"En ces temps difficiles, il convient d'accorder notre mépris avec parcimonie, tant nombreux sont les nécessiteux." Chateaubriand

mardi 22 mars 2016

Les islamistes frappent où ils veulent quand ils veulent. Et ce n'est pas prêt de finir!




C'est ce terrible constat qu'on peut faire aujourd'hui.
A peine 72 heures après l'interpellation de celui qui n'a pas eu le courage de se faite exploser au Stade de France et que du coup on a pris pour le cerveau de l'opération au nom de cette supposition ubuesque que l'EI sauvegardait ses élites (quel cerveau et quelle élite cet Abdeslam!), les islamistes tirent une nouvelle fois un gigantesque bras d'honneur à ceux qui leur ont déclaré, mollement à vrai dire, davantage avec des paroles que des actes, la guerre. "On frappe quand on veut et où on veut et même là où vous nous attendez le plus!". L'aéroport de Bruxelles étroitement surveillé, une station de métro dans le quartier des institutions européennes! Bien joué, bande de salauds! D'un côté une poignée d'individus arrêtés et qui pourront s'appuyer sur toutes les garanties qu'offre la loi pour échapper au seul sort qu'ils méritent, de l'autre côté des dizaines de morts et de blessés et de nouveau la peur.
A vrai dire elle ne nous quitte plus guère celle-là depuis qu'on a découvert que tout le monde pouvait être victime et pas seulement "les blasphémateurs" et les Juifs. Ce fut la grande leçon du 13 novembre, et celle-là, elle a été retenue. Dans les lieux publics, dans les gares, les aéroports, dans le métro, dans la rue, à la terrasse d'un café, au théâtre, au cinéma, pendant une prière, …, tout peut brutalement s'arrêter parce qu'un abruti de religion aura été poussé à se faire sauter le caisson. Et autant se dire et comprendre une fois pour toutes que contre ça on ne peut pas grand-chose. Ce n'est pas tous les jours que vous trouverez dans votre wagon des gens assez déterminés et entrainés pour stopper un terroriste qui s'apprête à défourailler sur tout ce qui bouge. En général ça n'arrive que dans les films ce genre de truc. Certes, on peut renforcer les mesures de sécurité, disons rendre la tâche plus compliquée aux terroristes mais ce n'est pas pour autant qu'il faut céder à l'illusion qu'on ne risque rien. Si après le contrôle et la fouille que vous subissez  l'aéroport (en Russie, depuis les attentats à l'aéroport de Moscou en 2010, il y en a désormais deux, un à l'entrée de l'aérogare,  un autre après les contrôles d'identité) vous vous sentez en sécurité, vous avez tout faux. Peut-être un bagagiste aura-t-il glissé parmi les bagages cette petite bombe largement suffisante pour que votre avion se désintègre en l'air.

Alors évidemment on ne peut pas s'y résigner, penser qu'on peut vivre en permanence avec la peur au ventre même si on s'y habitue entre deux attentats. On se retourne donc vers les autorités censées nous protéger, ce qu'elles font avec plus ou moins de bonheur en s'attachant en particulier à rassurer les foules en faisant patrouiller policiers et militaires dans certains points sensibles, mais seulement certains. C'est visible, ça rassure donc peut-être, mais on sait que c'est très insuffisant et que c'est en amont qu'il faut agir.
S'il s'agit de prévenir on pense d'abord aux services de renseignements dont on nous assure qu'on a gonflé les effectifs et renforcé les moyens, on pense à la collaboration entre services étrangers, on pense à des lois qu'on peut considérer d'exception parce qu'elles shuntent l'autorité judiciaire et permettent mises sur écoute, perquisitions, mises sous contrôle d'individus suspects. Mais malgré tout ça, malgré des annonces d'attentats déjoués, de temps en temps, BOUM!
Certains, on ne sait pas trop s'ils sont sincères ou si ça a pour but essentiel de rassurer, affirment qu'en bombardant Raqqa on va éviter les bombes à Paris, à Bruxelles ou ailleurs. Parce qu'ils pensent ou surtout veulent nous faire croire que c'est là qu'est la source. Et là évidemment ils se trompent, ils nous trompent, car la source si on pense qu'elle se situe là où se trouvent les têtes "pensantes" du terrorisme a cette curieuse manie de changer de lieu. Un temps ce fut l'Algérie, puis l'Afghanistan, aujourd'hui c'est la Syrie, demain ce sera la Libye ou le Sahel, après demain ce sera ailleurs. On pourra cogner, cogner, ça ne changera pas grand-chose. Car la menace terroriste elle n'est ni dans les maquis algériens, ni dans les zones tribales afghano-pakistanaises, ni à Raqqa, ni à Misrata,…, elle est chez nous, en France, en Europe. Et nous l'avons aidée à se développer à prospérer.
Car s'il fallait agir en amont c'était bien chez nous qu'il fallait agir. Et depuis très longtemps. Ceux qui se font exploser, ceux qui rafalent les terrasses de bar, sont des gens bien de chez nous, disposant souvent de la nationalité d'un Etat européen. Ils ont bénéficié sans que ça soit une aumône de notre système scolaire, de notre système social. J'en entends déjà qui vont me dire qu'ils ont été maltraités par notre société forcément raciste (d'apartheid comme dirait l'autre). Tout d'abord leurs parcours ne révèle pas forcément cela, et que penser de ces jeunes abrutis, français dits de souche, issus généralement des classes moyennes et qui après leur conversion sont partis se battre pour l'EI en Syrie. Ils sont victimes de quoi ceux-là, à part de leur connerie? Si, si je sais, de leur foi religieuse.
Mais ça, faut pas trop le dire. Car s'ils se disent musulmans, ce ne sont pas de bons musulmans et ils n'ont rien compris à l'islam qui est, comme chacun sait une religion de tolérance, de paix et d'amour. Preuve en est… et là évidemment on nous balance les sourates qui vont bien en ignorant soigneusement celles qui disent exactement l'inverse. Dans le Coran et les Hadiths du prophète, y en a pour tous les goûts. Cela dit on ira bien extirper, certains l'ont évidemment déjà fait, des choses similaires dans les textes des autres religions. Les religions, c'est comme ça, c'est un peu con. Mais heureusement que certaines ont pu être domptées. On appelle ça la sécularisation. Heureusement que des croyants, beaucoup de croyants, la majorité sont parvenus à adapter leur vie au monde qui les entoure et gardé de la religion ce qui pouvait être compatible avec et surtout en ont fait une chose personnelle, intime dont la pratique visible est devenue circonscrite à des lieux bien balisés.
Certes, c'est le cas, et heureusement, de beaucoup de musulmans, et même sans doute d'une grande majorité… chez nous. Mais quand même de moins en moins sans doute si on se réfère à la montée des revendications d'ordre religieux dont il est trop malheureusement tenu compte (je renvoie ici à un de mes précédents articles sur l'article 6 de la loi El Khomry). Et ça c'est quand même inquiétant. Pourtant, c'est bien sur les musulmans qu'on devrait compter le plus pour réformer leur pratique religieuse, pour l'adapter ou du moins la rendre compatible avec la société où ils vivent. Or qu'entend-t-on d'eux spontanément, du moins de certaines figures de l'islam en France et en Europe, et pour cela ils ne manquent pas de soutiens parmi certains de nos brillants penseurs : "pas d'amalgame" et aussi, soyons juste, une condamnation des actes terroristes, mais qui ne s'arrêtera qu'aux mots. Une tentative fut faite après les attentats perpétrés par Mehra d'organiser une manifestation de musulmans pour s'élever contre les actes commis par ce triste individu : échec. On réessaya la même chose après les attentats de janvier : pitoyable. En fait à chaque fois c'est la même chose et c'est même pire si on considère les approbations des meurtres sur les murs des cités qui ont fleuri après la mort de Mehra, et les honteux et nombreux incidents qui ont émaillé les tentatives de "minute de silence" organisées dans les écoles après Charlie. On n'a même pas recommencé l'expérience après les attentats du 13 novembre. Mieux vaut en effet se voiler la face pour ne pas avouer publiquement l'échec de 30 ou 40 années d'une intégration qui n'a pas été faite, tellement pas faite qu'à la troisième génération les descendants d'immigrés, pas tous, restons nuancés, se sentent encore étrangers au point parfois de traiter de sales français ceux qui disposent de la même carte d'identité qu'eux. Mais à part ça tout va bien!

Comme tout va bien quand on se rend compte qu'un terroriste recherché et ses complices ont pu se planquer pendant plus de 4 mois chez eux, dans leur ville, dans leurs cités, bénéficiant donc de multiples complicités actives ou passives, le silence en est une, cela montrant de façon évidente l'herméticité de certaines zones chez nous, en Europe, qu'il n'est même plus possible d'infiltrer et d'où les indics ont disparu. Comme tout va bien quand après avoir arrêté Abdelsam les forces de l'ordre ont été confrontées à des mots et des gestes d'hostilité dans cette si pittoresque commune de Molenbeek.

Alors oui, tout ça est inquiétant. On a beau se creuser le citron dans les milieux autorisés pour créer des catégories destinées à contrer l'amalgame, islamistes, musulmans modérés, on a même inventé les islamistes modérés à l'occasion du conflit syrien pour justifier nos douteux soutiens, les islamistes modérés étant peut-être ceux qui ne mettent pas de clous rouillés dans leurs bombes artisanales, tout ça ne peut pas masquer que la situation est bien plus complexe et surtout bien plus grave qu'on veut bien le dire. Il n'y a pas une poignée de tarés d'un côté et une masse de gentils de l'autre. La frontière n'est pas si nette. D'ailleurs, si on veut bien observer la frontière est bien plus visible et réelle entre chiites et sunnites qu'entre "modérés" et islamistes quelle que soit leur tendance religieuse.
Refuser de voir cela c'est se condamner à vivre encore et encore les horreurs de Madrid, de Londres, de Paris, de Bruxelles aujourd'hui. On pourra se réchauffer le cœur en inventant des slogans qui de beaux hashtag sur twitter. Il ne reste plus guère que ça pour se protéger. Ça remplace les prières collectives d'antan. Mais surtout gardons-nous, car ça pourrait nous aider et peut-être nous sauver, de soutenir ces penseurs musulmans, je vous rappelle que je pense que c'est des musulmans que doit venir la solution, ces penseurs lucides, ces Kamel Daoud, ces Boualem Sansal, ces Abdennour Bidar, il y en a d'autres heureusement. Les "grands" intellectuels de chez nous se chargeront bien de nous faire comprendre, ils pourront s'appuyer sur le Monde ou Médiapart pour cela, que ces gens sont un peu louches, sans doute un peu pervers et sans aucun doute pervertis pour oser remettre en cause la pratique de cette merveilleuse religion de paix et d'amour qu'est l'islam.

Et je m'arrêterai là-dessus. Quand ceux, je pense notamment à ces spécialistes en sciences humaines qui ont incendié Daoud dans le Monde, mais ils ne sont pas les seuls, qui devraient normalement nous éclairer, se mettent à combattre ceux qui ont sans doute le plus de légitimité pour poser un diagnostic juste de la situation et qui proposent et même ouvrent les voies pour sortir d'une situation désastreuse, il y a quelque chose qui ne fonctionne plus au pays des Lumières. Et quand ces gens, ces intellectuels enfermés dans leurs dogmes, dans cette illusion d'une heureuse diversité, d'une capacité évidente de vivre ensemble, exercent un ascendant suffisamment fort sur le pouvoir politique pour que celui-ci continue à faire l'autruche, on est assuré d'une chose : le terrorisme islamiste a encore de beaux jours devant lui.

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