avec les conséquences qu'on voit aujourd'hui.
  • La régularisation massive des sans-papiers.
  • La retraite à 60, décision prise sous les yeux horrifiés de Delors et Fabius qui en mesuraient les conséquences à moyen terme. Et on est dedans depuis des années maintenant avec les difficultés qu'on connait. Mais Mitterrand s'en foutait, car après lui…
  • La semaine de 39 heures, prélude à celle des 35, et la cinquième semaine de congés payés. Avec les socialises on apprend à considérer le travail comme une chose infâmante.
  • La décentralisation, prélude à la constitution d'un millefeuille administratif sans grande efficacité, qui coute cher et qui sert surtout à générer une caste de notables entourés de leurs clientèles respectives.
  • Les nationalisations avant les privatisations en passant par le ni-ni
  • La marche forcée vers l'Europe avec comme point d'orgue le traité de Maastricht, avec en corolaire les pertes de souveraineté à venir notamment monétaire.
  • Le retour de l'atlantisme, avec à partir de la première guerre du Golfe une participation aveugle à toutes les aventures otaniennes.
  • Une politique africaine erratique sous la coupe de son fils Jean-Christophe alias papamadi qui connaitra par la suite quelques ennuis avec la justice à propos de l'angolagate. Mais selon l'adage, le fruit ne tombe jamais loin de l'arbre.
  • Le tropisme pour la guerre. Alors que l'armée française depuis la fin de la guerre d'Algérie n'intervenait que sporadiquement, les opérations extérieures commencent à se multiplier sous Mitterrand. La participation de la France à la guerre du Golfe, double erreur, sur le plan diplomatico-stratégique et sur le plan militaire car les armées françaises n'étaient pas dimensionnées et organisées pour ce type de guerre est une opération désastreuse, même si ça ne s'est pas vu. Au regard de ce qui se passe pour ce quinquennat et de ce qui aurait pu se passer si Britanniques et Américains ne s'étaient pas ravisés on peut quasiment reprendre cette formule "le socialisme c'est la guerre"
  • Une absence de vision du monde lors des bouleversements de la fin des années 80 et du début des années 90 quand le communisme s'effondre. La chute du communisme et la réunification de l'Allemagne apparaissent comme catastrophiques pour Mitterrand.
  • Les grands travaux, avec l'horrible arche de la Défense, les non moins horribles colonnes de Buren et grande bibliothèque (même pas fonctionnelle).
  • Différents scandales : affaire des écoutes de l'Elysée donc détournement de la loi, de fonctionnaires et de biens publics pour protéger le secret autour de sa seconde famille ; les affaires financières (URBA, Pechiney, ELF…), l'affaire du sang contaminé, le Rainbow Warror, Tapie ministre, suicides de Bérégovoy et de Grossouvre, etc.
La liste n'est évidemment pas exhaustive.

Que tirer de tout cela?
Mitterrand a changé la vie politique. Il nous a fait passer d'un système où on pouvait croire, et c'était sans doute le cas sous de Gaulle et Pompidou, peut-être moins sous Giscard, que la politique était au service de la France, à un système où on sait désormais que la politique est au service exclusif de ceux qui en font et dont les seuls objectifs sont la conquête du pouvoir et le maintien au pouvoir. Ses successeurs auront été bien pénétrés de ce changement.
Mais en fait, après Mitterrand on peut s'interroger sur ce qu'est le pouvoir. Il disait qu'il serait le dernier grand président et que ses successeurs ne seraient que des comptables. Pas faux, même si lui n'a pas été un grand président, même s'il prit soin, et on peut mettre ça à son crédit, de s'en donner les apparences. Ce n'est pas lui, en effet, qui aurait dit en conférence de presse "avec Carla c'est du sérieux" ou se serait fait photographier sur son scooter en train de rendre visite à sa maitresse. Il n'aurait pas non plus redondé sur le sujet de ses phrases dans ses allocutions (la France, elle…). Et effectivement, par rapport à ses deux derniers successeurs, il disposait d'une grande culture classique et d'une connaissance fine de l'histoire. Mais en fait, ceux-là n'en ont plus besoin, ni de culture, ni de connaissance de l'histoire, car ils ne font plus celle-ci. Ils ne sont que des pantins ballotés par les flots du temps qui s'écoule et sur lequel ils n'ont plus guère d'influence. Car le pouvoir est parti avec Mitterrand, et celui-ci fut un acteur majeur de ce changement, et le connaissant je suis à peu près sûr que c'est la dernière saloperie qu'il a voulu nous laisser, et de façon toute à fait consciente.

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